Jusqu'ici flamboyante, la carrière d'Alberto Contador, vainqueur du Tour de France et des deux autres grands tours nationaux (Giro et Vuelta), vient de subir un coup d'arrêt avec sa condamnation lundi pour un contrôle antidopage positif lors de la Grande Boucle 2010.

Suspendu pour deux ans par le Tribunal arbitral du sport (TAS), l'Espagnol, âgé de 29 ans, voit éclaboussée une trajectoire qui, si elle avait déjà éveillé des soupçons, avait jusque-là été marquée par de brillants faits d'armes.

Avec la sélection espagnole de soccer, de basketball ou encore Nadal en tennis, Contador est en effet l'un des fleurons, précieux en ces temps de crise économique, d'une Espagne qui gagne.

L'équivalent ou presque, avec ses victoires dans le Tour de France (2007 et 2009, compte tenu de la perte de son succès 2010), d'un Miguel Indurain, autre cycliste, champion d'exception dans le panthéon du sport espagnol.

Récemment, le quintuple vainqueur du Tour de France avait d'ailleurs adoubé son «successeur»: «Il est forcément entré dans la légende après avoir gagné trois Tours. S'il était sanctionné presque deux ans après son contrôle, ce serait un peu difficile à expliquer à ses supporteurs», avait ainsi affirmé le Roi «Miguel» à la présentation de la prochaine Vuelta 2012.

Ange des cimes, toujours porté à l'attaque là où Indurain construisait ses victoires en contre-la-montre, Contador «le Pistolero» dépasse peut-être même le géant navarrais. Surdoué du vélo, l'Espagnol côtoie Anquetil, Merckx, Gimondi et Hinault dans le cercle très fermé des coureurs ayant accroché Giro (2008), Tour et Vuelta (2008) à leur tableau de chasse.

Ce palmarès, allié à l'humilité d'un coureur qui, même star, n'a pas oublié la simplicité de ses origines, est sans doute ce qui explique sa popularité dans son pays: même après sa sanction, l'Espagne continue à voir en lui «l'innocent», le gamin de Pinto, natif de cette banlieue populaire au sud de Madrid qui l'a vu grandir et monter sur son premier vélo.

Pugnace

Mais derrière cette image, il existe aussi un côté plus sombre, propre à soulever certains doutes sur les performances du coureur.

Il y a d'abord l'affaire qui lui a valu sa récente sanction par le TAS. En dépit de tous les efforts déployés par le coureur -bataillons d'avocats et détecteur de mensonges- sa thèse selon laquelle le clenbutérol se serait retrouvé dans ses urines à partir d'un steak n'a finalement pas convaincu.

D'autres ombres ont altéré son image. Cité dans un premier temps dans l'affaire «Puerto», coup de filet de la Guardia Civil ayant mis au jour en 2006 un réseau de dopage sanguin, l'Espagnol avait ensuite été mis hors de cause.

S'ajoute à cela sa trajectoire quelque peu sulfureuse: ayant commencé sous les ordres de Manolo Saiz, actuellement en attente de jugement pour «atteinte à la santé publique» dans le cadre de l'affaire Puerto, Contador est ensuite passé entre les mains de Johan Bruyneel, ancien directeur sportif de Lance Armstrong, avant de rejoindre l'équipe Saxo Bank, sous les ordres de Bjarne Riis, qui a avoué s'être dopé pour gagner le Tour 1996 à l'époque de l'EPO indétectable.

Pugnace, habitué à souffrir sur un vélo comme en dehors, comme l'a également montré son opération en 2004 pour un oedème cérébral survenu en plein Tour des Asturies, le «Pistolero» ne devrait toutefois pas en rester là: avant même le verdict du TAS, l'Espagnol avait déjà fait savoir qu'il se défendrait, s'il le fallait, jusque devant la Cour européenne de Strasbourg.