(Paris) Jamais il n’aura attendu aussi longtemps pour faire ses premiers tours de pédale : Tadej Pogacar lance une saison aux multiples défis aux Strade Bianche, une des courses les plus spectaculaires de l’année, samedi en Toscane.

Le Slovène est le troisième des « quatre fantastiques » à clipser ses pédales en course après le Belge Remco Evenepoel et le Danois Jonas Vingegaard, en attendant la rentrée de son compatriote Primoz Roglic dimanche lors de Paris-Nice. Et c’est une évidence que le plus glouton des champions voudra imiter Evenepoel et Vingegaard, qui ont remporté d’entrée leur première épreuve, au Portugal et en Espagne.

Pour Pogacar, c’est en Italie que ça se passe, un pays qui servira de fil rouge à sa saison. Après les Strade Bianche, sur les magnifiques chemins blancs de Toscane, il enchaînera sur Milan-Sanremo, le premier Monument de la saison le 16 mars, avant de préparer son grand défi : gagner la même année le Tour d’Italie (4-26 mai) et le Tour de France, qui s’élancera le 29 juin de Florence, toujours en Italie, pour un rare doublé qui n’a plus été réalisé depuis l’Italien Marco Pantani en 1998.

Pour préparer son affaire, « Pogi » a déjà multiplié les reconnaissances d’étapes du Giro, mais aussi du Tour de France. Mi-février, il a notamment été aperçu en Côte d’Or, sur la route des grands crus, pour repérer avec son vélo de chrono le contre-la-montre de la 7e étape entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin.

« Je commence ma saison plus tard que d’habitude, mais l’horaire a été chargé, avec les entraînements, les reconnaissances et la planification de deux grands Tours, ce qui est nouveau pour moi », explique le résident monégasque qui n’a plus couru en compétition depuis sa troisième victoire consécutive sur le Tour de Lombardie le 7 octobre dernier.

« Je viens pour gagner »

Mais sa patience a des limites et le Slovène avoue « trépigner » pour attaquer sa saison. « Les Strade Bianche est une course que j’adore et où j’ai de grands souvenirs », souligne Pogacar, vainqueur en 2022 en Toscane après une chevauchée fantastique de 50 km.

« Je viens pour gagner », insiste le leader de l’équipe UAE qui, pour l’occasion, affiche une nouvelle coupe de cheveux avec des mèches peroxydées – « Chevelure blanche pour chemins blancs », a-t-il minaudé en posant sur les réseaux sociaux.

Pogacar n’est pas le seul coureur à plébisciter les Strade Bianche, une course devenue tellement populaire qu’elle est désignée parfois comme « le sixième Monument », alors qu’il lui manque à la fois la distance (même rallongée à 215 km cette année dont 72 sur des chemins blancs) et surtout l’histoire (ce n’est que la 18e édition) pour postuler à la catégorie des plus grandes classiques séculaires.

Mais un coup d’œil sur le palmarès suffit à mesurer la dimension de l’épreuve – depuis 2019, les vainqueurs successifs s’appellent Julian Alaphilippe, Wout Van Aert, Mathieu van der Poel et Tom Pidcock, que des cadors.

Alaphilippe, Pidcock, mais aussi Simon Yates, Matej Mohoric, Valentin Madouas, Sepp Kuss et Christophe Laporte seront encore au départ samedi. Et le spectacle promet d’être au rendez-vous dans un décor de cinéma, avec une arrivée dans le centre historique de Sienne où Pogacar voudra naturellement jouer une nouvelle fois les premiers rôles.