Lorsque l'annonceur Michel Lacroix a nommé Sidney Crosby parmi la formation partante des Penguins de Pittsburgh, avant le début du match de samedi, la foule du Centre Bell n'a pas boudé son plaisir de revoir le numéro 87.

Mais l'entraîneur Dan Bylsma ne l'envoyait pas en début de rencontre pour faire une fleur aux partisans de Montréal, les premiers à l'extérieur de Pittsburgh ayant la chance de voir Crosby cette saison.

C'était pour donner le ton du match. Flanqué d'Evgeni Malkin à sa droite, Crosby et lui n'ont mis que 21 secondes à lancer les Penguins en avant.

«Sid n'a eu qu'une mention d'aide sur le premier but dans ce match, mais il a dynamisé notre avantage numérique et il a gagné ses batailles, a observé Bylsma après la rencontre.

«Qu'il inonde la feuille de pointage ou non, il joue présentement du hockey assez incroyable.»

Assez incroyable, oui. Assez incroyable qu'un joueur n'ayant pas joué depuis le 5 janvier revienne au jeu et récupère dès sa première semaine de compétition le statut de meilleur joueur de la ligue.

Et ce n'est pas qu'une question de réputation. Ses actions le prouvent.

«Plus les matchs passent, plus je suis difficile envers moi-même, nous a confié Crosby au terme du match. Lors des deux premiers affrontements, j'étais seulement heureux d'être de retour. Mais le sens de la compétition reprend vite le dessus. D'autant plus que ça devient plus difficile à mesure que l'adversaire s'ajuste.»

Plus attendu qu'en 2005?

L'absence prolongée de Crosby a forcé la Ligue nationale à se pencher plus sérieusement sur les commotions cérébrales et les coups à la tête. Pendant qu'il était sur la touche, des experts ont analysé son cerveau comme s'il s'agissait d'une autopsie. Et Alexander Ovechkin, comme toutes les autres vedettes du circuit, n'a pas su combler le vide en son absence.

C'est à se demander si la planète hockey n'avait pas davantage hâte de retrouver Crosby cette année qu'elle avait hâte de le voir faire ses premiers coups de patin dans la LNH, le 5 octobre 2005.

«Je ne sais pas quelles étaient exactement les attentes des gens, a répondu Crosby en toute humilité. En ce qui me concerne, je me préoccupe seulement que la santé soit au rendez-vous et mon niveau de jeu aussi. Or, j'ai senti qu'à mesure que le temps passait, je progressais dans les deux cas.

«D'une certaine façon, c'est plus facile au moment de recommencer, avant que l'usure des matchs s'installe. Mais ce n'est pas la première fois que je rate une longue période. J'ose croire que j'ai l'expérience nécessaire pour mieux gérer ce retour au jeu.»

Tu parles: en quatre matchs, le capitaine des Penguins a déjà récolté huit points!

Avec Crosby, Malkin et Jordan Staal tous les trois en santé, les Penguins ont de nouveau la ligne de centre - non, la colonne vertébrale - qui les définit. Cela permet à Dan Bylsma d'avoir trois trios menaçants et de changer le rythme de temps à autre en insérant Malkin et Crosby sur le même trio.

Le résultat, tel qu'on l'a vu face au Canadien, nous a donné une version hockey de «Occupy Montreal»...

Mais cela reste de la tactique. De la gestion hockey chez les Penguins. Le fond de l'histoire, c'est que le meilleur joueur au monde peut enfin s'amuser de nouveau à faire ce qu'il aime le plus.

«Ça a été long, bien plus long que ce que n'importe quel joueur devrait avoir à traverser, a confié Crosby. Mais ça fait partie du jeu de devoir passer à travers ce genre de chose.

«J'ai toujours adoré le hockey, mais on dirait que ça me le fait aimer encore davantage. Ça m'a tellement manqué...»