Le marché des joueurs autonomes de la Ligue canadienne de football (LCF) s’est ouvert mardi matin. Pourtant, Danny Maciocia, directeur général des Alouettes de Montréal, a eu l’approbation de sortir le chéquier… à 9 h seulement, le jour même.

« À 9 h, hier matin ? », a relancé un journaliste.

« Oui », a répondu Maciocia, lors d’une conférence de presse organisée mercredi dans le vestiaire de l’équipe au sous-sol du Stade olympique.

Au cours des dernières heures, l’équipe est passée sous tutelle. Elle est maintenant gérée par la ligue. Celle-ci a par ailleurs ramené Mario Cecchini dans l’entourage de l’équipe à titre de président intérimaire. Les Alouettes ont également perdu plusieurs joueurs importants de l’équipe de 2022, mais l’organisation s’est assurée d’obtenir les services d’autres joueurs profitant de l’autonomie.

La journée de mardi a été l’équivalent d’un étang dans le désert. C’est-à-dire une source de rafraîchissement là où les occasions de se réjouir sont rares.

Des miracles

Maciocia a fait des miracles en convainquant des joueurs de s’entendre avec la formation montréalaise, à quelques heures de préavis seulement.

« Ça fait plusieurs semaines que je ne peux pas dépenser d’argent. Un moment donné, j’ai reçu un courriel disant que je ne pouvais plus dépenser de sous. C’est là que la frustration est embarquée. Mais je savais que la journée [de mardi] s’en venait. Il fallait seulement être patient, mais chaque jour, ça devenait un peu plus lourd », a évoqué le directeur général, visiblement soulagé.

Avec l’argent qui est rentré à 9 h, c’est une grande fierté d’avoir des gens qui ont travaillé comme vous ne pouvez même pas imaginer pour embaucher des joueurs.

Danny Maciocia

S’il peut enfin voir la lumière au bout du tunnel, il est passé par une période plus sombre il y a quelques semaines. Lors d’un périple aux États-Unis, où il s’est déposé en Floride, à Los Angeles et à Las Vegas pour évaluer les meilleurs espoirs de la NCAA, son moral était au plus bas. Comme la situation financière de l’équipe.

Puisqu’il avait les mains liées, incapable d’entrevoir à quoi ressemblerait l’avenir de l’équipe, l’idée de quitter le navire a effleuré l’esprit de Maciocia. « Je l’ai considéré », a-t-il révélé.

Il a toutefois pris un pas de recul et ça aura été bénéfique. C’est pourquoi il se tenait debout avec un manteau des Alouettes devant les médias. Mais « vivre tout ça pendant que tu es en train de travailler, tu te demandes si ça vaut la peine de continuer. Tu peux même commencer à regarder ailleurs. J’ai une famille à nourrir aussi. C’est une question que je me suis posée. Ça a duré peut-être 30 secondes, mais il y avait surtout beaucoup de frustration ».

Toutefois, l’architecte de l’organisation est optimiste. « Il y a beaucoup de choses qui m’encouragent depuis [mardi]. Comme le fait que la franchise est gérée par la ligue et qu’on est maintenant capables de dépenser des sous pour convaincre des joueurs. »

Les Alouettes ont leur place

Mercredi matin, La Presse a rappelé à quel point l’équipe était dans une situation précaire sur le plan financier. « Le club joue dans un stade loué, il s’entraîne sur un terrain loué et ses employés travaillent dans des locaux loués. Et maintenant, il n’y a plus de propriétaire », a écrit le collègue Alexandre Pratt.

Malgré tout, Maciocia croit en la nécessité des Alouettes de rester dans la métropole.

« Je crois fortement en une équipe canadienne professionnelle ici. Avec la quantité de joueurs qui obtiennent des bourses ou qui jouent chez les professionnels, je suis convaincu qu’il y a de la place pour une équipe à Montréal. »

Les derniers dénouements lui ont donné « un petit peu de jus pour continuer de [se] battre ». Pour lui, « c’est une question de fierté ».

D’après lui, le ou les prochains propriétaires de l’équipe devront nécessairement avoir « les Alouettes à cœur ».

Ça doit être une priorité d’aller chercher de la stabilité, de ramener de la fierté et de redonner cette équipe aux partisans.

Danny Maciocia

C’est pourquoi le retour de son grand ami Mario Cecchini à la présidence le ravit. « Sans propriétaire, sans président, tu te sens un peu isolé, mais c’est sûr que ça peut te faire mal, parce que tu veux avoir des réponses. Tu veux savoir ce qui se passe. »

Même si tout n’est pas au beau fixe, les Alouettes ont une base sur laquelle s’appuyer pour travailler. Dans le contexte, « on s’en va dans la bonne direction », a assuré le directeur général.