Ralenti par un problème artériel à la jambe, le cycliste Antoine Duchesne se fera opérer à la fin du mois. Son été est gâché, mais le champion canadien vise un retour pour les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal.

Antoine Duchesne rêvait d’un deuxième Tour de France l’été prochain. Il devra plutôt suivre la plus grande course cycliste de chez lui, à Montréal.

Après avoir conclu les 4 Jours de Dunkerque au 35e rang, dimanche, le champion canadien sur route doit se faire opérer d’ici la fin du mois. L’intervention visera à dégager son artère iliaque gauche, qui se bloque partiellement lorsqu’il fait un effort prolongé sur son vélo.

« Depuis trois mois, je ne suis pas capable de forcer de la jambe gauche, a expliqué Duchesne. Quand je monte vraiment, elle s’engourdit. Dans des efforts de seuil ou de puissance aérobie maximale, je ne suis pas capable de tenir plus de deux, trois minutes. Je peux seulement faire du tempo, des pointes de vitesse ou des accélérations courtes. »

Le mal est apparu à l’entraînement, un peu avant le Tour de Catalogne, à la fin de mars. Le coureur de Groupama-FDJ en a souffert durant le Tour des Flandres. Un examen d’imagerie par résonance magnétique n’a rien révélé. La physiothérapie et l’ostéopathie n’ont pas donné de résultats. À son grand regret, il a dû déclarer forfait pour son sixième Paris-Roubaix et ses pavés qu’il affectionne.

De retour à Montréal à la mi-avril, Duchesne avait plus de questions que de réponses. 

Son équipe a annoncé qu’il comptait parmi les candidats pour le Giro, mais ce n’était apparemment qu’un problème de communication. Depuis le début de la saison, il avait signifié à ses directeurs sa volonté de faire partie de la sélection pour le Tour, qu’il a disputé chez Direct Energie en 2016.

Ses ennuis physiques devaient d’abord être élucidés. Un angioscanner, passé la semaine dernière à Lyon, a fourni une réponse claire : endofibrose à l’artère iliaque.

« Dans un sens, c’est un soulagement, a réagi le cycliste de 27 ans. Depuis un mois, j’étais pas mal convaincu que ce devait être ça. Je l’espérais presque, sinon ç’aurait pu être quoi ? Était-ce dans ma tête, un problème psychologique, un mal que je m’étais inventé ? »

Cette lésion artérielle est relativement rare, mais touche de nombreux cyclistes. Seulement chez Groupama-FDJ, une dizaine de coureurs actifs et membres du staff en ont été atteints, selon Duchesne. La Française Pauline Ferrand-Prévot, triple championne mondiale (route, montagne, cyclo-cross), en a souffert pendant quatre ans avant de recevoir le diagnostic du même chirurgien qui a examiné le Québécois. Opérée en janvier, elle vient de faire son retour en vélo de montagne.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Antoine Duchesne

Lorsque le cycliste fournit un grand effort, replié sur la selle, l’endofibrose iliaque provoque une diminution du flux sanguin vers la jambe. Duchesne la compare à une accumulation de calcaire dans le coude d’un tuyau de plomberie.

« Quand tu ouvres la champlure à fond, il n’y a plus de débit, a illustré l’athlète olympique de Rio. C’est exactement ce qui se passe. »

« Le débit sanguin qu’on demande à notre corps n’est pas normal. En général, le débit est de quatre à six litres par minute. Quand je suis à fond, c’est de 20 à 25 litres qui passent. En plus, on vient coincer l’artère. » — Antoine Duchesne

L’Italien Fabio Aru, vainqueur du Tour d’Espagne en 2015, s’est soumis à une angioplastie, début avril, pour dégager l’artère iliaque de sa jambe gauche, mal irriguée.

Plus près de nous, le fondeur Alex Harvey, ex-coureur de vélo de montagne, s’est fait opérer trois fois pour soigner le même problème. Sa morphologie — grande taille, larges épaules, bassin étroit — n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Duchesne.

Groupama-FDJ a assigné le Québécois aux 4 Jours de Dunkerque parce qu’il pouvait encore jouer un rôle dans les périodes de course à intensité modérée.

Après l’intervention de quelques heures, qui se déroulera à Lyon, le natif de Saguenay prévoit une convalescence minimale de trois mois avant de pouvoir recourir : un mois d’arrêt complet, un mois de rééducation et un mois de reprise d’entraînement graduelle.

« C’est vraiment plate, mon début de saison se passait très bien. J’avais un peu changé ma préparation hivernale et je sentais vraiment que j’avais franchi un cap. Ça me ramène un peu en arrière, c’est décevant et frustrant, mais je ne peux rien y faire. Aussi bien l’accepter. »

Son contrat valide jusqu’à la fin de 2020 aide à calmer ses appréhensions. Quand Duchesne sera suffisamment remis, il rentrera à Montréal pour son rétablissement. Il veut retrouver une forme satisfaisante pour les Grands Prix de Québec et de Montréal, à la mi-septembre, avec l’espoir de décrocher une sélection pour les Mondiaux dans le Yorkshire (au Royaume-Uni), où son compatriote Michael Woods, médaillé de bronze à Innsbruck l’an dernier, trouvera un autre terrain à sa mesure.

Son souhait est de renouer avec son plus haut niveau pour la semaine des classiques italiennes de fin de saison, avec le Tour de Lombardie en point d’orgue (le 12 octobre), où son coéquipier Thibaut Pinot pourrait viser un deuxième sacre consécutif.