Une équipe fatiguée dégage la rondelle vers la fin d'une rencontre où le score est serré et veut gagner du temps pour souffler un peu. Un des ailiers s'amène donc au point de mise en jeu avec l'intention bien arrêtée de violer la règle, sachant fort bien qu'il se fera expulser par le juge de lignes et sera remplacé par le joueur de centre régulier du trio.

C'est là une séquence que plusieurs directeurs généraux ont vu trop souvent. Ils veulent y mettre fin.

«Nous savons tous que c'est un leurre», a souligné Bryan Murray, des Sénateurs d'Ottawa.

Voilà pourquoi qu'à l'occasion de leur assemblée annuelle du mois de mars, les DG de la LNH ont recommandé qu'on modifie la façon de régir les mises au jeu. Au lieu de simplement se faire expulser, les fautifs seraient obligés de rester et de reculer plutôt de 12 à 18 pouces, tandis que les cercles de mises au jeu seraient modifiés pour forcer les joueurs à s'éloigner les uns des autres.

Le but de ces changements est de réduire la tricherie.

«Nous espérons que le niveau de fair-play revienne au niveau où il était», a affirmé Doug Armstrong, des Blues de St. Louis.

L'esprit sportif dans le cadre des mises au jeu fait l'objet de discussions depuis un bon moment maintenant. Si les joueurs font exprès pour se faire remplacer, non seulement cela mène-t-il à des pertes de temps, mais on observe aussi généralement un certain relâchement dans l'application des règles lors de la deuxième tentative de mise au jeu.

Cela s'explique par le fait qu'une deuxième transgression des règles est sensée déboucher sur une sanction plus sévère - chose qu'on applique rarement.

«Ce qu'on a constaté, c'est que la punition est coûteuse pour le deuxième gars qui se fait expulser, a noté Armstrong. C'est une pénalité de deux minutes. Je ne crois pas que les arbitres se sentent à l'aise de décerner de telles sanctions, et nous comprenons pourquoi. L'intégrité de la deuxième mise au jeu en souffre parce la rondelle va être mise au jeu, peu importe ce qui se passe.»

Si la nouvelle règle est adoptée par le comité des compétitions - ce qui n'est pas assuré - puis le bureau des gouverneurs, les joueurs de centre risquent d'hésiter un peu plus avant de transgresser la règle la première fois, puisque ce sera plus difficile de gagner la possession du disque s'ils se retrouvent plus loin du point de mise au jeu.

Craig MacTavish, des Oilers d'Edmonton, est en faveur de la nouvelle façon de faire parce qu'elle pourrait avoir un impact concret.

«J'aime l'idée du centre qui doit reculer, a-t-il dit. Ça devrait mettre fin à la tricherie lors de la première mise au jeu.»

La proposition d'Armstrong de copier la règle du hockey international en obligeant les joueurs à s'éloigner de trois pieds l'un de l'autre à l'extérieur du cercle de mise au jeu pourrait aussi réduire la tricherie, selon Garth Snow, des Islanders de New York. Murray, de son côté, croit que cela rendra le jeu plus fluide puisque cela mènera à un moins grand nombre de batailles le long des bandes.

Ce qui pourrait ultimement aider à réaliser le souhait de la LNH depuis une décennie, soit d'augmenter le nombre de buts marqués.

«Ça éliminerait les attroupements le long des bandes et permettrait aux joueurs plus rapides de s'emparer de la rondelle et de créer des occasions de but», a déclaré Armstrong.