Une série, quatre jeux, 94 secondes. Ça, mesdames et messieurs, c’est le résumé du bref passage d’Aaron Rodgers avec les Jets de New York cette saison.

Qui sait, c’est peut-être aussi le résumé de sa carrière tout court sous ce prestigieux casque vert, et l’avenir nous le dira bien, même si Rodgers a dit vendredi qu’il compte rejouer au football, sans préciser quand.

En attendant, les Jets ont payé Rodgers 75 millions US pour deux saisons, ce qui revient à 37,5 millions US par saison, ce qui revient à environ 9,3 millions US pour chaque remise de ballon dans les mains du célèbre quart en 2023.

On peut présumer que les patrons des Jets sont en furie, eux dont le sentiment de s’être fait rouler dans la farine ne peut être égalé que par celui des fans de Guns N’Roses au Stade olympique en 1992.

Vos grands-parents vous le diront, si ce n’est déjà fait : il ne faut guère se réjouir du malheur des autres. Mais dans ce cas-ci, tout de même, il s’agit d’un malheur qui arrive à un grand adepte des théories du complot, qui se targue aussi d’avoir vu des soucoupes volantes, et puis ça arrive à l’organisation la plus dysfonctionnelle de toute l’histoire du football, exception faite des Rough Riders d’Ottawa, qui ont déjà repêché un joueur mort.

Alors tout ça pour dire que le grand retour des Jets de New York dans l’univers de la respectabilité, attendu depuis 1969, devra attendre encore un peu. Quoi, dites-vous ? Les Jets, sans Rodgers, ont tout de même fini par vaincre les Bills de Buffalo lundi soir ? Bravo, ça fait 1 victoire en 17 matchs.

On voit deux autres problèmes d’ici janvier : les Jets ont encore 16 matchs à disputer, et en plus, ils devront les disputer avec Zach Wilson au poste de quart.

Bonne chance avec ça.

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Vous savez qui a levé la main bien rapidement mardi matin, après l’annonce de la fin de la saison pour Rodgers ? Colin Kaepernick, qui a laissé savoir aux Jets qu’il est dispo, si le cœur leur en dit. Kaepernick, au fait, est dispo depuis sept ans, mais le téléphone n’a pas l’air de sonner bien souvent, on va se le dire. Mais il faut admirer la résilience de l’ancien des 49ers, qui n’est pas sans rappeler celle d’un personnage de la mythologie grecque, un dénommé Sisyphe, qui a passé tout son temps à rouler sa roche pour rien en haut d’une colline. Si ça se trouve, il est peut-être encore là.

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Colin Kaepernick

Bien sûr, le monde entier a retenu son souffle en espérant voir Tom Brady débarquer en sauveur au New Jersey, mais tout ce monde a oublié une très simple question : mais pourquoi Tom Brady voudrait-il aller jouer pour les Jets ?

Exactement.

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L’autre affaire, bien sûr, c’est qu’il ne faut pas partir en peur avec les résultats de la première semaine. Les Steelers ne sont pas aussi mauvais, les Bills non plus, les Browns ne sont pas aussi bons, et ainsi de suite. Vous savez qui a déjà gagné un Super Bowl après une semaine de jeu ? Personne.

Ce qui ne veut pas dire que l’on doit tout ignorer.

Dans la Conférence nationale, ça s’annonce une lutte sans merci entre deux vieux rivaux, les Cowboys de Dallas et les 49ers de San Francisco.

On insiste : c’est juste un match. Mais ici, on a deux équipes qui sont débarquées à l’étranger chez les Giants et les Steelers, dans deux stades souvent pas très accueillants, et on a deux équipes qui ont donné une rince aux joueurs locaux. Il n’y a pas d’autres mots : une rince.

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Les Cowboys de Dallas ont écrasé les Giants de New York 40-0 à leur premier match de la saison, dimanche dernier.

Les blessures peuvent ruiner des saisons et des projets, bien entendu, mais si Cowboys et Niners ne subissent aucun dommage aux positions importantes, on peut déjà leur réserver une place en finale de conférence. Nos plus plates excuses aux partisans des Eagles, qui devront vivre une fois de plus dans le déni, aussi avec la culpabilité d’avoir gagné un Super Bowl grâce à un quart qui a joué quatre bonnes semaines de football dans sa vie.

Dans la Conférence américaine, on va se le dire, c’est autrement plus compliqué.

Les Chiefs vont se remettre à gagner si leurs receveurs finissent par apprendre à attraper des passes (le possible retour de Travis Kelce pour le match de dimanche à Jacksonville ferait le plus grand bien, si cela s’avère), puis les Bills et Josh Allen vont bien se replacer face aux Raiders dimanche, tout comme les Bengals et leur quart vedette, Joe Burrow, qui a 275 millions de raisons d’être bien meilleur que ça face aux Ravens, devant les siens en plus. Et puis enfin, est-ce que les Jaguars sont sérieux ? On verra bien, ils reçoivent les Chiefs...

Ce sera un autre week-end fabuleux.