Qui a dit que l'expérience était importante à Turnberry?

L'Américain Steve Marino n'avait jamais joué une ronde de golf sur les links britanniques avant mardi. Il n'était même jamais allé au Royaume-Uni!

Seulement remplaçant sur la liste des inscrits, il n'a appris que dimanche qu'une place s'était libérée pour lui. Deux rondes d'entraînement lui ont permis de mesurer toute la difficulté de ce qui l'attendait.

 

Jeudi, il avait profité des conditions clémentes pour signer une carte de 67 qui n'avait rien d'exceptionnel. Tôt hier matin, dans des conditions autrement difficiles, Marino a tricoté une ronde de 68 qu'il a décrite comme la meilleure de sa vie. Son total de 135 (-5) le laisse à égalité en tête avec Tom Watson.

«Je n'avais jamais eu à jouer sur un parcours et dans des conditions aussi difficiles, a-t-il affirmé en conférence de presse. J'ai eu de la difficulté toute la journée avec mes coups de départ, j'ai souvent frappé dans l'herbe longue, j'ai raté plusieurs verts... mais j'ai aussi calé un coup de 116 verges pour un oiselet, un coup d'une fosse de sable pour un autre oiselet, et je n'ai souvent eu besoin que d'un coup roulé sur les verts. Je ne crois vraiment pas que j'aurais pu retrancher un seul coup à ma ronde d'aujourd'hui.»

À 29 ans, Marino dispute sa troisième saison sur le circuit de la PGA, sa meilleure jusqu'ici avec trois top 10 et un 24e rang au classement des boursiers. Mais personne ne l'attendait à Turnberry, en raison de son inexpérience.

«Évidemment, l'expérience est un avantage ici, mais je crois que ça peut aussi être un avantage de ne pas avoir d'expérience, a prétendu Marino. Je n'ai aucune expérience des cauchemars que ces parcours peuvent réserver aux joueurs. Je n'ai vu cela qu'à la télé. Je sais que ça pourrait m'arriver, mais je ne l'ai encore jamais vécu.»

Marino pourra vérifier sa théorie sur l'expérience dès aujourd'hui, alors qu'il sera jumelé avec le très expérimenté Watson dans le dernier groupe.

Le vétéran de 59 ans a disputé une deuxième ronde en deux temps, hier. Il a d'abord vécu un premier neuf d'enfer (cinq bogueys en six trous), réveillant en lui les souvenirs moins joyeux de ses nombreux déboires en Grande-Bretagne.

Watson est toutefois revenu en force avec un deuxième neuf de rêve, ponctué de quatre oiselets spectaculaires. De très longs coups roulés sur les verts des 16e et 18e trous ont soulevé l'enthousiasme d'une foule qui voue un véritable culte au plus écossais des golfeurs américains.

Aucun joueur aussi âgé n'a mené un tournoi majeur après 36 trous.

«Je suis plus près de mon but, c'est certain, a déclaré Watson en conférence de presse. Il ne me reste que 36 trous à jouer et je suis dans le coup. J'ai toujours beaucoup de plaisir à jouer en Écosse et j'en ai encore plus quand je joue bien.»

Watson formait hier, avec l'amateur italien Matteo Manassero, 16 ans, un sympathique duo réunissant le plus vieux et le plus jeune joueur du tournoi. Manassero a d'ailleurs lui aussi réussi un roulé de 40 pieds au 16e trou et il s'est qualifié pour les rondes de la fin de semaine.

«J'ai bien aimé jouer avec lui, a souligné Watson. Cela m'a rappelé mes débuts, quand je rêvais de jouer dans les tournois majeurs, de les gagner peut-être. Et Matteo n'a que 16 ans. Je n'étais pas aussi bon que lui à cet âge.»

L'Espagnol Sergio Garcia, troisième joueur du groupe, s'est un peu retrouvé dans l'ombre malgré une bonne performance. Son total de 139 (-1) lui permet de rêver, encore une fois, qu'il pourra demain perdre son titre de «meilleur joueur du monde à n'avoir jamais remporté un tournoi majeur».

Pas sûr que son fer droit lui permettra d'y arriver.

L'Anglais Russ Fisher est au coeur de la lutte à 137 (-3), mais il pourrait bien se retirer de la compétition au cours des prochaines heures. Son épouse Jo devait accoucher de leur premier enfant mardi et Fisher a indiqué qu'il la rejoindrait dès qu'elle commencerait son travail.

«J'ai réussi à jouer les deux premières rondes et j'espère que Jo patientera jusqu'à demain soir, a raconté le Britannique de 29 ans, hier, après sa ronde. Mais je n'hésiterai pas une seconde si on m'avise que la procédure est amorcée. Je quitterai Turnberry sans aucun regret. Avoir un enfant est une expérience extraordinaire et je ne raterais cela pour rien au monde.»

Les vétérans ont poursuivi leur domination, hier, à Turnberry. Avec Watson, Mark Calcavecchia (136), Miguel-Angel Jimenez (137), Vijay Singh (137) et Retief Goosen (137) ont tous au moins 40 ans et ils se retrouveront dans les derniers groupes aujourd'hui.

Par contre, plusieurs joueurs réputés se sont laissé dévorer par un parcours qui avait retrouvé ses griffes. Ben Curtis (80), Mike Weir (78), Stephen Ames (77), Ben Ogilvy (78) et Ian Poulter (79) ont ajouté hier leur nom à la longue liste de joueurs qui ont fait des fous d'eux sur les parcours britanniques.