Martin Kaymer était certain d'entrer dans l'histoire du golf dimanche à Pinehurst. Il pouvait devenir le premier Allemand à remporter l'Omnium des États-Unis... ou gâcher la plus grosse avance de l'histoire du tournoi.

Il a gagné!

En fait, la victoire de Kaymer n'a jamais créé de doute tant le golfeur de 29 ans a dominé ses adversaires. Avec une ronde finale de 69 (-1), il a démontré une maîtrise exceptionnelle, complétant une des performances les plus magistrales de l'histoire du tournoi.

«Je n'ai pas commis beaucoup d'erreurs cette semaine, a rappelé le champion. Je m'étais bâti une bonne avance et cela m'a permis de jouer avec beaucoup d'assurance dans les deux dernières rondes.»

Kaymer a salué son idole Bernhard Langer, le premier Allemand vainqueur en tournoi majeur. «Avec ses deux titres au Tournoi des Maîtres et mes victoires au Championnat de la PGA et ici, il ne nous manque qu'un titre à l'Omnium britannique pour compléter un Grand Chelem allemand!»

Parti en milieu d'après-midi avec une priorité de cinq coups, l'Allemand n'a jamais vraiment été menacé. S'il a laissé brièvement ses rivaux revenir à quatre coups en début de ronde, deux oiselets aux 13e et 14e trous lui ont permis de porter son avance finale à huit coups.

Kaymer est seulement le troisième joueur en 40 ans, après Tiger Woods et Rory McIlroy, à mener le tournoi d'un bout à l'autre. Il est aussi le premier joueur non américain, le cinquième au total (avec Jack Nicklaus, Lee Trevino, Raymond Floyd et Tiger Woods) à compléter le triplé Championnat de la PGA, Championnat des joueurs et Omnium des États-Unis.

Pour l'anecdote, il est aussi un des rares joueurs à avoir savouré la victoire la même année à la fête des Mères ET à la fête des Pères! «Mon père nous a toujours soutenus, mon frère et moi», a raconté le golfeur, dont la mère est décédée il y a quelques années d'un cancer de la peau. «C'est un homme dur, mais juste. Je sais qu'il a suivi le tournoi à la télé aujourd'hui, assis sur son patio avec des amis. Je n'ai rien pu lui offrir pour la fête des Pères, peut-être ce trophée fera-t-il l'affaire...»

Vainqueur du Championnat de la PGA en 2010, numéro un mondial quelques semaines en 2011, Kaymer avait ensuite connu des ennuis avec son élan, même s'il avait réussi le coup décisif de la victoire européenne à la Coupe Ryder de 2012. Sans victoire depuis novembre 2011, il n'a retrouvé son meilleur niveau que cette saison, remportant le Championnat des joueurs en mai à Sawgrass.

«Je n'appellerais pas cela une léthargie, plutôt un processus d'apprentissage, a raconté l'Allemand en conférence de presse. Mes succès étaient arrivés rapidement et je n'étais peut-être pas encore prêt mentalement. Cette fois, je me sens bien mieux armé.

Compton héroïque

Derrière Kaymer, la compétition s'est vite résumée à une lutte pour les places d'honneur. Les Américains Eric Compton et Rickie Fowler ont été les seuls à terminer la compétition sous la normale, à -1, avec chacun des rondes de 72 (+2).

Compton, qui a subi deux transplantations cardiaques, s'est approché à quatre coups du meneur après un oiselet au cinquième trou, mais il a ensuite dû puiser dans toutes ses réserves pour aller jusqu'au bout.

«Il n'y avait rien à faire contre Martin cette semaine et je visais cette deuxième place, a raconté le joueur de 34 ans. C'est la plus belle journée de ma carrière. Dans mes rêves, je ne m'étais jamais rendu aussi loin: imaginez, deuxième de l'Omnium des États-Unis! Je serai au Tournoi des Maîtres la saison prochaine!

«Je crois avoir prouvé que j'avais ma place dans ces tournois, avec ces joueurs. Désormais, je ne serai peut-être plus seulement celui qui a subi deux transplantations cardiaques!»

L'Américain Keegan Bradley a réussi un 67, le deuxième meilleur pointage de la journée, pour remonter en quatrième place à égalité avec ses compatriotes Dustin Johnson et Brooks Koepka, l'Australien Jason Day et le Suédois Henrik Stenson.

Bradley a rappelé que l'Omnium était très important pour les joueurs américains qui visent une place sur leur équipe de la Coupe Ryder, cet automne. «Tous les points comptent en double ici et je voulais vraiment terminer le tournoi en force pour améliorer mes chances de faire partie de l'équipe. Bien plus que le classement ou que la bourse, ce sont ces points qui m'ont motivé aujourd'hui!»

Le vétéran Phil Mickelson n'était malheureusement pas du groupe. Le joueur de 43 ans, qui rêve de remporter l'Omnium afin de compléter son Grand Chelem en carrière - il a terminé deuxième six fois! - s'est contenté d'un 72 pour compléter la compétition à +7, 16 coups derrière le champion.

Très populaire, Mickelson a signé des autographes pendant de longues minutes après avoir signé sa carte. Il a aussi promis d'être de retour l'année prochaine, à Chambers Bay dans l'État de Washington, et encore en 2016, à Oakmont en Pennsylvanie...