Ils sont nombreux à prétendre au titre cette année au Tournoi des Maîtres, avec notamment les favoris Rory McIlroy, Dustin Johnson et Justin Rose, qui composent le top 3 mondial. Pourtant, même si l’ensemble de l’élite masculine du golf est réunie au club Augusta National, c’est encore Tiger Woods qui sera le plus suivi aujourd’hui en première ronde.

Woods peut-il réussir l’exploit ?

Riche de traditions, le Tournoi des Maîtres a souvent permis de vivre des moments magiques et plusieurs amateurs rêvent cette année d’un autre conte de fées.

Un peu plus de six mois après sa victoire au Championnat du circuit de la PGA, Tiger Woods est de retour au club Augusta National pour tenter d’y enlever un cinquième titre, qui serait assurément, à 43 ans, le point culminant de sa carrière.

Mais en a-t-il vraiment les moyens ?

Sa dernière saison a montré qu’il pouvait encore rivaliser avec les meilleurs, même sur le plan de la distance des coups. Il a aussi retrouvé cette légion de partisans qui lui a souvent permis de se transcender par le passé et qui ne manque pas d’intimider ses rivaux.

Rory McIlroy, l’un des grands favoris du tournoi, a souvent côtoyé Woods hors des compétitions, dans des projets pour Nike notamment. Il est l’un de ceux qui l’ont vu dans le creux de la vague, après ses interventions chirurgicales au dos en particulier.

« Les gens ne savent pas la moitié des épreuves qu’il a eu à affronter, ils n’en ont aucune idée, a-t-il déclaré récemment en point de presse. J’espérais simplement qu’il puisse retrouver une vie normale. Aller bien au-delà de ça et réussir ce qu’il a accompli ? C’est incroyable ! »

« Il ne sera plus jamais l’écrasant meilleur joueur du monde, comme il l’était en 2000. Mais je dirais qu’il y a actuellement de 10 à 15 joueurs qui peuvent prétendre être les meilleurs du monde et il est sans aucun doute l’un d’eux. »

— Rory McIlroy

Encore « fragile » physiquement, Woods n’a probablement plus l’endurance pour enchaîner les bons résultats et viser les sommets du classement mondial. Il a d’ailleurs sagement prévu un programme réduit cette saison par rapport à 2018 et il a récemment déclaré forfait à l’Invitation Arnold Palmer en raison de douleurs au cou.

Ça ne l’a toutefois pas empêché de bien faire au Championnat WGC-Match Play, il y a deux semaines, et il s’est dit en bonne forme en arrivant à Augusta.

Sur les verts

Cela dit, plus que sa préparation physique, c’est le jeu de Woods avec son fer droit qui pourrait changer la donne cette semaine. Le parcours du club Augusta National expose rapidement les moindres failles dans le jeu d’un joueur sur les verts et celui de Woods est pour le moins perfectible.

« Pendant une carrière, nous avons tous des séquences au cours desquelles nous ne jouons pas bien sur les verts et d’autres au cours desquelles nous réussissons tous nos coups roulés, a expliqué Woods en point de presse. Et je pense avoir eu ma part de séquences où j’ai très bien joué. »

Refusant d’évoquer son âge pour excuser ses problèmes récents sur les verts, le golfeur a poursuivi : « Personnellement, j’ai toujours eu un jeu instinctif sur les verts. Si je vois bien la ligne du coup et si je sens bien le mouvement du bâton dans mes mains, avec la tête qui glisse bien sur sa trajectoire, alors je suis à l’aise. C’est de cette façon que je me sens bien sur les verts.

« D’autres golfeurs jouent différemment sur les verts, avec d’autres sensations, mais j’ai grandi en jouant de cette façon, un peu comme Bobby Locke ou Ben Crenshaw, des joueurs qui laissaient aller leur fer droit. Si je peux le faire, je me sentirai bien sur les verts [à Augusta]. Et si je joue bien sur les verts, j’aurai de bonnes chances d’être dans le coup ! »

Depuis quelques mois, quand on lui demande ce que signifierait une victoire à Augusta, Woods répond toujours : « Ce serait très spécial », sans se livrer davantage. À 43 ans, il mesure très bien tout ce qui le sépare encore d’un tel exploit.

Encore Spieth ?

Aucun joueur ne présente une meilleure fiche à Augusta depuis cinq ans que Jordan Spieth. Avec des deuxième, première, deuxième, onzième et troisième places en cinq participations, l’Américain est pratiquement chez lui au Tournoi des Maîtres.

PHOTO MATT SLOCUM, ASSOCIATED PRESS

Jordan Spieth

L’ancien numéro un mondial n’a toutefois plus gagné depuis juillet 2017 – à l’Omnium britannique – et il a reculé au 33e rang mondial.

« J’ai malheureusement eu de ces vagues au cours desquelles un aspect de mon jeu vient compromettre toutes mes chances, même si tous les autres vont très bien », a-t-il rappelé, le week-end dernier, en point de presse à l’Omnium Valero du Texas.

« Dans toutes les carrières, il y a des hauts et des bas. J’avais déjà eu les mêmes ennuis quand je tentais de me qualifier pour le circuit de la PGA. »

— Jordan Spieth

« J’ai eu une saison ou deux où j’étais incapable de réussir un coup roulé de plus de trois pieds, puis une couple de saisons où je ne ratais aucun coup. C’est ça, le golf. Il faut accepter les périodes plus difficiles, essayer de comprendre et d’apprendre de ses erreurs afin d’aller de l’avant.

« La bonne nouvelle, c’est que je me sens beaucoup plus à l’aise sur les verts depuis quelques mois et que mon élan continue de progresser dans la bonne direction », a assuré celui qui avait joué 64 en ronde finale à Augusta l’année dernière. Et il aurait pu ajouter qu’il n’a encore que 25 ans.

La liste des prétendants au titre est longue cette année au Tournoi des Maîtres et même si Tiger Woods et Jordan Spieth ne sont pas nécessairement parmi les premiers, ils seront assurément parmi les favoris du public.

LES COTES DU TOURNOI DES MAÎTRES 

Rory McIlroy, 8/1

Dustin Johnson, 10/1

Tiger Woods, 12/1

Brooks Koepka, 14/1

Justin Thomas, 16/1

Bryson DeChambeau, 16/1

Jon Rahm, 18/1

Jordan Spieth, 20/1

Rickie Fowler, 20/1

Tommy Fleetwood, 25/1

Francesco Molinari, 30/1

Jason Day, 30/1

Paul Casey, 30/1

Tony Finau, 30/1

> Revoyez la conférence de presse de Tiger Woods (en anglais)

> Consultez les heures de départ (en anglais)

McIlroy n’est pas seul

C’est encore Rory McIlroy qui est le favori des parieurs cette année au Tournoi des Maîtres. L’Irlandais du Nord, qui avait bien failli l’emporter en 2011, tente pour la cinquième fois de réussir son Grand Chelem en carrière. Il n’est toutefois pas le seul prétendant au titre. On a déjà parlé de Woods et de Jordan Spieth (voir onglet précédent), mais une bonne douzaine de joueurs peuvent légitimement aspirer au fameux veston vert.

Rory McIlroy

PHOTO BRIAN SNYDER, REUTERS

Rory McIlroy

Irlande du Nord, 29 ans, 3e mondial

Quatre titres majeurs : Omnium des États-Unis (2011) ; Championnat de la PGA (2012 et 2014) ; Omnium Britannique (2014)

Meilleur résultat à Augusta : 4e en 2015

Vainqueur du Championnat des joueurs, McIlroy semble avoir acquis, à quelques jours de son 30e anniversaire, la maturité qui pourrait lui permettre de surmonter la pression qui vient avec la possibilité de réussir son Grand Chelem en carrière. La longueur et la précision de ses coups de départ seront ses principaux atouts.

Dustin Johnson

PHOTO MATT SLOCUM, ASSOCIATED PRESS

Dustin Johnson

États-Unis, 34 ans, 2e mondial

Un titre majeur : Omnium des États-Unis (2016)

Meilleur résultat à Augusta : 4e en 2016

Avec déjà deux victoires cette année, Johnson s’estime dans sa meilleure forme depuis deux ans et cette fameuse « chute » dans un escalier, la veille de la première ronde du Tournoi des Maîtres en 2017. Sa puissance devrait l’avantager, mais il devra surtout garder sa concentration jusqu’au bout.

Justin Rose

PHOTO JONATHAN ERNST, REUTERS

Justin Rose

Angleterre, 38 ans, 1er mondial

Un titre majeur : Omnium des États-Unis (2013)

Meilleur résultat à Augusta : 2e en 2015 et 2017

Avec deux résultats de deuxième place et cinq top 10 à Augusta, Rose est souvent venu bien près d’enfiler le veston vert, comme en 2017 quand il a cédé en prolongation devant Sergio Garcia. Sa constance et son expérience seront des atouts précieux cette année pour le numéro un mondial dans un tournoi qui pourrait tourner à une guerre des nerfs.

Justin Thomas

PHOTO STEPHEN SPILLMAN, USA TODAY SPORTS

Justin Thomas

États-Unis, 25 ans, 5e mondial

Un titre majeur : Championnat de la PGA (2017)

Meilleur résultat à Augusta : 17e en 2018

Après un excellent début de saison, Thomas est un peu rentré dans le rang, mais ça pourrait n’être que pour mieux rebondir cette semaine. Le joueur de 25 ans a joué une ronde d’entraînement avec Tiger Woods et Fred Couples lundi et même s’il a prétendu que ces anciens champions avaient été avares de leurs conseils, il a sûrement retenu quelques leçons.

Brooks Koepka

PHOTO ERIC GAY, ASSOCIATED PRESS

Brooks Koepka

États-Unis, 28 ans, 4e mondial

Trois titres majeurs : Omnium des États-Unis (2017 et 2018) ; Championnat de la PGA (2018)

Meilleur résultat à Augusta : 11e en 2017

Absent l’an dernier en raison d’une blessure, Koepka a été dominant dans les tournois majeurs depuis près de deux ans, avec notamment deux titres consécutifs à l’Omnium des États-Unis. Une victoire à Augusta lui permettrait de détenir simultanément trois des quatre titres du Grand Chelem, un exploit réussi pour la dernière fois en 2001 par Tiger Woods.

Francesco Molinari

PHOTO REINHOLD MATAY, USA TODAY SPORTS

Francesco Molinari

Italie, 36 ans, 7e mondial

Un titre majeur : Omnium britannique (2018)

Meilleur résultat à Augusta : 19e en 2012

Joueur de l’année en 2018, Molinari sait faire preuve de cette patience qui est souvent décisive en tournoi majeur. L’été dernier, à Carnoustie, il n’a commis aucun boguey dans les deux dernières rondes, pour venir de l’arrière et enlever l’Omnium britannique. S’il est encore dans le groupe de tête dimanche après-midi, il sera très dangereux.

Bryson DeChambeau

PHOTO ERIC GAY, ASSOCIATED PRESS

Bryson DeChambeau

États-Unis, 25 ans, 6e mondial

Meilleur résultat à Augusta : 21e en 2016

Après une fin de saison remarquable en 2018, ponctuée de quatre victoires, DeChambeau doit maintenant prouver qu’il peut aussi s’imposer en tournoi majeur. Meilleur amateur à Augusta en 2016 à sa première participation, l’Américain peut bien faire sur ce parcours, mais il devra maîtriser ses émotions.

Jon Rahm

PHOTO MATT SLOCUM, ASSOCIATED PRESS

Jon Rahm

Espagne, 24 ans, 8e mondial

Meilleur résultat à Augusta : 4e en 2018

Trois Espagnols ont déjà revêtu le veston vert et Jon Rahm a visiblement le talent pour imiter Seve Ballesteros, Jose Maria Olazabal et Sergio Garcia. Puissant, précis, habile sur les verts, il a toutes les qualités pour briller à Augusta, mais il doit encore, à 24 ans, apprendre à gérer la terrible pression des rondes finales en tournoi majeur.

Paul Casey

PHOTO MATT SLOCUM, ASSOCIATED PRESS

Paul Casey

Angleterre, 41 ans, 11e mondiale

Meilleur résultat à Augusta : 4e en 2016

Encore bien parti cette saison, avec une victoire, deux résultats de deuxième place et un de troisième place, Casey a souvent été compétitif au Tournoi des Maîtres. Plusieurs joueurs ont su profiter de leur expérience pour s’imposer à Augusta et une victoire de Casey ne serait sûrement pas une surprise pour ceux qui suivent le golf.

SANS OUBLIER…

MATT KUCHAR, États-Unis, 16e mondial : Souvent près de la victoire à Augusta.

RICKIE FOWLER, États-Unis, 9e mondial : Deuxième en 2018… et toujours sans titre majeur.

BUBBA WATSON, États-Unis, 17e mondial : Deux fois champion (2012 et 2014) sur un parcours fait pour lui.

SERGIO GARCÍA, Espagne, 27e mondial : Champion en 2017 et toujours redoutable à Augusta.

TOMMY FLEETWOOD, Angleterre, 13e mondial : L’un des héros de la dernière Coupe Ryder.

CHARLEY HOFFMAN, États-Unis, 66e mondial : Toujours compétitif dans les tournois majeurs.

TONY FINAU, États-Unis, 15e mondial : Il avait failli l’emporter en 2018 malgré une blessure à une cheville.

_____________________ : Ajoutez ici le nom de votre négligé !

Un « parcours parfait », selon Brigitte Thibault

PHOTO LUCY NICHOLSON, REUTERS

Vue générale du 16e trou au club Augusta National

La Québécoise Brigitte Thibault ne s’est pas qualifiée pour la ronde finale du premier Championnat amateur féminin du club Augusta National, la semaine dernière, mais elle a quand même pu disputer une ronde sur le fameux parcours du Tournoi des Maîtres.

« Il n’y a pas de mots pour décrire cette expérience », a-t-elle confié quelques minutes après son dernier coup, vendredi dernier, en entrevue pour le site de l’Université d’État de Californie à Fresno, où elle étudie. « Ce parcours est parfait, vraiment ! Il n’y a vraiment rien de négatif, tout est positif. »

Ce sont les cadets du club qui ont accompagné les joueuses pour cette ronde d’entraînement programmée entre les deux premières rondes du tournoi (sur un autre club d’Augusta) et la ronde finale. Thibault a hérité par pur hasard du réputé Dave Kinsey, qui a déjà porté les bâtons d’Arnold Palmer et de Jack Nicklaus, entre autres, au Tournoi des Maîtres. « Il m’a donné des conseils sur les coups à jouer, sur les lignes sur les verts, tout en partageant ses souvenirs sur chaque trou. »

Celle qui en est à sa deuxième année avec l’équipe de Fresno estime ne pas avoir été intimidée par le parcours. « Mon trou préféré a probablement été le 12e [une normale 3 au milieu d’Amen Corner], alors que j’ai joué mes meilleurs coups au deuxième et au quatrième. »

« Dans l’ensemble, j’ai trouvé que le parcours privilégiait surtout la créativité des joueurs, autour des verts en particulier, et c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. »

— Brigitte Thibault

Bien peu de femmes avaient eu la possibilité de jouer au club Augusta National avant ce premier Championnat amateur, et Brigitte Thibault espère être invitée de nouveau l’année prochaine. « Nous sommes conscientes de vivre quelque chose d’historique cette semaine, a souligné la golfeuse de 20 ans. Plusieurs anciennes championnes sont venues nous parler et c’est très inspirant, pour moi, mais aussi pour toutes les jeunes golfeuses qui pourront maintenant rêver de jouer ici un jour. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @GOLFEURFR

Brigitte Thibault

Souvent critiquée par le passé, la direction du club n’a pas raté cette occasion d’améliorer son image de marque. En poste depuis l’année dernière, le président Fred Ridley a souligné : « Nous sommes choyés d’avoir des ressources importantes et nous avons l’obligation de les utiliser non seulement pour le club, le parcours et le Tournoi des Maîtres, mais aussi pour le développement de tous les secteurs du golf.

« Nous essayons toujours d’être prudents et de bien réfléchir, sans plonger dans des projets sans préparation, et c’est ce que nous avons fait avec ce Championnat féminin. Mais il y aura d’autres occasions, et nous n’hésiterons pas à en profiter. »

Un peu plus long

Les conditions étaient parfaites, samedi dernier, lors de la ronde finale du Championnat amateur féminin, et l’Américaine Jennifer Kupcho en a profité pour retrancher cinq coups à la normale (67) sur un parcours dont la longueur avait été ramenée à 6400 verges.

Cette semaine, pour le Tournoi des Maîtres, les golfeurs devront affronter un parcours de 7475 verges dont on a encore peaufiné les difficultés. Le 5e trou, déjà une difficile normale 4, a été allongé de 40 verges pour atteindre 495 verges, ce qui remet en jeu deux imposantes fosses de sable, à la gauche de l’allée, que les golfeurs avaient pris l’habitude de survoler sans problème.

Cela dit, il est encore possible de réussir d’excellents pointages sur ce parcours. Le record pour une ronde est de 63, établi par Nick Price (1986) et Greg Norman (1996). Tiger Woods (1997) et Jordan Spieth (2015) ont remporté le Tournoi des Maîtres en retranchant pas moins de 18 coups à la normale (270).

À l’exception de possibilités d’orages, dimanche, le temps devrait être clément cette semaine à Augusta. Ce serait étonnant que l’un ou l’autre de ces records ne soit pas menacé.

> Découvrez le parcours (en anglais)

Des orages ce week-end ?

Le parcours du club Augusta National est dessiné au milieu d’une ancienne pépinière et le terrain peut absorber beaucoup d’eau. Les pluies des derniers jours n’ont donc pas beaucoup nui aux conditions de jeu et on ne prévoit pas de déluge d’ici dimanche. La dernière ronde pourrait toutefois être perturbée avec 80 % de possibilité de précipitations en après-midi et surtout des risques d’orages, aussi possibles vendredi et samedi, qui forceraient l’interruption du jeu. De longs délais pourraient retarder la fin du tournoi, ce qui ne s’est pas produit depuis 1993, quand Seve Ballesteros avait remporté son deuxième veston vert un lundi.