Les partisans du Canadien étaient entre autres venus applaudir Patrick Roy, mais de s'époumoner pour Thomas Vanek a fait tout autant l'affaire!

La nouvelle acquisition du Canadien avait bien hâte de marquer son premier but avec le Tricolore. Il a réglé la question trois fois plutôt qu'une, mardi, alors que son tour du chapeau a propulsé le Tricolore vers une victoire de 6-3 aux dépens de l'Avalanche du Colorado.

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«Notre trio avait beaucoup de chances depuis quelques matchs, mais on n'était pas récompensés, a rappelé Vanek. Je suis content que l'entraîneur ait été patient avec nous. Ce soir, Desharnais et Pacioretty m'ont fait de belles mises en scène et je n'ai eu qu'à compléter.»

L'Autrichien hochait constamment la tête par dépit depuis son arrivée avec le Canadien. Mais son expression a changé, mardi, surtout en enfilant deux buts en supériorité numérique qui ont permis au CH de se sortir d'une léthargie de 2 filets en 32 occasions.

«Il aurait pu attendre une autre soirée», a laissé tomber Patrick Roy, l'entraîneur-chef de l'Avalanche.

Le Canadien tenait tellement à ce que le retour de Roy ne soit pas une distraction qu'il a réglé la chose dès l'hymne national américain. La foule l'a applaudi chaleureusement. Mais au beau milieu du Star-Spangled Banner? Le moment semblait mal choisi.

Pas de vidéo hommage, même pas de sobre coup de chapeau comme on en a fait à la rameuse Mylène Paquette... Quand on pense que les Ducks avaient préparé une vidéo afin de célébrer le retour de George Parros à Anaheim, on se demande bien de quoi le Tricolore avait peur en saluant l'une de ses légendes dont il a quand même retiré le chandail. Croyait-il que ça allait scier les jambes de ses hommes? Que la foule allait mystérieusement changer d'allégeance durant la partie?

Quoi qu'il en soit, le principal intéressé s'est quand même dit réjoui après la rencontre.

«Le Canadien a démontré beaucoup de classe, a dit Roy. Je ne voulais pas regarder au tableau pendant l'hymne national. Mais les gens ont applaudi, j'apprécie énormément.»

Courageux Prust

On ne sait pas trop dans quel état seront les deux épaules de Brandon Prust lorsque son contrat viendra à échéance, dans deux ans. Mais d'ici là, il a beaucoup de coeur à donner au Canadien.

L'ailier qui vient tout juste d'avoir 30 ans y est allé d'une prestation courageuse. Après s'être blessé à l'épaule gauche en fin de première période, il est revenu en début de deuxième et son trio a excellé durant les 40 dernières minutes.

«J'allais faire tout mon possible pour revenir, a confié Prust qui a précisé que son épaule n'était pas disloquée. C'était une situation inquiétante, mais je ne veux pas m'absenter à ce temps-ci de l'année. Si nous étions plus tôt, peut-être que je verrais les choses différemment.

«Mais en ce moment, je ne veux pas sortir de l'alignement. Si je peux rester, je vais le faire.»

En deuxième période, un plongeon désespéré de Prust en zone de l'Avalanche s'est transformé en une passe soulevée dont Travis Moen a tiré profit pour marquer le deuxième but du CH. Puis Prust s'est chargé de donner les devants aux siens pour la première fois en déjouant Jean-Sébastien Giguère sur un tir sur réception.

Et c'est sans compter sa collaboration à l'unité d'infériorité numérique, qui a écoulé avec brio trois attaques à cinq de l'Avalanche. À noter que le CH se débrouille assez bien, merci à court d'un homme malgré l'absence du spécialiste Josh Gorges. Il n'a cédé aucun but à l'adversaire à ses 16 dernières occasions.

Une supervedette en puissance

L'Avalanche constitue une machine offensive bien rodée. Elle ne fonctionnait peut-être pas à pleine vapeur face au Tricolore, mais on a pu voir à quel point la vitesse et la créativité de cette jeune équipe feront d'elle une puissance de la LNH pour les années à venir.

Nathan MacKinnon en a donné un bel aperçu lorsqu'il a conclu par un but une présence absolument dominante en zone du Canadien.

«Je suis très impressionné, a reconnu Michel Therrien. Pour un jeune de 18 ans... J'ai eu le luxe dans le passé de diriger des jeunes de 18 ou 19 ans qui étaient des athlètes exceptionnels, et MacKinnon est dans cette classe-là. C'est un joueur spécial.»

Le Tricolore a congé d'entraînement mercredi et recevra jeudi la visite des Blue Jackets de Columbus.

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Ils ont dit

«Je ne m'étais pas fixé de scénario... Je suis très satisfait de la performance de mon équipe. Le Canadien a joué un bon match, il a bien travaillé du début à la fin. Le match aurait pu aller d'un bord comme de l'autre et ce sont souvent des détails qui peuvent faire une différence dans un match comme ça.» - Patrick Roy

«J'en ai eu des frissons. J'ai essayé de faire ça vite pour être certain de ne pas tomber et de ne pas faire un fou de moi!» - Thomas Vanek, à propos des amateurs qui scandaient son nom au moment où il est venu cueillir sa première étoile

«Notre quatrième trio a passé beaucoup de temps en zone offensive. J'ai amplement confiance en leur façon de jouer. Ils jouent de la bonne manière et ils sont bons défensivement.» - Michel Therrien

«Ce n'est pas passé proche d'être un but à la Denis Savard, mais Prust a fait un beau plongeon pour me remettre la rondelle. J'ai juste tenté une boucle pour m'offrir un tir et la rondelle s'est frayée un chemin dans le but.» - Travis Moen, commentant son deuxième but de la saison

«L'Avalanche a deux trios qui représenteraient des premiers trios dans à peu près n'importe quelle équipe. Encore une fois, on a élevé notre jeu devant le défi. Notre avantage numérique a fait la différence en fin de match.» - Michel Therrien

 «On savait que l'Avalanche allait sortir en force et tenter de gagner pour Patrick. Je suis content qu'on ait détruit leurs plans.» - Brandon Prust