Avec des courses qui se terminaient en plein cœur de la nuit, les Championnats du monde sur route UCI, qui se sont conclus dimanche à Wollongong, en Australie, n’ont pas eu beaucoup de résonance de ce côté-ci du globe. Petit retour sur l’évènement en cinq actes.

La confirmation d’Evenepoel

Le « nouveau Merckx » ou le « petit Cannibale », annonçait la presse belge quand Remco Evenepoel a remporté deux titres mondiaux juniors en 2018. Cycliste de compétition depuis seulement cinq ans, il a confirmé l’énormité de son talent en décrochant le maillot arc-en-ciel chez les élites, dimanche, à Wollongong. Le phénomène de 22 ans s’est imposé de sa façon habituelle, s’envolant seul avec un peu plus de 25 km à faire pour franchir la ligne avec une avance de plus de deux minutes sur le peloton des prétendants. Le Français Christophe Laporte et l’Australien Michael Matthews, deux participants aux Grands Prix de Québec et de Montréal comme cinq des dix premiers, ont respectivement remporté l’argent et le bronze. Wout van Aert, compatriote d’Evenepoel et grand favori, s’est contenté du quatrième rang.

Un an plus tôt à Louvain, Evenepoel s’était largement fait critiquer chez lui pour son impétuosité dans une course où il aurait dû se mettre au service de van Aert. Cette fois, il était bel et bien co-meneur de la sélection belge après son titre à la Vuelta et sa médaille de bronze au contre-la-montre individuel. Vainqueur de Liège-Bastogne-Liège au printemps, il est devenu le quatrième cycliste seulement à remporter un monument, un grand tour et une médaille d’or mondiale la même année, après Alfredo Binda, Bernard Hinault et… Eddy Merckx.

Boilard frôle le podium

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @AUBER93CYCLISME

Simone Boilard

Quatrième de la nouvelle catégorie des moins de 23 ans, Simone Boilard est venue bien près de rééditer son exploit de 2018 quand elle avait enlevé le bronze chez les juniors. Dire qu’elle a bien failli rater le rendez-vous… En raison d’un visa invalide – elle avait coché une mauvaise case –, elle n’est arrivée en Australie que l’avant-veille de la course après quatre jours de péripéties et d’inquiétudes. Après deux années de remises en question et d’ennuis de santé réglés par une délicate opération à une artère iliaque, la cycliste de Québec confirme son indéniable talent et son potentiel. Au total, elle a pris le 22e rang de l’épreuve disputée avec les concurrentes de la catégorie élite. Alison Jackson, future coéquipière de la jeune Québécoise Magdeleine Vallières Mill chez EF, a réalisé le meilleur résultat canadien avec une 18e place.

Le phénomène van Vleuten

PHOTO WILLIAM WEST, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Annemiek van Vleuten

Annemiek van Vleuten a conclu une saison magistrale en décrochant la médaille d’or à la course sur route. La Néerlandaise de 39 ans a surpris ses concurrentes avec une attaque solo dans le dernier kilomètre. Tout ça en roulant avec la douleur d’un coude fracturé trois jours plus tôt sur une violente et étrange chute au relais mixte.

« Les miracles peuvent arriver », a confié van Vleuten, victorieuse du Giro Donne, du Tour de France féminin, du Ceratizit Challenge by La Vuelta et de Liège-Bastogne-Liège en 2022. Difficile d’imaginer domination plus complète.

La mauvaise nuit de van der Poel

Figurant parmi les favoris de la course élite masculine, Mathieu van der Poel a passé une partie de la nuit avant le départ à se faire interroger dans un poste de police. À l’hôtel où il logeait avec sa copine, le Néerlandais se serait fait déranger par du tapage chez les voisins et des cognements à sa porte. Excédé, il aurait fait connaître son mécontentement aux deux jeunes filles de 13 et 14 ans en cause, d’après son témoignage.

« Selon les faits présumés, il aurait poussé les deux adolescentes, l’une tombant au sol et l’autre étant projetée contre un mur, lui causant une petite égratignure au coude », a précisé la police à l’AFP.

Revenu de l’interrogatoire à 4 h du matin, van der Poel a tenu à prendre le départ, mais il a abandonné après 30 km, à la stupéfaction générale. Lundi, le cycliste de 27 ans a plaidé coupable à deux chefs de voies de fait et payé une amende totale de 1500 $ AU (environ 1332 $ CAN). Il a annoncé qu’il porterait sa condamnation en appel. Selon un dirigeant de son équipe professionnelle, il est « détruit mentalement ».

Côté et Zukowsky défendent l’unifolié avec honneur

Privée de ses membres les plus aguerris, qui boycottaient l’évènement pour protester contre la politique de Cyclisme Canada de faire payer l’avion, l’équipe nationale masculine s’est bien débrouillée dans les circonstances. Sans peser sur la course de dimanche, Pier-André Côté et Nickolas Zukowsky, deux de ses quatre représentants, ont « existé ». Côté s’est glissé dans l’échappée matinale et y est resté sur presque 200 km. Le champion canadien a ensuite retrouvé Zukowsky dans le peloton de contre qui a servi de rampe de lancement à Evenepoel. Perclus de crampes, Zukowsky a fléchi avec un peu de plus 25 km à faire. L’athlète de Sainte-Lucie-des-Laurentides a néanmoins rallié l’arrivée au 36e rang, à moins d’une minute du groupe qui s’est disputé les médailles d’argent et de bronze.

Côté et Zukowsky ne seront plus coéquipiers au sein de Human Powered Health l’an prochain. Côté s’alignera avec la ProTeam américaine pour une cinquième saison, tandis que Zukowsky, deuxième de la classique cycliste du Maryland au début du mois, portera de nouvelles couleurs, a-t-il annoncé au collègue de Sportcom Mathieu Laberge. À souligner, la 19e place du champion national Tristan Jussaume, 21 ans, au contre-la-montre M23.