En avril dernier, John Daly a atteint un nouveau creux. Pendant que ses collègues s'affrontaient au Tournoi des Maîtres, lui se trouvait de l'autre côté des clôtures du Augusta National, derrière un stand. Suspendu du circuit de la PGA et fauché comme jamais, réduit à vendre ses souvenirs de tournoi.

Quelques semaines plus tard, on semble assister à un autre improbable retour de ce phénix du golf. Depuis décembre dernier, Daly purge une suspension du circuit de la PGA. Elle se terminera le mois prochain. En attendant, il évolue sur le circuit européen. Et les résultats sont encourageants.

Plus tôt en mai à l'Omnium d'Espagne, dans son premier tournoi de l'année, il a terminé 31e. Il a ensuite enchaîné avec une deuxième place à l'Omnium d'Italie BMW.

La semaine dernière en Irlande, dans son troisième tournoi en 2009, il n'a toutefois pas réussi à survivre au couperet. C'est néanmoins un bon début pour celui qui se classe 452e au monde. Il a même réussi à se trouver un nouveau commanditaire, Loud Mouth Golf, qui l'affuble de pantalons particulièrement criands.

Case départ

La suspension de Daly prendra fin à la mi-juin. Il devra alors recommencer à zéro, car il a perdu ses privilèges de jeu.

Grâce à sa victoire à l'Omnium Buick en 2004, il a mérité le titre de joueur le plus amélioré. Et aussi une exemption de deux ans. En 2005, il a perdu deux fois en prolongation, contre Vijay Singh puis contre Tiger Woods. D'honorables défaites. Mais ses problèmes personnels sont revenus le hanter. Le soir de sa défaite contre Woods, Daly a brûlé environ 1,5 million US au casino.

L'année suivante, il a terminé 192e boursier de la PGA, sa pire performance depuis 1991. Malgré tout, son exemption a été prolongée pour cause de blessure (il avait interrompu son élan à la Classique Honda quand un partisan l'avait photographié; le mouvement brusque l'avait blessé aux côtes).

Ces exemptions sont aujourd'hui terminées. S'il veut jouer dans la PGA, il devra se qualifier les lundis ou espérer une invitation spéciale du commanditaire en titre du tournoi. C'est sa meilleure chance. Surtout dans ceux où Tiger ne joue pas, comme l'Omnium canadien. Les entreprises qui les commanditent n'obtiennent pas autant de visibilité qu'elles le souhaitent. Une vedette comme «Long John» pourrait corriger un peu la situation. Ne lui reste plus qu'à se tenir tranquille.

Montagnes russes

Voilà le grand point d'interrogation. La vie de Daly ressemble à des montagnes russes. On se demande quand commencera la prochaine chute. Sa suspension résulte d'une accumulation d'incidents en 2008. Nuit passée en prison en Caroline-du-Nord pour ivresse en public; canette de bière utilisée comme té lors d'un coup de départ dans un pro-am; entrevue télévisée au Missouri où il joue pieds et torse nus. Il y a aussi le tournoi d'Innisbrook, où il a flâné dans une tente Hooters pendant un arrêt de jeu; il en est ressorti avec un nouveau cadet, Jon Gruden, des Buccaneers de Tampa Bay. Dégoûté, son coach Butch Harmon l'a abandonné. «La chose la plus importante dans sa vie, c'est de se saouler», a-t-il déploré. À 43 ans, Daly a encore une nouvelle chance. Il semble prêt à la saisir. Plus tôt cette année, il a même subi une réduction gastrique. On ne parle pas encore d'entraînement physique, mais c'est déjà un début.