Guillaume Boivin était évidemment courbaturé au lendemain de Paris-Roubaix. Rien cependant pour l’empêcher de s’envoler de Bruxelles pour rejoindre sa bien-aimée à Montréal.

« J’avais mal un peu partout, mais surtout aux mains », a-t-il raconté, mardi matin, en fouettant sa préparation à crêpes.

« Avec toutes les vibrations que tu prends dans les jointures, j’avais juste le goût de mettre les mains dans un bac à glace [lundi]. Aujourd’hui, ça va déjà mieux. »

Pour ce que cela aurait changé, Boivin ne portait pas de gants pour l’épreuve de 257,7 km, dont 55 sur des segments pavés couverts de boue, dimanche. Il n’en met jamais, sauf à l’entraînement l’hiver.

« J’ai de la misère à rouler avec des gants, juste au niveau du confort. Ce n’est pas recommandé pour les jeunes, il ne faudrait pas qu’ils écoutent ça. Quand tu tombes, c’est vraiment dangereux. Ils me serrent entre les doigts et mes mains deviennent tout engourdies. »

Le froid ? « Je m’endure. Je viens du Québec, j’ai du millage au frette ! C’est rare que je mette des gants. Même quand il pleut, j’ai plus froid avec des gants. Mais il y en a quelques-uns qui font la job l’hiver. »

Prestation remarquée

À son deuxième essai à Paris-Roubaix, huit ans après sa première participation qui s’était conclue par un abandon après une sinusite contractée quelques jours plus tôt, le coureur s’est révélé en terminant neuvième, un sommet pour un Canadien depuis Steve Bauer au début des années 1990.

Sans une chute dans un secteur pavé à moins de 20 km de l’arrivée, le champion canadien aurait pu se mêler au sprint pour la victoire dans le vélodrome. Dans les kilomètres précédents, il avait répondu à des accélérations du gagnant Sonny Colbrelli et de Mathieu van der Poel (3e). En bref, il tenait à son rang dans le petit groupe de tête.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @TEAMISRAELSUN

Guillaume Boivin s’est blessé au poignet gauche à Paris-Roubaix.

Boivin n’a pas encore vu les images de sa chute. Il se promet d’analyser l’évènement pour en tirer des « enseignements » pour la suite, comme il l’a fait après sa 17place aux Championnats du monde à Louvain, deux semaines plus tôt.

« Peut-être que je commençais à être un peu trop nerveux en fin de course quand je sentais qu’on arrivait pour la gagne. J’ai peut-être serré le guidon un peu trop fort et c’est là que j’ai fait une erreur. »

Blessé au poignet gauche, il porte une attelle pour stabiliser l’articulation. Il pense en avoir pour une semaine afin de bien soigner l’entorse, qui n’a heureusement pas été la fracture appréhendée.

La prestation de Boivin a été remarquée, tant en direct à la télévision que dans des médias comme Cyclingnews. Le site spécialisé a publié un article sur la performance d’Israel Start-Up Nation, qui s’est établie comme une « force » dans la « Reine des classiques ».

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Guillaume Boivin participait à Paris-Roubaix pour la deuxième fois.

En plus de Boivin, le Belge Tom Van Asbroek s’est classé 8e, tandis que le meneur Sep Vanmarcke a pris le 23rang après une série de chutes et une crevaison. « Il a démontré qu’il était tout un battant », a dit Boivin au sujet du Belge de 33 ans, deuxième derrière Fabian Cancellara en 2013.

« Une étape à la fois »

Mine de rien, le Québécois devra être considéré parmi les coureurs à suivre quand la saison des classiques sera lancée le printemps prochain.

« Un peu comme l’évolution de ma saison, on va y aller une étape à la fois, a-t-il prudemment lancé. Je ne pense pas que je vais être nommé dans les prétendants au prochain Tour des Flandres. Déjà, j’imagine que le monde commence à connaître un peu plus mon nom. Je me vois encore comme un outsider, mais un outsider qui se rapproche un peu plus. Pendant l’hiver, c’est sûr que j’aurai en tête de bien performer dans les classiques l’année prochaine. C’est super motivant. »

Le médaillé de bronze des Championnats du monde U23 de 2010 sent qu’il a « encore des choses à prouver » avant de faire partie du groupe des favoris.

Pour l’heure, il s’accordera une pause de quelques semaines. Un voyage est prévu en Californie à la fin du mois. Son vélo ne sera pas loin : un critérium se déroulera à Sacramento le 30 octobre. Avec une bourse totale de 100 000 $ US, le Lion’s Den est présenté comme le critérium le plus lucratif de l’histoire aux États-Unis.

« Je ne sais pas encore si je vais le faire, ça va dépendre de ma forme rendu là. » En attendant, il a des crêpes à manger.

30

Largeur des pneus en millimètres utilisés par Guillaume Boivin pour Paris-Roubaix. En temps normal, il roule sur des 26 mm.

50

Nombre de kilomètres pendant lesquels Guillaume Boivin a roulé sans freins avant fonctionnels pendant la dernière portion de l’épreuve.