David Drouin, l'un des plus beaux espoirs du cyclisme québécois, a subi un test antidopage positif. Clamant son innocence, le coureur de 21 ans tentera d'éviter une suspension lors d'une audience devant un arbitre du Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES), prévue le 15 mai à Montréal.

Un test d'urine mené chez lui en Beauce le 4 décembre a conduit à la découverte de RAD-140, un produit de la famille des agents anabolisants interdit par l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Drouin a appris la mauvaise nouvelle par un courriel à la mi-janvier. Il n'avait jamais entendu parler du RAD-140, un « modulateur sélectif des récepteurs aux androgènes (SARMs) », selon la terminologie de la liste des interdictions de l'AMA. Un examen d'un échantillon B a produit les mêmes résultats.

« J'étais détruit, je ne savais pas trop quoi faire », a confié Drouin lors d'un entretien au téléphone, vendredi.

Le cycliste de Saint-Prosper vit un enfer depuis : « Ça fait quasiment trois mois que je ne dors pas. [...] »

« C'est un peu comme se faire accuser d'un meurtre et tu es en prison, tu n'as rien fait et tu ne sais pas trop comment [tu t'es retrouvé là]. J'espère que ça n'arrivera à personne d'autre. »

- David Drouin

David Drouin s'est révélé l'an dernier en prenant le 10e rang au Tour de Beauce, la course qui l'a inspiré à commencer le sport. Son excellente prestation en appui d'Hugo Houle, son coéquipier de l'équipe canadienne, lui a valu une invitation comme stagiaire au sein de l'équipe professionnelle Silber Pro Cycling, avec qui il a pris part aux tours de l'Utah et de l'Alberta.

L'excellent grimpeur s'est ensuite distingué sous les couleurs de l'équipe canadienne aux Grands Prix cyclistes de Québec (44e) et de Montréal (83e), deux épreuves du World Tour où il était l'un des deux plus jeunes sur la ligne de départ. Aux championnats du monde de Doha, il a été le seul Canadien à finir dans le même temps que le gagnant à la course sur route des U23. Le dernier gala de la Fédération québécoise des sports cyclistes l'a sacré athlète masculin de la relève route et piste.

À la fin de l'année, Drouin a signé un premier contrat professionnel avec Silber Pro, une formation continentale (troisième division) établie à Montréal et axée sur le développement. Le contrat a été annulé à la suite du test positif survenu dans l'entre-saison, a indiqué l'un des copropriétaires, Scott McFarlane.

Encore méconnu, le RAD-140 fait l'objet de discussions sur des sites internet consacrés au culturisme. Des commentateurs lui prêtent les mêmes vertus que celles des stéroïdes anabolisants, soit l'augmentation de la masse musculaire et la diminution des tissus graisseux, sans qu'ils en aient les effets secondaires indésirables.

« C'est un produit de musculation pour augmenter la masse musculaire », a soulevé Drouin, qui a dû faire ses propres recherches sur l'internet.

« Il n'y a aucun cycliste qui a été pogné avec ça. Ça n'a pas d'allure. »

- David Drouin

La quantité découverte serait infime, selon le coureur. Ce dernier et son avocat n'ont pas voulu dévoiler la façon dont ils allaient défendre leur cause devant l'arbitre du CCES, invoquant la confidentialité du dossier.

Atterré, Drouin a peu roulé depuis un stage d'entraînement au Mexique en janvier, au cours duquel il a appris que son échantillon B s'était révélé positif.

« On dirait que ça ne me tente plus de rien faire, a dit Drouin. C'est ordinaire de se faire accuser d'une affaire [pour laquelle] tu n'as rien fait, de te faire traiter quasiment comme un criminel. » Il ne peut maintenant qu'attendre et espérer convaincre l'arbitre de son innocence.

Photo Yan Doublet, Archives Le Soleil

David Drouin, l'un des plus beaux espoirs du cyclisme québécois, s'est révélé l'an dernier en prenant le 10e rang au Tour de Beauce.