« La chose la plus difficile que j’ai eue à affronter, c’est l’adversité à l’école. »

C’est une des premières phrases qu’a prononcées Marc-Antoine Dequoy après avoir pris le micro pour s’adresser aux jeunes élèves athlètes de l’école secondaire Édouard-Montpetit, à Montréal, lundi matin.

Dequoy, Louis-Philippe Bourassa, Alexandre Gagné, Sean Thomas Erlington et Jamar McGloster étaient les cinq joueurs présents pour le lancement du 26programme Ensemble à l’école, qui vise à parler de persévérance scolaire.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les Alouettes ont bien choisi leurs porte-parole. Dequoy, premier à s’exprimer, s’est lancé dans le récit de son parcours bien rempli en embûches.

Adolescent, le maraudeur évoluait dans le football civil, avec les Vikings de L’Île-Bizard, municipalité d’où il est originaire.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

« La chose la plus difficile que j’ai eue à affronter, c’est l’adversité à l’école », a déclaré le joueur de football Marc-Antoine Dequoy.

« Quand je suis arrivé en 5secondaire, j’ai décidé de jouer pour mon école secondaire. Ç’a été la pire saison de ma vie. C’est la première fois où j’ai fait face à de la maudite vraie adversité », a-t-il raconté sous le regard de quelques centaines de jeunes attentifs.

Le Québécois de 29 ans se souvient de son dernier match de saison cette année-là. Son équipe était à une victoire de participer aux séries éliminatoires. Demi défensif à l’époque, il a raté une interception en fin de match.

Mon coach me prend après la game, devant tout le monde, et me dit : ‟Marc, on a perdu à cause de toi.” Je me suis senti petit dans mes shorts en s’il vous plaît.

Marc-Antoine Dequoy

« Comment j’ai réagi face à ça ? J’ai lâché le football. »

Le petit Marc-Antoine a décidé d’aller au cégep, de suivre le parcours scolaire normal, mais il avait perdu sa motivation. « C’était excessivement difficile. Je pense que j’ai changé deux fois de programme en un an. »

« J’ai réalisé : est-ce que je vais vraiment laisser quelqu’un décider quand je vais arrêter un sport ? J’ai dit : non, il n’y a aucune chance. Je vais prendre les choses entre mes mains et c’est moi qui vais décider. »

« Je me suis relevé »

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De gauche à droite : Sean Thomas Erlington, Louis-Philippe Bourassa, Marc-Antoine Dequoy (à l’avant), Alexandre Gagné et Jamar McGloster étaient les cinq joueurs présents pour le lancement de la 26édition du programme Ensemble à l’école, qui vise à parler de persévérance scolaire.

Direction le collège Montmorency, où il a intégré l’équipe de football malgré sa mince estime de lui. À sa première saison, il a obtenu la position de partant, mais a subi une fracture à un doigt au cinquième match, ce qui l’a forcé à mettre un terme à sa campagne.

Il s’est relevé et a pensé à la saison suivante. Il a maintenu ses efforts sur les bancs d’école et s’est entraîné « excessivement fort ». Mais au milieu du camp d’entraînement suivant, il s’est fracturé une clavicule. Opération, fin de sa saison.

« Je ne voulais pas que cette blessure-là soit la raison pour laquelle j’arrête quand je sais que j’en ai encore à donner », a-t-il poursuivi.

Encore une fois, il a tout fait pour revenir plus fort la saison suivante, ce qui inclut du rattrapage scolaire. Sauf qu’à trois matchs du début de la saison, son entraîneur lui a annoncé avoir réalisé qu’il n’était plus admissible pour jouer, en raison de son âge.

À ce moment, s’est-il souvenu, « l’affaire la plus facile à faire, c’[était] abandonner ».

« Je suis allé voir les universités. Je connaissais un coach de l’Université de Montréal. J’ai dit : je veux jouer pour eux. Ma première année, ça n’a pas été fameux. Mais à ma deuxième année, c’est là que j’ai pu éclore, avoir une excellente saison pour être aujourd’hui un joueur des Alouettes de Montréal. Ça, c’est ma plus grande fierté. »

« Oui, j’ai abandonné au début, mais je me suis relevé et je me suis battu jusqu’à la fin. Que cette adversité-là soit à l’école, avec votre famille ou avec vos amis, voyez ça comme quelque chose de surmontable. C’est un peu comme un muscle ; plus tu l’entraînes, plus fort il va être. »

Impact

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« Quand je suis arrivé en 5secondaire, j’ai décidé de jouer pour mon école secondaire. Ç’a été la pire saison de ma vie. C’est la première fois où j’ai fait face à de la maudite vraie adversité », a-t-il raconté sous le regard de quelques centaines de jeunes attentifs.

Une fois son discours terminé, Dequoy a refilé le micro à Louis-Philippe Bourassa, qui a lui aussi raconté son histoire de persévérance.

Si la séance de questions qui a suivi a d’abord nécessité une petite modération, elle a donné lieu à quelques beaux échanges. Les footballeurs, visiblement heureux d’être là, ont répondu à chaque question avec le sourire.

« Nous, on est cette génération-là qui a été impactée par les Alouettes, de dire Dequoy aux quelques médias présents. […] Au secondaire, c’est là que t’es le plus susceptible de tout gober. Ce n’est même pas une question de redonner à la communauté ; c’est le fun de pouvoir avoir un impact positif sur les jeunes. »

« On a été là à un moment dans notre vie, dans leurs souliers, d’ajouter Bourassa. On se rend compte de l’impact que ça peut avoir. Le fait d’avoir gagné la coupe Grey, ça donne un peu plus d’impact à notre discours. Ils se rendent compte qu’on peut atteindre le but ultime. »