(Paris) « Vous avez failli finir à zéro coureur, mais avec deux victoires d’étape… »

En s’adressant à Sylvan Adams, le cycliste Antoine Duchesne est peut-être celui qui a le mieux résumé l’épopée d’Israel-Premier Tech au 109Tour de France.

En plus des succès d’Hugo Houle et de Simon Clarke, la formation du mécène israélien d’origine québécoise a ajouté trois podiums d’étape, en plus d’être représentée dans la majorité des échappées. Tout ça en terminant l’épreuve de 21 jours à trois représentants en raison d’une chute, de la maladie et de la COVID-19.

Derrière les puissances comme Jumbo-Visma (6 étapes, maillots jaune et vert) et UAE (3 étapes pour Tadej Pogačar), Israel-Premier Tech s’est démarquée. Alpecin, BikeExchange et Quick-Step sont les trois autres équipes à avoir reçu deux bouquets d’étape.

« C’est la meilleure course de notre histoire – et j’en suis très fier –, mais on s’attendait à un peu plus », a assuré Adams au terme de la 21étape, dimanche, sur les Champs-Élysées.

La perte du capitaine de route sud-africain Daryl Impey, positif à la COVID-19 avant le grand départ au Danemark, et la chute du chef de file danois Jakob Fuglsang, victime d’une fracture à une côte, ont représenté deux coups durs. Vainqueur de la cinquième étape à Arenberg, l’Australien Simon Clarke s’est arrêté dans les Pyrénées, lui aussi infecté par le coronavirus.

Durement tombé à la neuvième étape, le grimpeur canadien Michael Woods a pris une grosse semaine à s’en remettre avant de se classer troisième de l’étape de Foix.

Heureusement, Houle était là pour sauver la mise avec son podium et son succès à la 16étape.

« Je savais qu’on gagnerait une deuxième étape, mais je ne savais pas que ce serait Hugo », a admis Adams après avoir posé les mains sur les épaules de son coureur après l’arrivée.

« Je suis très, très fier d’Hugo. C’était sa première victoire, mais je pense que c’est loin d’être la dernière. Après sa troisième place, il a vraiment roulé comme un champion de la façon dont il a gagné son étape. Ça démontre qu’il a une nouvelle confiance en lui et que nous allons connaître beaucoup de gloire avec ce jeune homme. »

Adams s’est également réjoui de la renaissance de Chris Froome, troisième sur l’étape de l’Alpe d’Huez avant son retrait forcé.

« Ça augure bien et il sera dans notre équipe de la Vuelta. À sa façon particulière de rouler avec sa tête et ses épaules, on a vraiment vu le vieux Chris. J’espère que ça va continuer cette saison. »

« On a peut-être plus que le hockey chez nous »

Celui qui a donné son nom – et deux millions – au nouveau vélodrome de Bromont souhaite que les exploits des cyclistes locaux procurent davantage de visibilité au cyclisme dans son pays natal.

« On a peut-être plus que le hockey chez nous. On a des Hugo, des Guillaume Boivin et des Mike Woods qui sont de grands talents de niveau mondial. C’est bien que le public le sache. »

Jean Bélanger partageait le même enthousiasme. « Ces coureurs et ces jeunes nous représentent sur la scène internationale et c’est au cœur de nos valeurs », a insisté le PDG de Premier Tech.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Le propriétaire d’Israel-Premier Tech, Sylvan Adams, Hugo Houle, Antoine Duchesne et le PDG de Premier Tech, Jean Bélanger

Sa réunion à Paris avec Houle, qui est devenu un ami depuis leur première rencontre en 2017, a été émotive.

« On a vraiment développé une relation de respect et d’amitié. À travers toutes sortes d’évènements, il nous a fait vivre des émotions incroyables. Quand il a continué à se battre en terminant seul de l’équipe à Paris-Nice (13e), on a continué de le soutenir en lui laissant l’autobus, les mécanos, les préparateurs. Là, de le voir à l’arrivée après tout ce qu’il a fait au Tour, je vous en parle et j’en ai la chair de poule. »

Lui-même cycliste aguerri, Bélanger est admiratif de la transformation de l’athlète de 31 ans de « domestique » à meneur.

« Il a su saisir ses occasions. Déjà, de faire un podium, c’est incroyable. Partir ensuite avec panache à 40 kilomètres de l’arrivée sur l’étape de Foix pour aller gagner, je pense que ça va nous prendre des mois, des années à mesurer son impact réel sur ce sport. Ce qu’il fait auprès des jeunes et des moins jeunes au Québec, les filles, les garçons, c’est top. »