Troisième en 2020 et quatrième en 2021, Michael Woods souhaitait franchir un pas de plus à la Flèche wallonne, mercredi.

Encore bien placé dans le Mur de Huy, le puncheur de Gatineau n’a pu améliorer son sort, terminant sixième d’une épreuve remportée pour la première fois par le Belge Dylan Teuns (Bahrain).

Ralenti par la maladie dans les dernières semaines, Woods était heureux de se rapprocher de son meilleur niveau à la célèbre classique belge, à laquelle il s’attaquait pour la septième année consécutive.

« Je suis content de ma forme », a-t-il indiqué dans le rapport d’après-course d’Israel-Premier Tech (IPT). « Je ne suis pas ravi du résultat, mais pas déçu non plus, surtout si l’on considère d’où je viens. »

Hugo Houle a été un acteur clé du déploiement collectif d’IPT, prenant le manche à une douzaine de kilomètres de l’arrivée. Relayé par les Ineos de l’ancien vainqueur du Tour de France Geraint Thomas, le cycliste de Sainte-Perpétue s’est pointé de nouveau en tête juste avant la troisième et dernière ascension du Mur (1,3 km à 9,4 %).

« On a bien couru et exécuté le plan, a acquiescé Houle au téléphone. De mon côté, je suis très satisfait des jambes que j’avais et du travail que j’ai accompli pour les gars aujourd’hui, que ce soit Michael ou Jacob [Fuglsang]. On s’était ralliés autour de Mike. »

Les jambes étaient bonnes pour faire le travail nécessaire jusqu’au pied de la montée finale, où j’ai vraiment pris l’initiative devant le peloton.

Hugo Houle

Comme d’habitude depuis près de deux décennies, l’issue de la classique s’est décidée dans le Mur de Huy et ses passages à 23 %. L’Espagnol Enric Mas a d’abord mis la table pour son coéquipier Alejandro Valverde, qui visait un sixième et dernier titre à la Flèche à bientôt 42 ans.

Pendant un long moment, le coup de force des Movistar a paru fonctionner. Mais le Mur est interminable et Teuns a su profiter de jambes exceptionnelles pour repousser une ultime tentative de Valverde à 50 mètres de la ligne.

Vainqueur de deux étapes sur le Tour de France, le Belge de 30 ans signe ainsi son succès le plus important dans une course d’un jour. Valverde a fini deuxième à deux secondes, son neuvième podium à la Flèche, qu’il disputait pour la dernière fois. Auteur d’une attaque juste avant celle de Teuns, le Russe Aleksander Vlasov (Bora) a complété le podium.

PHOTO BENOIT DOPPAGNE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le vainqueur de la Flèche wallonne, le Belge Dylan Teuns

Quatrième à cinq secondes, le champion mondial Julian Alaphilippe a échoué dans sa tentative de s’imposer une quatrième fois consécutive au sommet du Mur, un autre coup dur pour l’équipe Quick-Step, en mal de victoires sur les classiques cette saison.

Woods a traversé le fil six secondes après Teuns, un rival qu’il avait devancé à sa première victoire sur le Tour d’Espagne en 2017. Il a perdu la roue de Fuglsang et Houle juste avant le pied de la dernière montée.

« Notre seule petite erreur est arrivée avant la flamme rouge, a témoigné Houle, 54e à 1 min 16 s. On a pris le rond-point et Mike était un peu coincé. Il n’a pas pu produire son effort pour rester dans la roue de Jakob. Ça a créé un petit délai et j’ai été obligé de refaire un effort pour le replacer. Il a été un peu à contretemps. Il a été serré par Alaphilippe et ça nous a un peu ralentis. »

Woods, qui a inscrit 140 points WorldTour très attendus par sa formation, s’encourageait de cette performance à la veille de Liège-Bastogne-Liège, présentée dimanche.

« C’est un bon début de campagne pour les classiques [ardennaises]. Cela me donne beaucoup de confiance à l’approche de Liège. Mes jambes sont vraiment bonnes, j’ai juste besoin de mieux exécuter. »

Une rechute pour Boivin

Guillaume Boivin ne sera pas là pour l’accompagner à la Doyenne des classiques. Trois jours après sa prestation à Paris-Roubaix, il est vidé de son énergie. Le champion canadien a abandonné après une cinquantaine de kilomètres mercredi. La grippe qui l’a terrassé pendant deux semaines semble l’avoir rattrapé.

« J’ai eu une journée correcte à Roubaix, mais j’ai tapé dedans et ça m’a comme fait rechuter, s’est inquiété Boivin. Je n’avais aucune puissance, c’était un peu catastrophique. Je vais voir avec l’équipe médicale, mais peut-être que c’est le moment d’arrêter et de prendre vraiment un bon repos. »

Olivia Baril 16e

À sa première participation à la Flèche wallonne, Olivia Baril s’est distinguée en se classant 16e, à 1 min 7 s de la gagnante, l’Italienne Marta Cavalli (FDJ). La Québécoise de la formation italienne Valcar a décroché le meilleur résultat de sa carrière dans une épreuve WorldTour.

PHOTO T. MUZZI, FOURNIE PAR CANNONDALE

Olivia Baril, à gauche en rose

La cycliste de Rouyn-Noranda a cependant regretté une chute collective après une cinquantaine de kilomètres, ce qui l’a obligée à chasser avec sa coéquipière australienne Elizabeth Stannard pour refermer un écart de quelque trois minutes.

« Quand on chute dans une course comme ça, c’est toujours décourageant, a-t-elle admis. Ton état d’esprit n’est plus le même. C’est dur de revenir et de rester motivée et positive. Personne ne voulait nous aider. Je ne pensais pas qu’on réussirait à revenir, mais je me suis dit : je vais prendre mes relais et m’entraîner. »

Quand les favorites comme Annemiek Van Vleuten (2e) ont accéléré au pied du Mur de Huy, Baril n’avait « plus l’énergie pour suivre ». « C’est un peu dommage. Oui, 16e, c’est bon, mais je pense que j’aurais pu faire mieux si je n’avais pas eu cette chute-là. »

À l’instar de Woods, la cycliste canadienne souhaite s’exprimer davantage à Liège-Bastogne-Liège.

« Il y a quelques années, je me disais que les filles qui font des podiums WorldTour, c’est un autre niveau que je n’atteindrai jamais. Aujourd’hui, je vois que j’ai 24 ans, je suis jeune et je suis dans le coup. Ça regarde bien pour cette saison-ci, mais aussi pour le reste de ma carrière. »

La Sherbrookoise Magdeleine Vallières-Mill (EF) a conclu à la 42place (+ 2 min 6 s). Gabrielle Pilote Fortin (Cofidis), l’autre Québécoise en lice, a dû abandonner, éprouvée par sa chute à Paris-Roubaix samedi.

Piccoli rebondit

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James Piccoli en tête de l’échappée au Tour des Alpes

Après un début de saison pénible marqué par trois épisodes de maladie, James Piccoli a terminé sixième de la troisième étape du Tour des Alpes, remportée par l’Allemand Lennard Kämna (Bora), mercredi. C’est le Montréalais d’Israel-Premier Tech qui a lancé une échappée à 12 coureurs en provoquant un écart dans une descente. « Évidemment, j’aurais aimé gagner, mais le final, c’était 10 kilomètres de plat avec un vent de face, a relaté Piccoli, qui a tenté son coup à de multiples reprises. Alors ça a joué la tactique un peu. Il faut aussi être chanceux un peu et prendre la bonne décision. Mais je suis super content de la journée quand même. »

Vainqueur du Tour de Beauce en 2018 et deuxième du Tour de l’Utah en 2019, le coureur de 30 ans pense avoir franchi un cap avec cette prestation dans les montagnes italiennes. « J’ai eu plusieurs résultats aux États-Unis, mais en Europe, c’est un peu plus compliqué. Ce n’est pas juste les jambes ou le moteur [qui comptent]. Il y a la tactique et la stratégie. Ça marque ma progression et ça me donne confiance de pouvoir aller chercher des victoires d’étape. »