Ça relevait presque du tour de force: Ryder Hesjedal, Cadel Evans, Chris Froome, Alberto Contador et Peter Sagan réunis à la même table, dans une salle exiguë du Château Frontenac, à deux jours du Grand Prix cycliste de Québec, disputé demain.

En tout cas, les journalistes européens présents ne se souvenaient pas d'une telle scène. Avant les grandes courses, les équipes ont l'habitude de tenir leurs propres événements de presse à leurs hôtels, généralement disséminés aux quatre vents.

Pour ce seul crochet du World Tour en terres d'Amérique, ces cinq grands champions cyclistes, qui comptent à leur palmarès collectif quatre Tours de France, un Giro, un titre de champion du monde et plus de 125 victoires, se sont prêtés à l'exercice dans la bonne humeur, sans pour autant se livrer à de grandes déclarations.

Très business, mais l'air détendu, Froome a insisté pour dire que les GP de Québec et Montréal (dimanche) représentaient de véritables objectifs, en plus de lui servir de préparation ultime en vue des Mondiaux de Florence, à la fin du mois.

«Ce sont des courses importantes pour nous, a déclaré le gagnant du Tour de France. Je mène actuellement le classement du World Tour. Tous les points supplémentaires qui m'aideraient à conserver mon avance seraient utiles. Je n'ai pas encore obtenu de grand résultat dans une course d'un jour, c'est encore nouveau pour moi, assez difficile, mais je suis ici pour offrir le meilleur de moi-même.»

Froome, de retour d'une période d'entraînement de deux semaines en altitude au Colorado, s'attend à ce que le parcours de Montréal lui convienne davantage. Comme Contador, qui prévoit devoir composer avec un petit choc physique à Québec puisqu'il n'a pas couru depuis 25 jours.

Le coeur d'Evans, lui, balance entre les deux parcours. L'ancien champion du monde australien (2009) revient au Québec pour la première fois depuis ses années en vélo de montagne (1995-2001), alors qu'il avait ses habitudes au mont Sainte-Anne. «J'ai entendu dire que ces courses correspondent à mon profil: des courses dures d'un jour, a souligné l'Australien de la BMC. Je veux essayer de bien finir ma saison, qui a été un peu sous la moyenne.»

Même chose pour Hesjedal, frappé par la maladie (Giro) et les accidents (Tours de Suisse et de France) cette saison. Sorti du Tour «mort physiquement et psychologiquement», le Canadien de 32 ans pense avoir retrouvé son rythme de course au Tour de l'Alberta la semaine dernière.

Ces spécialistes des grands tours auront fort à faire pour contenir le grand favori Peter Sagan, à qui tout sourit depuis qu'il a décroché son deuxième maillot vert à la Grande Boucle (sept victoires en deux semaines). Le coloré Slovaque, numéro deux mondial derrière Froome, n'a pas dit non à un wheelie sur la ligne d'arrivée: «Peut-être, si je gagne...»