Propulsé leader de l'équipe Sky après l'abandon de Chris Froome, l'Australien Richie Porte assume avec une sereine ambition son nouveau costume au Tour de France.

Lundi, dans l'ascension finale de la Planche des Belles Filles, il a été le seul à faire l'effort pour tenter de revenir sur Nibali qui avait faussé compagnie au groupe des prétendants au podium. Et, comme avec un ténor du peloton, aucun de ses rivaux ne l'a aidé.

«Ça fait du bien de voir que c'est moi qui prends la course en main, qui prends les responsabilités. Je sais que ce n'est pas idéal de rouler comme ça deux kilomètres mais on n'a perdu que quelques secondes, je pense que c'était une bonne journée.»

À 29 ans, Porte goûte à nouveau avec plaisir aux sensations d'un premier rôle sur un Grand Tour, qu'il n'avait plus connues depuis son tout premier, le Giro 2010, terminé à la septième place.

À mi-parcours du Tour, lui qui avait débuté en tant que lieutenant de Chris Froome pointe à la deuxième place du classement général, à 2 minutes et 23 secondes du maillot jaune Vincenzo Nibali.

«C'est un joli plan B, Richie est un coureur de haut niveau, se félicite le directeur sportif de la formation britannique Dave Brailsford. C'est une grande opportunité qu'il a saisie à deux mains jusqu'à présent. On espère que ça va continuer.»

«On l'a vu monter d'un cran», raconte son équipier Geraint Thomas. «Les cinq premiers jours, il attendait de faire son boulot dans les montagnes pour "Froomey" mais quand "Froomey" est parti et qu'il est devenu numéro un, il a passé un cap dans l'agressivité, si c'était encore possible», sourit le Gallois.

«Attaquer Nibali»

Dans le peloton, Porte sait se faire sa place, ce qui, avec ses aptitudes de grimpeur, lui a valu le rôle de garde du corps de Froome. «Quand on arrive en haut d'un col, que tout le monde veut être devant pour attaquer la descente en tête, il fait savoir qu'il est là. Il crie, il parle, il joue des coudes. C'est une bonne agressivité à voir», raconte Thomas.

«Bradley (Wiggins) avait sa manière de faire les choses, un peu réservée. Chris a sa manière, plutôt décontractée. Moi quand je veux quelque chose, je le veux tout de suite», explique Porte.

Il devait être leader au Tour d'Italie mais un virus gastrique a perturbé sa préparation et il a dû renoncer. Depuis, il lorgnait les échéances de l'été, avant que le destin ne lui donne un coup de pouce.

«Sur le Dauphiné, j'étais en bonne forme. J'ai eu une mauvaise journée, lors de la première étape de montagne, où ça a été un désastre, admet-il. Depuis un mois, je suis bien. Le Tour est la plus grande des opportunités. Mentalement, je sais ce que j'attends de cette course et c'est plus facile de monter sur le vélo, de rouler et de rester concentré jusqu'au bout.»

«Maintenant, il faut attaquer Nibali, être agressif, affirme-t-il. Pas que nous, mais aussi Movistar (formation du troisième Alejandro Valverde) qui a une très bonne équipe pour le faire. Je suis sûr que quand on va arriver près de l'Espagne, dans les Pyrénées, il va y avoir une course excitante». Il évoque aussi l'étape de samedi avec une arrivée au sommet à Risoul, «une ascension qu'(il) connaît bien». «Mais il y a des opportunités chaque jour si tu restes devant. Tout le monde peut avoir un "jour sans" à un moment et on y est prêt.»