Ce sont des moments difficiles que vivent actuellement les pugilistes de la LNH.

Au cours des derniers mois, trois joueurs reconnus pour jeter les gants - Derek Boogaard, Rick Rypien et Wade Belak - sont décédés. Trois incidents séparés qui ont lancé un débat sur les conséquences physiques et psychologiques des combats livrés par ces redresseurs de torts.

Certains observateurs et amateurs ont même réclamé que soient abolies les bagarres, le hockey étant le seul sport qui n'expulse pas ceux qui règlent leurs comptes à coups de poings pendant un match.

Mais ça n'a pas empêché des joueurs de se colleter en matchs préparatoires et depuis le début de la saison.

«Je sais ce que j'ai à faire», a indiqué Pierre-Luc Létourneau-Leblond, des Flames, qui s'est battu une fois dans la LNH et 26 autres dans l'AHL la saison passée. «Je sais quel aspect de mon jeu est bon et ce que je vais continuer de faire pour aider mon équipe.»

Dans plusieurs villes, l'homme fort du club est aussi son joueur le plus populaire. C'est le cas avec George Parros à Anaheim, le pugiliste le plus occupé la saison passée avec 27 combats. Mais le travail des bagarreurs est scruté à la loupe depuis qu'il eut été découvert que Boogaard était dépendant aux anti-inflammatoires et que Rypien se soit suicidé.

Si les circonstances entourant la mort de Belak n'ont pas été rendues publiques, sa mère a indiqué que - comme les deux autres - il a souffert de dépression.

Les autopsies pratiquées sur les cerveaux de bagarreurs comme Bob Probert, mort en 2010 d'un infarctus, et Reggie Fleming ont démontré d'importants dommages. Par contre, le même genre de dommages a été constaté sur le cerveau du marqueur Richard Martin.

Rien de tout cela ne décourage Dale Weise, un rude attaquant réclamé au ballottage des Islanders par les Canucks.

«Pas du tout, a-t-il dit. Je tente juste de me tailler une place dans la LNH. J'espère demeurer ici. Si (de me battre) est ce qu'ils me demandent de faire, c'est ce que je ferai. Si je dois le faire sur une base régulière, je n'ai pas de problème avec ça si ça me permet de rester. J'ai attendu longtemps pour cette chance.»

Avant les matchs de mardi, le site hockeyfights.com avait recensé 27 bagarres en 68 matchs cette saison, ce qui veut dire qu'il y a eu un combat dans 35,29% des rencontres, une légère baisse par rapport aux 37,24% de l'an dernier, mais la saison est encore jeune.

Toutes les équipes sauf le Canadien ont reçu une pénalité majeure pour bagarre depuis le début de la campagne. Les Sénateurs mènent avec quatre. Malgré cela, le vice-président à la sécurité des joueurs, Brendan Shanahan, a déclaré le mois dernier que la LNH a étudié la possibilité d'abolir les bagarres et qu'elle se penchera de nouveau sur la question.

La ligue a déjà serré la vis pour les coups à la tête dans le but de réduire le nombre de commotions cérébrales qui la privent de plusieurs joueurs de talent et menacent leur carrière, notamment Sidney Crosby et Patrice Bergeron.

L'un des arguments des gens contre les bagarres est qu'elles constituent des coups délibérés à la tête. Ces opposants font d'ailleurs remarquer que lorsque le plus beau hockey est disputé, dans les séries et aux Jeux olympiques, les bagarres sont presque absentes (elles le sont aux JO).

Selon hockeyfights.com, le nombre de bagarres dans la LNH avait drastiquement chuté au retour du lock-out, passant de 789 combats en 2003-04 à 466 en 2005-06. Mais en 2008-09, le nombre de combats était revenu à 734, avant de rechuter à 645 la saison passée. De plus en plus d'équipes n'ont plus de bagarreur attitré, dont les Red Wings (13 bagarres l'an dernier), les Predators (18) et le Lightning (20).

«Je pense que tous ces clubs ont des gars qui peuvent se battre, a dit Tanner Glass, l'homme fort des Jets de Winnipeg. Peut-être pas autant. Ou peut-être que leur philosophie d'équipe ne requiert pas autant de bagarres.

«Je crois que les jours où chaque équipe disposait d'un bagarreurs sont peut-être passés. Mais ça fait partie du hockey que de se battre. Les partisans aiment ça et nous offrons un spectacle. De faire partie d'une équipe au sein de laquelle il y a des gars prêts à se battre est toujours bon.»

Le Canadien s'est départi de son dernier dur-à-cuire il y a deux ans. Georges Laraque, l'un des plus redoutés poids lourds de la LNH, avait admis qu'il détestait les bagarres et qu'il ne voulait plus se battre. L'attaquant Michael Cammalleri dit que ces sentiments ne sont pas rares parmi les hommes forts du circuit Bettman.

«Presque tous les gars avec lesquels j'ai joué et qui occupent ce rôle finissent généralement par le détester à un point ou un autre de leur carrière», a-t-il indiqué.

Les esprits s'échauffent parfois dans un sport au rythme effréné où les contacts sont tolérés. Mais ce qui inquiète certains dirigeants, c'est de voir des combats surgir de nulle part entre deux hommes forts qui décident d'en découdre spontanément.

Terry Gregson, le directeur des officiels de la LNH, a indiqué que la tendance s'en allait en ce sens depuis des années.

Quand on lui demande quel effet aurait le retrait des bagarres, il répond que le livre des règles serait amputé d'une importante section.