Bâti sur une bande de quatre kilomètres en bordure de l’océan Atlantique, au sud de Charleston en Caroline du Sud, le Kiawah Island Golf Resort est l’un des plus beaux complexes de golf du monde et l’Ocean Course en est le joyau.

Le réputé Pete Dye a écrit dans son autobiographie qu’il avait trouvé là « la plus belle propriété de bord de mer de l’est des États-Unis ». « La combinaison de l’Atlantique, d’un côté, et des marais salés, de l’autre, m’a tout de suite captivé en raison de la flexibilité que le site m’offrait. »

L’architecte a conçu un parcours en forme de 8, un dessin qui lui permet d’aménager pas moins de 10 trous directement en bord de mer, plus que n’importe quel autre parcours en Amérique du Nord.

Érigé en moins de deux ans pour la Coupe Ryder de 1991, l’Ocean Course s’est toujours maintenu depuis dans les listes des plus beaux parcours ouverts au public et ce sont plus de 100 000 golfeurs qui en ont profité au cours des années.

Comme dans beaucoup de ses projets, Dye a été appuyé par sa femme, Alice, à Kiawah Island et, un peu comme à Sawgrass – où elle a inspiré à son mari l’idée d’un vert dans une île –, elle s’est préoccupée de la beauté des lieux. Initialement, de hautes dunes protégées par les règles environnementales obstruaient la vue vers la mer et Alice s’est étonnée : « Tu bâtis un parcours directement au bord de la mer, mais les golfeurs ne peuvent pas la voir ! »

Dye et son équipe ont donc récupéré le sable prélevé pour créer des lacs ou des dénivelés dans le terrain et ils ont haussé toutes les allées au bord de la mer. « Grâce à Alice, a écrit Dye, les golfeurs peuvent admirer le rivage, voir les vagues aller et venir sur le sable, et cela contribue beaucoup à leur expérience sur ce parcours. »

En temps normal, les conditions de jeu sont d’ailleurs adaptées aux joueurs moyens. Visuellement, ils ont l’impression d’être sur le même parcours que les meilleurs professionnels du monde cette semaine, mais les allées et les verts sont plus accueillants, les positions des fanions, plus raisonnables.

Le préposé au terrain, Jeff Stone, a expliqué cette semaine sur le site du tournoi : « Pete Dye a fait un travail remarquable en concevant un parcours qui peut accueillir un tournoi majeur, mais où un joueur moyen peut disputer une ronde agréable sans se faire écraser par toutes les difficultés. »

Un paradis, donc, mais si les atours de l’Ocean Course sont dignes de la « Belle » de l’histoire, le parcours peut aussi se muer en une bête féroce.

Un test de patience

Avec 99 des 100 meilleurs joueurs mondiaux, 35 champions ayant remporté en tout 56 titres majeurs, le Championnat de la PGA est encore le tournoi le plus relevé de l’année. Et les joueurs auront droit à un test particulièrement exigeant à Kiawah Island.

À 7876 verges, l’Ocean Course est le plus long parcours de l’histoire en tournoi majeur et la distance n’est qu’une de ses nombreuses difficultés. En 2012, quand le Championnat de la PGA y a été disputé pour la première fois, des rafales de 50 km/h ont soufflé en deuxième ronde et la moyenne de 78,08 enregistrée cette journée-là par l’ensemble des golfeurs reste la plus élevée de l’histoire du tournoi.

Neuf ans plus tard, à l’exception de quatre nouveaux tertres de départ, du remplacement de quatre arbres – dont le fameux Rory’s Tree, qui avait emprisonné une balle frappée par Rory McIlroy en 2012 – et de quelques aménagements destinés à contrer les effets de l’érosion, le parcours sera sensiblement le même.

Le défi est de conserver le degré de difficulté pour des joueurs qui frappent de plus en plus loin. « C’est une tâche difficile », convient Jeff Stone.

Je crois qu’on ne peut que préparer le parcours dans ses conditions optimales et se dire que si des joueurs réussissent à y frapper des bombes de 350 verges tout en restant dans l’allée, eh bien, tant mieux pour eux !

Jeff Stone, préposé au terrain

« C’est remarquable de penser que Pete Dye a conçu en 1989 un parcours qui a passé l’épreuve du temps. Je crois qu’il avait anticipé l’évolution du golf, la montée des athlètes bâtis comme des joueurs de football, les percées technologiques aussi, et qu’il a construit un parcours qui reste aussi difficile aujourd’hui qu’il ne l’était lors de la Coupe Ryder de 1991. »

Cinq des six trous les plus difficiles du parcours sont sur le neuf de retour. Deux d’entre eux, le 14e et le 17e, sont des trous à normale trois. Inspiré par un trou du légendaire parcours de Berwick en Écosse, le 14e est long de 238 verges avec un vert allongé et surélevé dont les joueurs ne voient que la partie arrière du tertre de départ. En 2012, seulement 39 % des joueurs ont atteint le vert du premier coup.

Le 17e exige aussi un coup parfait de plus de 220 verges avec un imposant lac ceinturant la partie droite du vert. C’est aussi Alice Dye qui a eu l’idée de ce lac et, même si le vert n’est pas à proprement parler une île, l’atteindre est aussi exigeant.

Dans son autobiographie, Pete Dye rappelle : « À l’origine, il n’y avait pas de lac, mais Alice jugeait qu’il manquait à ce trou un élément dramatique. Nous avons donc creusé un lac de huit acres, que les joueurs ne peuvent négliger… »

La scène est donc bien mise pour le « drame » et les golfeurs-acteurs auront l’occasion, au cours des prochains jours, de nous offrir ce qui promet d’être un remarquable spectacle.

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