Il y a quelques années, la mode était aux parcours de golf immaculés, avec des sous-bois bien dégagés et des équipements luxueux. C'était à quel club aurait le plus beau chalet, les vestiaires les plus sophistiqués... De très nombreux amateurs n'ont jamais été très intéressés et plusieurs clubs - crise économique oblige - ont connu des difficultés financières.

Loin des clinquants et des artifices, plusieurs grands clubs québécois ont préféré préserver leur tradition et la beauté naturelle de leurs parcours. Que ce soit au Royal Montreal, à Summerlea, à Beaconsfield ou à Hillsdale, pour n'en nommer que quelques-uns, les dirigeants ont gardé le cap et misé sur leurs valeurs traditionnelles.

Preuve de cette conscience verte, toutes ces institutions et une poignée d'autres clubs québécois ont reçu au cours des dernières années une certification du prestigieux organisme Audubon International. Moins de 2% de tous les terrains de golf au Canada (83 sur 4200) font partie du programme coopératif des sanctuaires Audubon et seulement 13 clubs québécois figurent sur la liste.

Les clubs doivent respecter des critères très rigoureux dans six domaines: la planification environnementale, la gestion de la faune et des habitats, la sécurité et la gestion des produits chimiques, la gestion et la conservation de l'eau et sa qualité, l'éducation et la sensibilisation.

Certains nouveaux clubs ont suivi le mouvement en plaçant eux aussi le respect du terrain naturel, de l'environnement et des ressources au premier plan de leurs préoccupations. Le club du lac Memphrémagog est d'ailleurs vite devenu un des chefs de file.

«Nous sommes un petit club et les membres sont pour la plupart des résidants de la région qui ont à coeur la préservation du lieu et de l'environnement», a expliqué récemment le directeur général du club, William Cady.

«Nos membres et notre personnel se sont donc lancés avec enthousiasme dans cette démarche. Nous sommes même les premiers au Canada à avoir été acceptés dans le programme Audubon Classic, encore plus exigeant, qui ne compte que quatre clubs dans le monde pour l'instant.»

C'est le surintendant du club, Alain Lavoie, qui s'assure du respect de toutes les règles du programme. «Cela fait sept ans que je suis ici, depuis le début de la construction en fait, et nous avons toujours travaillé en fonction du respect de l'environnement», a raconté l'agronome.

Photo: Frédéric Côté, La Tribune

Le club Memphrémagog est vite devenu un des chefs de file en conscience verte.

«Je dis d'ailleurs souvent que notre parcours de golf a toujours été sur cet emplacement et que nous n'avons que dépoussiéré le terrain pour le révéler dans toute sa beauté. C'est, je crois, une façon d'expliquer notre approche. Nous faisons des efforts continus pour restreindre l'utilisation de pesticides, bien contrôler l'utilisation de l'eau - même en période de sécheresse - et respecter la flore et la faune de la région.

«Nous avons un appui inconditionnel des membres et de la direction, les ressources pour bien faire notre travail aussi, mais l'adhésion au programme Audubon n'est pas seulement une affaire de clubs privés ou anglophones. Il y a des clubs publics sur la liste, le Club de golf Lac Brome par exemple.

«Plusieurs de mes collègues des autres clubs québécois travaillent dans le respect de bonnes pratiques environnementales et auraient leur place sur la liste. J'ai toutefois l'impression que la langue est parfois un obstacle et que plusieurs redoutent le processus et la paperasse nécessaire à la certification.»

Au-delà de la certification officielle, M. Lavoie rappelle que tous les clubs sont responsables de leurs pratiques en matière de respect de l'environnement. Au ministère du Développement durable et de l'Environnement, un porte-parole a notamment rappelé que les clubs étaient soumis à des règles très précises en ce qui concerne l'utilisation des pesticides.

Bien davantage qu'un phénomène de mode, la «conscience verte» pourrait devenir un mode de gestion imposé dans les clubs de golf québécois et ce sont les membres qui ont le pouvoir de faire bouger les choses.

______________________________

Les clubs certifiés

Actuellement, on retrouve 13 clubs québécois sur la liste des terrains certifiés par l'organisme Audubon International. D'autres clubs sont présentement en voie de certification.

Beaconsfield

Cedarbrook

CG Drummondville

CG Lac Brome

CG Lac Memphrémagog

Hillsdale

Le Challenger *

Le Château Montebello

Royal Montréal

Royal Ottawa

Summerlea

Val des Lacs

Whitlock

* Ce club va fermer ses portes à la fin de la saison 2011.

Photo: Bernard Brault, archives La Presse

Le club Val des Lacs, à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, est l'un des 13 clubs au Québec qui repectent les normes environnementales.