Lance Armstrong, déchu à l'automne de ses sept titres au Tour de France, a répondu aux questions que «les gens se posent à travers le monde», a affirmé mardi Oprah Winfrey, qui a mené l'interview dans laquelle il avoue s'être dopé selon plusieurs médias américains.

Après des années de dénégations, l'ancien cycliste a reconnu, selon USA Today et CBS, avoir eu recours à des produits dopants, lors de cet entretien enregistré lundi dans un hôtel à Austin (Texas) mais qui ne sera diffusé qu'en fin de semaine.

«Je pense que les questions les plus importantes que les gens se posent à travers le monde ont été posées et que des réponses y ont été apportées», a déclaré mardi matin sur CBS la célèbre animatrice Oprah Winfrey, tout en restant évasive sur la teneur des propos du cycliste américain.

Il s'agissait de la première interview du Texan de 41 ans depuis qu'il a été officiellement déchu en octobre de ses sept victoires sur le Tour de France (1999-2005) et radié à vie après que l'Agence américaine antidopage (Usada) l'eut accusé d'avoir activement participé au «programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport» au sein de l'équipe US Postal.

L'Union cycliste internationale (UCI) a pris acte «des spéculations de la part des médias à propos de l'interview ainsi que des affirmations selon lesquelles il est passé aux aveux et a admis s'être dopé pendant sa carrière cycliste».

«Si ces affirmations se révélaient exactes, nous encouragerions fortement Lance Armstrong à témoigner devant la Commission indépendante établie pour enquêter sur les allégations portées à l'encontre de l'UCI», a indiqué la Fédération.

Citant des sources anonymes, le New York Times avance qu'Armstrong serait prêt à témoigner contre des dirigeants de l'UCI, comme le Néerlandais Hein Verbruggen, son président de 1991 à 2005, et l'Irlandais Pat McQuaid, son successeur, ainsi que contre des dirigeants de l'US Postal mais pas contre d'anciens coureurs.

L'entretien de deux heures et demie autour duquel le suspense est savamment entretenu sera diffusé en deux fois sur la chaîne de télévision d'Oprah Winfrey, OWN, et sur son site internet. La première partie doit être diffusée jeudi soir à 21 h aux États-Unis.

«Je l'ai trouvé réfléchi, sérieux. Je pense qu'il s'était bien préparé pour ce moment», a expliqué Oprah Winfrey, affirmant être «satisfaite» du résultat.

«Peut-être que le public sera encore plus agacé»

Les aveux de l'ancien champion, dont la nature exacte reste à confirmer, mettraient fin à plus d'une décennie de démentis malgré des accusations de plus en plus précises au fil des ans.

Depuis les sanctions de la justice sportive, Armstrong a perdu la plupart de ses commanditaires et a dû couper les ponts avec Livestrong, la Fondation de lutte contre le cancer qu'il avait créée en 1997 après avoir vaincu la maladie.

Selon plusieurs médias américains, l'ancien cycliste serait aussi en négociations avec la Poste américaine, l'US Postal Service, principal commanditaire de son équipe à l'époque de ses victoires sur la Grande Boucle, pour rembourser une partie des sommes qu'il a touchées.

Les aveux de celui qui fut pendant sept ans l'impitoyable patron du peloton du Tour de France pourraient avoir de nombreuses ramifications judiciaires. Il s'expose à des poursuites pénales qui pourraient le conduire en prison, selon certains juristes, notamment pour parjure.

«J'aurais préféré qu'il fasse cela lors d'émissions (sérieuses) comme Face The Nation ou Meet the Press où il aurait eu des questions virulentes», a indiqué à l'AFP Dick Pound, l'ancien président de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

«Si les questions (de Winfrey) ne sont pas assez dures, peut-être que le public sera encore plus agacé et sa tentative de se racheter aura échoué.»

En juin, quand l'Usada l'a mis en accusation, Armstrong expliquait encore: «Je ne me suis jamais dopé et, contrairement à nombre de mes accusateurs, j'ai fait du sport d'endurance pendant 25 ans sans pic de performance et passé près de 500 contrôles antidopage sans jamais avoir été contrôlé positif».