Après avoir réussi à isoler Jonas Vingegaard malgré une équipe de plus en plus affaiblie, Tadej Pogacar a gagné mercredi la 17étape du Tour de France, sa troisième depuis le départ, au sommet du col de Peyragudes.

L’autre mission de la délicate opération de la formation UAE n’a cependant pas fonctionné : se rapprocher du maillot jaune au classement général.

Encore une fois, Vingegaard a collé son principal rival à la culotte, franchissant la ligne au deuxième rang. En vertu des bonifications à l’arrivée, Pogacar n’a récolté qu’une maigre pitance pour tous ses efforts : quatre secondes.

Avec deux étapes clés toujours au programme – arrivée au sommet à Hautacam jeudi et contre-la-montre de 40 km samedi –, le double vainqueur en titre accuse maintenant un retard de 2 min 18 s sur Vingegaard.

Est-il toujours optimiste de remporter le Tour pour la troisième fois ? « Je suis optimiste », a répondu Pogacar au micro du télédiffuseur international. « L’étape de [jeudi] est encore plus dure. On peut réessayer. »

Déjà privé de Marc Soler, hors délai mardi après avoir été malade toute la journée, Pogacar s’est réveillé avec l’annonce de l’abandon de Rafal Majka, son principal lieutenant en haute montagne. Le Polonais s’est blessé à une cuisse après un bris de chaîne soudain dans le mur de Péguère lors de l’étape remportée par Hugo Houle.

UAE avait également perdu le grimpeur George Bennett et le rouleur Vegard Stake Laengen à cause de la COVID-19.

Le fringuant Slovène a donc entrepris l’étape avec seulement trois coéquipiers, contre cinq pour Vingegaard et ses Jumbo-Visma.

Pogacar a reçu un coup de pouce inespéré du Suisse Marc Hirschi, qui en arrachait depuis deux semaines, et surtout de Mikkel Bjerg, Danois qui s’est transformé en grimpeur dans la Hourquette d’Ancizan (2catégorie) et le col de Val Louron-Azet (1re).

Son travail en tête du groupe des favoris a causé la perte d’Adam Yates et de Thomas Pidcock, coéquipiers d’Ineos qui figuraient dans le top 10, mais surtout de Tiesj Benoot et de Wout Van Aert, des appuis pour Vingegaard.

Malgré un effort ultime de Romain Bardet (DSM) pour prendre la fuite, ils n’étaient plus que trois au sommet de Val Louron : Vingegaard, Pogacar et son coéquipier américain Brandon McNulty, qui a relevé le défi de remplacer Majka.

David Gaudu (Groupama-FDJ), Nairo Quintana (Arkéa) et Geraint Thomas (Ineos) ont donc tous fini par craquer en raison du rythme imposé par McNulty.

Pogacar a bondi au sommet, mais Vingegaard ne s’est pas fait surprendre. À partir de là, le suspense était de savoir quand le chef de file des UAE déciderait de réattaquer dans la montée finale vers l’altiport de Peyragudes (8 km à 7,8 %).

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard

Après un petit jeu de chat et de la souris à l’approche de la flamme rouge, où le maillot blanc slovène s’est laissé glisser en troisième roue, tout s’est joué dans les 300 derniers mètres, très pentus (passage à 16 %).

Pogacar s’est essayé une première fois, provoquant un contre de Vingegaard, avant de se lancer pour de bon à 100 mètres du fil, où il a pu lever les bras pour la troisième fois cette année. McNulty a fini troisième à 32 secondes, son meilleur résultat à vie sur le Tour.

Pogacar lui a donné une « mention spéciale » en entrevue. « Nous n’étions que quatre et remporter la course, c’est déjà incroyable, a-t-il souligné. On peut être fiers. Sans Rafa, George et Vegard, on ne peut pas essayer plus. Demain est un autre jour et j’ai hâte. »

Si Thomas (4e) a perdu plus de deux minutes sur les deux meneurs, il a consolidé sa troisième position au classement général. Quintana (4e) et Gaudu (5e) ont cédé du terrain, mais maintenu leur rang, tandis que Bardet est remonté de trois places jusqu’à la 6e. Yates (9e) et Pidcock (15e) ont été les grands perdants.

Encore une fois, Vingegaard n’a montré aucune faiblesse sur un terrain qui aurait pu être à l’avantage de Pogacar.

« Il a réussi quelques bonnes attaques et je devais être encore prêt à me battre, a relaté le Danois de 25 ans. Je suis content d’avoir pu rester avec lui. Sur un final comme ça, il est un peu plus explosif que moi. Ça doit donc être un peu plus dur durant l’étape pour pouvoir faire une différence. »

Prévoyant trois autres « dures journées », Vingegaard refuse évidemment d’entrevoir la victoire avant l’arrivée sur les Champs-Élysées, dimanche soir.

« Je ne veux pas y penser. Je prends ça un jour à la fois. Je ferai de mon mieux chaque jour et on verra ce qui en est à Paris. »

Quarante-et-unième de l’étape à 18 min 47 s, Houle estime que le maillot jaune pourrait plier l’affaire dès jeudi avec une bonne prestation dans l’Aubisque, le col de Spandelles et l’arrivée au sommet à Hautacam.

« Les deux sont extrêmement solides, a noté celui qui est désormais 27e au général. Ça va prendre une grosse défaillance de Vingegaard [pour qu’il perde]. Jusqu’à présent, il répond de façon très, très solide. Il n’a pas tremblé. On va voir demain si ça tient le coup, mais à mon avis, avec 2 mi 20 s, s’il n’a pas de défaillance, il devrait tenir la cadence. »

Jusqu’au bout

PHOTO THOMAS SAMSON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Fabio Jakobsen

Fabio Jakobsen a presque dû pédaler aussi vite que Pogacar au sommet de Peyragudes pour éviter d’arriver hors délai par une poignée de secondes, devant la voiture-balai. Deux de ses coéquipiers et des membres de l’entourage de Quick-Step l’attendaient en haut pour l’encourager. Vainqueur de la deuxième étape au Danemark, le sprinteur néerlandais s’est effondré contre les barrières après avoir franchi la ligne 36 min 48 s plus tard que Pogacar. Survivra-t-il jeudi ?