C’est un exploit historique qu’a accompli Phil Mickelson en remportant le Championnat de la PGA, dimanche, à Kiawah Island, en Caroline du Sud. L’Américain est devenu à 50 ans, 11 mois et 7 jours le plus vieux vainqueur d’un tournoi majeur de golf.

Son pointage final de 73 (+ 1) lui a permis de terminer le tournoi avec un cumulatif de 282 (- 6) et une priorité de deux coups sur son compatriote Brooks Koepka et sur le Sud-Africain Louis Oosthuizen.

Et c’est une véritable marée humaine qui l’a accompagné dans sa victoire, les organisateurs perdant un peu le contrôle des milliers de spectateurs qui avaient été admis sur le site à la fin de la compétition. Sans doute le moment le plus tendu de la journée pour le champion.

« Je voudrais d’abord remercier ma conjointe, Amy, qui m’a toujours soutenu et sans laquelle je ne serais pas ici aujourd’hui », a souligné Mickelson en recevant le fameux trophée Wanamaker pour la deuxième fois de sa carrière. « J’ai hâte de la retrouver ce soir et de célébrer ce moment très spécial avec elle. Je voudrais aussi remercier mon frère Tim, qui est mon cadet et qui a joué un grand rôle dans cette victoire que je partage avec lui.

« Je croyais encore en moi et je pensais que je pouvais encore bien faire dans ces tournois, avec mon expérience, la qualité de mon jeu et les efforts que j’ai faits pour améliorer ma préparation. Mais c’était frustrant de voir toutes ces occasions ratées au cours des dernières années. Je vais maintenant pouvoir chérir ce trophée pour toujours. »

Déjà vainqueur de cinq victoires en tournois majeurs – au Tournoi des Maîtres (2004, 2006, 2010), au Championnat de la PGA (2005) et à l’Omnium britannique (2013) –, Mickelson n’avait toutefois plus rien gagné depuis plus de deux ans.

Seulement 115e mondial, avec un seul top 10 depuis un an, Mickelson était largement négligé au début du Championnat de la PGA. Sa cote de 300-1 le laissait bien loin de tous les favoris. Et dimanche matin, même s’il avait une priorité d’un coup, tout semblait se liguer contre lui : il devait rivaliser avec Brooks Koepka, l’un des meilleurs joueurs de la nouvelle génération ; il devait maîtriser l’Ocean Course, parcours terriblement exigeant ; il devait surtout composer avec son âge et avec la fatigue physique et mentale qu’impose un tournoi majeur.

Contre toute attente, il n’a pas flanché, même si, comme il l’avait fait depuis le début du tournoi, le populaire gaucher a dû survivre à un tour très mouvementé avant de pouvoir savourer son triomphe.

Vainqueur de quatre tournois majeurs à 31 ans, Koepka s’annonçait comme un redoutable adversaire et le jeune Américain n’a pas tardé à prendre l’avantage avec un oiselet au premier trou, pendant que Mickelson commettait un boguey. Les deux joueurs se sont ensuite échangé l’avantage aux 2e, 6e, 7e et 10e trous, quand Mickelson s’est détaché pour de bon.

Le plus dur restait toutefois à faire. Après plusieurs saisons difficiles – il n’avait plus obtenu de top 10 en tournoi majeur depuis cinq ans –, Mickelson devait combattre ses démons, sa tendance à frapper des coups erratiques sur les tertres de départ en particulier.

Utilisant toute son expérience, conservant la même approche pour tous ses coups, avec toujours une pause pour bien se concentrer, le gaucher a réussi à éviter les grosses erreurs.

Deux bogueys aux 13e et 14e trous ont laissé craindre qu’il n’échappe son rêve, mais Mickelson a vite redressé la barre. Et au 16e trou, une difficile normale cinq, il a frappé un coup de départ de 366 verges, le plus long de toute la semaine sur ce trou. Ne restait qu’à gérer le stress… et la foule.

Au 18e trou, Mickelson et Koepka ont vite été rejoints par une multitude de spectateurs bruyants et non masqués au beau milieu de l’allée. Les deux golfeurs n’ont pas caché leur inquiétude et ont d’ailleurs littéralement dû être extirpés de la foule pour rejoindre le vert. « C’était incroyable de recevoir un tel soutien, mais ç’a aussi été un peu énervant d’être ainsi entourés par tous ses amateurs enthousiastes », a souligné le champion.

Koepka, qui est toujours en convalescence après une intervention à un genou il y a deux mois, s’est plaint d’avoir été bousculé dans la cohue. « Je suis heureux pour Phil, mais je suis aussi vraiment fâché, a-t-il déclaré en point de presse. Je ne sais pas ce que je peux dire sans écoper d’une amende, mais je ne me sens vraiment pas bien. Plusieurs spectateurs ont heurté mon genou, et personne ne semblait s’en préoccuper. »

Koepka a ajouté que plusieurs autres joueurs avaient été bousculés à la fin du tournoi. Les organisateurs avaient indiqué que 10 000 spectateurs seraient admis chaque jour de la compétition. Dimanche, ils semblaient beaucoup plus nombreux, et les services de sécurité n’étaient visiblement pas prêts à assurer leur parfait contrôle.

D’autres victoires ?

D’autres joueurs âgés ont bien fait cette semaine. Oosthuizen a 38 ans, et Padraig Harrington, qui a terminé à égalité en quatrième place, a 49 ans. L’Irlandais a d’ailleurs souligné : « Je suis heureux de voir qu’on peut encore rivaliser à cet âge. Et c’est impressionnant de voir que Phil a conservé la même mentalité, qu’il ne veut pas ralentir, qu’il ne veut pas jouer comme un “vieux”. À son âge, je suis certain qu’il n’a plus les mêmes moyens, mais il ne veut pas le montrer, ne veut pas s’en servir comme une excuse. »

Mickelson regrettera peut-être un peu que son exploit historique ne soit pas survenu dans un mois, à l’Omnium des États-Unis, seul tournoi majeur qu’il n’a jamais remporté. Déjà six fois deuxième de son omnium national, il aura une autre chance d’enfin gagner dans quelques semaines, dans sa ville natale de San Diego, sur le parcours de Torrey Pines, où il a souvent joué quand il était jeune et où il a déjà remporté trois tournois en carrière.

Le vétéran avait reçu une exemption spéciale de la USGA il y a quelques jours, son classement ne lui permettant plus d’être qualifié pour l’Omnium. Ce n’est plus un problème, évidemment, maintenant qu’il est de retour au 32e rang du classement mondial. Il est même assuré d’une place dans tous les tournois majeurs pour les cinq prochaines années.

Le temps de s’attaquer à son record de longévité. À Torrey Pines, le jour du tour final, Mickelson aura 51 ans et 4 jours…

« Gagner l’Omnium des États-Unis reste le rêve de ma vie », avait-il expliqué en acceptant l’exemption. « Je m’en suis souvent approché, mais il m’échappe encore. J’ai vraiment hâte de jouer chez moi, sur un parcours où j’ai grandi. »

Les vainqueurs les plus âgés en tournoi majeur

Phil Mickelson, 50 ans, 11 mois et 7 jours, Championnat de la PGA de 2021

Julius Boros, 48 ans, 4 mois et 18 jours, Championnat de la PGA de 1968

Tom Morris Sr, 46 ans, 3 mois et 10 jours, Omnium britannique de 1867

Jack Nicklaus, 46 ans, 2 mois et 23 jours, Tournoi des Maîtres de 1986

Jerry Barber, 45 ans, 3 mois et 6 jours, Championnat de la PGA de 1961