Le cycliste David Boily a vu des points noirs dans les derniers moments de l'ascension du mont Salève, en France, hier. Au bout de cette principale difficulté du Tour de l'Avenir, le maillot jaune l'attendait. À son grand étonnement.

«Quand je l'ai su cinq minutes après l'arrivée, j'ai éclaté de joie dans les bras de mon soigneur. C'est une surprise et un exploit en même temps», a dit Boily, joint au téléphone quelques heures plus tard.

Parce qu'au départ de cette cinquième étape, la plus accidentée de ce «petit» Tour de France, l'athlète de Québec ne croyait pas pouvoir garder sa tunique de leader. Les deux derniers kilomètres de la montée (9,5 km à 7,5%) l'ont plongé dans une souffrance «terrible».

«Je me concentrais sur une chose: pousser et tirer les pédales. Je ne devais pas être très beau à voir, je peux te le garantir! Tu n'as aucune idée de comment ç'a été épuisant. C'est peut-être la journée où j'ai le plus souffert de ma vie.»

La récompense a été à l'avenant. Dixième de l'étape, à 50 secondes du gagnant, le Français Romain Bardet, Boily conserve sa première place par sept petites secondes, devant le Colombien Esteban Chaves. «C'est au-delà de mes attentes. Conserver le jaune sur mes épaules une journée de plus, c'est vraiment extraordinaire.»

Épaulé par seulement deux coéquipiers canadiens (Hugo Houle et Antoine Duchesne), Boily dit avoir été chanceux de bénéficier du travail des Danois et des Néerlandais. N'empêche que le Québécois a été mis en difficulté dans l'avant-dernier col, à une trentaine de kilomètres de l'arrivée. «C'est là qu'une sonnette d'alarme a sonné dans ma tête et que j'ai compris que je n'étais pas aussi bien qu'il y a deux jours, a dit le coureur de 21 ans. Je me suis mis en mode survie.»

Au moment de l'entrevue, Boily était dans la voiture de l'équipe canadienne, en route vers l'Italie, où seront présentées les deux dernières étapes de cette course prestigieuse, réservée aux coureurs de 19 à 22 ans. À mi-chemin de ce transfert de quatre heures, il n'avait pas trop envie de penser à la suite.

Ses chances de victoire finale demain? «Aucune idée, a-t-il répondu. On est en équipe réduite. On verra en temps et lieu comment je me sens. Je veux vraiment profiter de chaque seconde en jaune.»