Ses pairs le disent, Lance Armstrong l'affirme, l'Espagnol Alberto Contador occupe la place de numéro un du peloton bien qu'il n'ait pas disputé le Tour de France, l'épreuve de référence, ou gagné l'or des JO de Pékin.

«Alberto est le plus fort cycliste du monde actuellement», estime Armstrong, qui régna sur le Tour de 1999 à 2005, l'année de sa provisoire retraite.

«Il a un palmarès unique qui dépasse tout ce que l'on connaît dans la génération actuelle», ajoute l'Américain, septuple vainqueur du Tour, trop content que les faits lui permettent de complimenter (et rassurer) à bon compte celui qu'il a rejoint dans la formation Astana pour une cohabitation problématique.

Contador numéro 1 ? Nul ne conteste la place à l'Espagnol même si, à l'époque contemporaine, cet honneur revient traditionnellement au vainqueur du Tour de France. Logique. L'épreuve la plus âpre, la plus disputée, la plus convoitée, la plus médiatisée, consacre généralement le coureur de l'année, seulement en concurrence -exceptionnellement- avec un spécialiste des classiques.

Mais la saison 2008 a chamboulé les habitudes. En choisissant d'écarter dès février l'équipe que Contador avait intégré l'hiver précédent, les dirigeants du Tour ont provoqué une onde de choc, positive à la fois par le signal fort donné en matière d'engagement antidopage suite aux affaires ayant affecté l'Astana ancienne version et par les conséquences bénéfiques sur les autres épreuves.

L'aveu de Sastre

«C'est mieux que si j'avais gagné une deuxième fois le Tour !», s'est même laissé aller Contador dans l'euphorie de son succès au Giro en juin dernier. Malheureux de devoir renoncer au Tour, il s'était rabattu sur la course italienne par le biais d'une invitation tardive. A en croire l'annonce urbi et orbi de son équipe, le futur vainqueur, qui paressait en vacances sur une plage, n'aurait été prévenu qu'une semaine avant le départ !

A la fin de l'été, Contador allait ajouter la Vuelta à son palmarès. A moins de 26 ans, il imitait ainsi quatre champions de légende (Anquetil, Gimondi, Merckx, Hinault), les seuls à avoir gagné durant leur carrière les trois grands tours.

L'exploit a marqué, au moins autant que le comportement en course de Contador. Pour remporter le Giro, le Madrilène, attentiste et calculateur, a usé d'autres armes que celles qui lui avaient permis de s'imposer dans le Tour de France l'année précédente.

Son absence a ouvert le champ des possibles dans la Grande Boucle. Splendide d'incertitude jusqu'à la veille de l'arrivée à Paris, la course est revenue à Carlos Sastre, longtemps cantonné aux places d'honneur (5 fois dans les dix premiers) avant que l'hécatombe due aux affaires de dopage élimine nombre d'adversaires potentiels (Ullrich, Basso, Landis, Vinokourov, Kashechkin, Rasmussen, Ricco, etc).

Le grimpeur castillan, comblé par ce couronnement -le troisième d'un coureur espagnol en trois ans-, a gardé son humilité après ce premier triomphe. Invité à commenter le trophée de coureur de l'année décerné par la revue Vélo Magazine à son compatriote, Sastre a reconnu simplement: «La victoire de Contador est logique.»