Reste-t-il d'autres histoires à déterrer? Juste quand on croit avoir atteint le fond, quelqu'un semble toujours trouver une pelle.

Cette semaine, Vanity Fair sort son camion de 18 roues pour écraser ce qu'il reste du mythe de Tiger Woods. À la veille de son retour au jeu, le magazine étale sur plusieurs pages de nouvelles révélations de quatre membres du club de moins en moins sélect de ses maîtresses.

On apprend un peu trop de détails. Des exemples? Son père picolait souvent. Quant à lui, Tiger brûlait des dizaines de milliers de dollars dans les casinos de Las Vegas avec Michael Jordan et Charles Barkley. Une fréquentation le dit pingre - le plus somptueux cadeau qu'il lui a offert serait un sous-marin six pouces chez Subway. Une autre dit qu'il l'avait rencontrée à 5h30 du matin, avant une ronde de golf. Ils ont alors copulé dans un stationnement. Le National Enquirer les espionnait, et aurait récupéré le tampon jeté avant l'acte.

Ce sont des histoires très privées, devenues très publiques. Si on les raconte, c'est pour donner une idée du malaise qu'éprouvera le numéro un mondial en s'assoyant devant les journalistes aujourd'hui dans la petite salle de conférence du Augusta National.

Comme le temps passe vite. En 2009, c'est avec admiration et incrédulité qu'on s'est entassé pour l'écouter. Il semblait infaillible. L'année précédente, il avait gagné l'Omnium des États-Unis avec un tibia fracturé et un genou en bouillie. Puis peu après son retour au jeu, juste avant le Tournoi des Maîtres, il a créé un autre miracle pour arracher la victoire au 72e trou de Bay Hill.

Tiger volait au-dessus de la mêlée. Depuis son écrasement, il ressemble à un accident qu'on s'arrête pour regarder.

Pour ceux qui ont passé les quatre derniers mois à relire Tolstoï, résumons. Il y a eu l'accident de voiture, les rumeurs de violence conjugale, le harem de maîtresses dopées au gloss à lèvres, les textos qui trahissent une riche culture pornographique, l'égarement du bouddhisme, la thérapie de six semaines à la clinique Gentle Path au Mississippi, les rumeurs de grossesse ou de divorce de sa femme Elin et, la tache la plus salissante, son traitement avec le docteur Anthony Galea.

Questions sans réponse

Selon le New York Times, le docteur Galea a visité Woods quatre fois à l'hiver 2009 pour lui administrer une thérapie controversée, le blood spining. Un échantillon de sang, de calcium et d'enzyme coagulant est soumis à une force centrifuge élevée. Les plaquettes sont isolées du reste du sang. On réinjecte ensuite la mixture pour stimuler la sécrétion naturelle d'hormones de croissance.

Depuis 2010, l'Agence mondiale antidopage proscrit ce traitement lorsqu'il est fait par injection intramusculaire. On ignore si Woods a reçu une telle injection. Mais peu importe, comme son traitement date de 2009, c'était permis à l'époque.

Cela devait l'aider à guérir plus rapidement après son opération au genou gauche. On connaît les résultats.

La chose n'a peut-être rien à voir avec ce traitement, mais après son accident de voiture, la femme de Tiger a remis aux autorités deux petites bouteilles de Vicodin. Woods consommerait cet antidouleur ainsi qu'un somnifère, Ambien. Quelques jours plus tard, les autorités de Floride ont demandé sans succès un mandat pour obtenir son dossier médical.

Peu avant l'accident de Woods, le docteur Galea a lui aussi connu sa part d'ennuis. En septembre dernier, il s'est fait arrêter à la frontière américaine. Il transportait des hormones de croissance (synthétiques, pas naturellement stimulées) et de l'Actovegin, une substance à base de sang de veau qui est interdite aux États-Unis.

Le FBI mène une enquête sur lui. La GRC aussi. Elle le soupçonne de vente de médicaments non approuvés et de complot criminel.

Le docteur nie ces allégations. Il avoue toutefois avoir déjà personnellement utilisé des hormones de croissance, une substance interdite par l'Agence mondiale antidopage. Mais il assure ne jamais en avoir donné à ses célèbres patients comme Donovan Bailey, Alex Rodriguez, Patrick Chan ou Tiger Woods.

Bien sûr, Tiger n'a été accusé de rien, et il n'existe pas de preuve contre lui. Et les tests ne l'effraient pas. Il était même un des joueurs les plus enthousiastes à l'idée que la PGA soumette les joueurs à des contrôles anti-dopage.

Malgré tout, pendant son silence, les murmures augmentent. Le docteur Galea aurait-il un lien avec son impressionnant gain musculaire, son tempérament irascible sur le parcours ou sa prodigieuse libido?

Probablement pas, disent des pros, dont Brad Faxon, vétéran respecté et partenaire occasionnel de jeu de Tiger. Après tout, le numéro un mondial se comportait ainsi avant de rencontrer Galea. N'empêche que la semaine dernière, Faxon avouait que cette histoire le rendait mal à l'aise, et que Tiger devait répondre aux questions de la presse à ce sujet. Ne serait-ce que pour rassurer ses fans. Il pourra le faire aujourd'hui.