Laraque et Gonzalez continue au même rythme soutenu. Notre photographe Alain Roberge s’accroupit au côté du metteur en ondes. Georges Laraque pose une question à Éric Fichaud, un ancien gardien professionnel, au bout du fil. La réponse ne le satisfaisant pas, Laraque balance la chaise sur laquelle sa jambe était étirée à quelques pouces de notre photographe. À la pause, l’animateur assure qu’il l’avait vu. « Je ne suis pas fou ! », dit Laraque en riant.

Lorsque l’on croise Alexandre Panneton dans les couloirs quelques minutes plus tard, on lui fait remarquer que Laraque et Gonzalez est particulièrement télévisuel.

« Ça va l’être ! », répond-il.

C’est que BPM Sports se prépare à prendre un important virage numérique. Déjà, la station a installé des caméras en studio pour capter et diffuser les émissions en direct, puis en extraire et diffuser sur les réseaux sociaux les segments les plus vivants.

Mais surtout, un studio de baladodiffusion a été construit au bout du couloir. BPM Sports s’apprête à lancer une nouvelle « marque numérique », baptisée la Commission athlétique. Des balados et du contenu destiné au web et aux réseaux sociaux y seront produits.

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Le futur studio de baladodiffusion

BPM et la Commission athlétique « seront des coéquipiers », explique Alexandre Panneton, le DG de la station. Nous sommes justement assis sur les sofas qui meublent ledit studio, qui doit encore être mis au point. Il accueillera éventuellement des émissions comme Le Processus, avec le collègue Mathias Brunet et Simon « Snake » Boisvert, sur l’évaluation des espoirs au hockey. Il y aura aussi l’agent de joueurs Sasha Ghavami, « qui va venir participer à une propriété [qu’ils sont] en train de créer sur la business du sport ».

La Commission athlétique offrira « cinq ou six » balados dès ses débuts.

« On va continuer à faire du bon stock radio, assure Alexandre Panneton. […] Mais on veut aussi aller où le public est, et où il s’abreuve de contenu. »

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Alexandre Panneton, directeur général de BPM Sports

Il parle d’une présence accrue sur TikTok, sur YouTube et les différentes plateformes.

« Il y a des gens qui écoutent encore la radio, et on veut les desservir. On a un auditoire très fidèle, très engagé. Mais il y a aussi du monde qui prend ses nouvelles sportives uniquement sur les réseaux sociaux. »

Les deux marques avanceront malgré tout main dans la main, dit Panneton. « Il y a des podcasts qu’on va mettre à la radio, on serait fous de ne pas utiliser notre antenne pour les mettre en valeur. »

Laraque et Gonzalez tire à sa fin. Martin Lemay vient d’arriver pour assurer l’animation du Retour des sportifs, de 15 h à 18 h. On remarque que la porte du directeur de la programmation, Yves Bombardier, est maintenant ouverte. Il sort d’une longue rencontre en visioconférence.

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La préparation de l’émission Le Retour des sportifs, animée par Martin Lemay (à droite)

En entrant dans son bureau, on lui souligne que la programmation, justement, semble avoir trouvé une belle synergie.

« À l’oreille, on est à la bonne place, confirme-t-il. On le verra dans les chiffres. Un changement de programmation, ça peut prendre cinq ou six semaines avant que les effets se cristallisent. »

L’arrivée à l’émission du matin, au début du mois, de Max Lalonde, qui avait eu une première chance chez BPM en remplacement l’été dernier, répond à l’idée de « mettre les bonnes personnes dans les bons rôles ».

Bombardier est interrompu par un cri strident de Laraque, qui s’entend même à travers les murs de la station de radio. « On a Georges qui crie, malgré les 75 fois par semaine qu’on lui dit de ne pas le faire, dit-il, exaspéré mais amusé. Le show Laraque et Gonzalez est un des plus éclatés. »

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Yves Bombardier, directeur de la programmation de BPM Sports

Pour lui, la transition vers le numérique qui va s’opérer avec la Commission athlétique était « indispensable ».

« Tous les médias cherchent la solution, estime le directeur de la programmation. Pendant des années, on a géré la décroissance. Là, on gère la survie. On cherche à assurer la pérennité. On n’est pas caves, on sait ce qui se passe, on voit comment les gens consomment. »

Martin Lemay a pris le micro. Laraque et Gonzalez, après d’autres cris déchirants, ont quitté les lieux. La station a retrouvé un certain calme. Les ondes aussi.

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Martin Lemay

Lemay discute avec le journaliste Robert Laflamme, qui vient d’annoncer sa retraite, une sympathique entrevue dans une émission dont l’énergie diffère grandement de la précédente.

C’est le retour à la maison pour bien des gens. Il tombe encore un flot continu de neige sur Laurier. Au même rythme que les discussions sportives sur les ondes du 91,9 FM.

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Le producteur François-Xavier Bénard et l’animateur Martin Lemay

« J’ai comme l’impression que c’est une espèce de refuge, constate Yves Bombardier. Un refuge pour se protéger de ce qui se passe dans la société en général. On parle de sport. Ce n’est pas grave, le sport. C’est un havre de paix. »