La première fois que j’ai vu la liste des pays inscrits à la Classique mondiale de baseball, mes Froot Loops ont passé de travers.

Le Royaume-Uni ? Shocking.

L’Italie ? Mio dio !

La République tchèque ? C’est une blague, n’est-ce pas ?

Non. Les trois nations participent bel et bien au tournoi, tout comme l’Australie et Israël. J’anticipais des raclées. Des dégelées. Une succession d’humiliations de 20-0. J’avais tort. Avant les matchs de mercredi, seulement six parties ont été interrompues avant neuf manches en raison d’un écart trop grand. Quant aux cinq pays mentionnés ci-dessus, ils ont tous remporté au moins une victoire.

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La Classique mondiale de baseball en cours remporte déjà un vif succès. À Taichung, le match Italie-Taiwan a fait salle comble et l’ambiance était digne de la Série mondiale.

Cette Classique mondiale est un grand succès. À Taichung, le match Italie-Taiwan a fait salle comble. Un de mes amis était sur place. Il m’a envoyé des vidéos. L’ambiance était digne de la Série mondiale. Au Japon, la télédiffusion de la partie contre la Chine a généré des parts de marché supérieures à 40 %. À Miami, plus de 35 000 spectateurs se sont déplacés pour des parties n’impliquant ni Cuba ni les États-Unis.

D’où le titre de cette chronique.

Pourquoi ne pas organiser une Coupe du monde de hockey élargie, avec 18 équipes ?

La dernière fois que les meilleurs hockeyeurs se sont affrontés dans un grand tournoi international, c’était en 2016. La Ligue nationale avait alors présenté une Coupe du monde qui portait bien mal son nom.

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Jonathan Drouin et Jaroslav Halak lors d’un match préparatoire de la Coupe du monde de hockey de 2016 opposant l’Europe à l’Amérique du Nord au Centre Bell

Pour réduire les risques de résultats à sens unique, la Ligue n’avait invité que six pays : le Canada, les États-Unis, la Russie, la Suède, la Finlande et la République tchèque.

Qu’a-t-on fait des Suisses, des Slovaques, des Allemands et des Danois ? On les a tous mis dans une seule et même formation : l’Europe. Pour avoir un nombre pair d’équipes, la LNH a créé une autre équipe, formée des meilleurs Nord-Américains de moins de 24 ans. Le Canada s’est donc retrouvé privé de Connor McDavid et de Nathan MacKinnon.

Oui, c’était étrange.

On a frisé le comble de l’absurde lorsque l’Europe a atteint la finale. Si cette formation ne s’était pas inclinée face au Canada, ça aurait sûrement été la première fois qu’un continent – et non une nation – remporte une Coupe du monde, tous sports confondus. Du moins, je n’ai trouvé aucune autre occurrence.

Depuis ? La LNH a interdit deux fois à ses joueurs de participer aux Jeux olympiques. La Ligue a ensuite tenté d’organiser une nouvelle édition de la Coupe du monde, avant de tabletter le projet, en novembre, pour des raisons inexpliquées. « Dans l’environnement actuel, il ne sera pas possible de présenter la Coupe du monde [en février 2024]. »

Bien que personne ne le confirme, on devine que le cas de la Russie pose problème. Ce pays est présentement banni des activités de la Fédération internationale de hockey. Le gouvernement canadien s’oppose à la participation des Russes aux Jeux olympiques. Ce serait tout aussi étonnant que malavisé que la LNH nage à contre-courant.

Pour la forme, imaginons une Coupe du monde sans les Russes. Si on reprend le format de 2016, il resterait donc cinq pays et deux équipes indépendantes. C’est mince. Oui, la LNH pourrait simplement remplacer la Russie par un autre pays, la Slovaquie, par exemple. Mais tant qu’à réviser le concept, aussi bien rêver grand, comme l’a fait le baseball majeur et comme s’apprête à faire la FIFA, qui organisera une phase finale de la Coupe du monde de soccer avec 48 équipes, en 2026.

La Coupe du monde de hockey doit combler deux objectifs : couronner un champion, bien sûr, mais aussi stimuler la croissance du sport dans des terres non conquises.

Abandonnons l’idée d’une équipe européenne. Invitons la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, le Danemark, la Norvège. Cessons d’avoir le pied sur le frein en surévaluant les risques de résultats à sens unique. Il y a moyen d’en réduire le nombre, tout en permettant à chaque pays d’espérer pouvoir gagner au moins une partie.

Comment ?

En créant cinq poules.

POULE A : Suède, Finlande, Danemark, Norvège

POULE B : Allemagne, France, Suisse, Italie

POULE C : Tchéquie, Slovaquie, Autriche, Hongrie

Les deux meilleures équipes de chaque poule se qualifient pour les quarts de finale.

POULE D : Royaume-Uni, Kazakhstan, Lettonie, Japon

POULE E : Canada, États-Unis

Les Canadiens et les Américains s’affrontent dans une série deux de trois. Le gagnant passe directement en quart de finale, avec un tirage avantageux pour la suite. Le perdant doit affronter le champion de la poule D dans un match de barrage donnant accès aux quarts de finale et à un tableau difficile pour la suite. Le jour où la Russie n’est plus un enjeu, elle intègre le groupe B ou C à la place d’un négligé, tout simplement.

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La Classique mondiale de baseball amène son lot de surprises. Le 11 mars, lors du match Japon-République tchèque, Shohei Ohtani a été retiré sur des prises par... un électricien tchèque.

Ce format permettrait de réduire le nombre de parties déséquilibrées, comme on en voit au Championnat mondial junior ou au hockey féminin. Par ailleurs, il permettrait de susciter de l’intérêt dans des nations rarement invitées dans les grands tournois. C’est d’ailleurs la plus grande réussite de la Classique mondiale de baseball, où les bonnes histoires abondent. Israël a invité un joueur de 44 ans qui lance des balles à 65 m/h. Un électricien tchèque a passé Shohei Ohtani dans la mitaine. Les Italiens ont apporté une cafetière sur leur banc. Comment ne pas trouver le baseball romantique ?

La LNH, les propriétaires d’équipe, les partisans, tous ceux qui ont le hockey à cœur sortiraient gagnants d’une Coupe du monde élargie.