Des experts estiment que la raison dont s'est servie le champion du Tour de France Alberto Contador pour expliquer l'échec d'un test antidopage tient la route.

Contador prétend que du boeuf contaminé est responsable pour les traces de clembutérol retrouvées dans ses échantillons d'urine. Selon ce qu'ont déclaré des experts jeudi, cette excuse est plausible, puisque le clembutérol - illégal en Europe - est souvent donné aux animaux destinés à la consommation humaine.

La drogue est utilisée pour accélérer la croissance des animaux, dont les poulets, les boeufs et les cochons. Le clembutérol est habituellement stocké dans le foie et les muscles.

Contador a été provisoirement suspendu, jeudi, par l'Union cycliste internationale (UCI), qui a déclaré que de faibles quantités de clembutérol avaient été retrouvées dans les échantillons récoltés le 21 juillet, pendant le Tour de France, que Contador a remporté pour une troisième fois.

L'Espagnol a blâmé de la «viande contaminée», disant qu'il avait mangé du boeuf importé d'Espagne en France lors d'un jour de congé.

Les médecins disent quant à eux qu'il aurait été virtuellement impossible pour Contador de tirer des bénéfices au niveau de ses performances s'il avait mangé du boeuf contaminé au clembutérol.

«Les quantités de clembutérol seraient infiniment petites, à moins que vous ne mangiez d'importantes quantités de viande», a déclaré le Dr Andrew Franklyn-Miller, un expert en médecine sportive du Centre for Human Performance de Londres, qui est aussi médecin de l'équipe britannique d'aviron.

Il a indiqué que les coureurs sur le Tour de France tentent habituellement d'avoir la masse musculaire la plus svelte possible. Parce que la viande est plus difficile à digérer, la plupart des cyclistes mangeront principalement des glucides comme des pâtes, qui sont plus faciles à transformer en énergie pour l'organisme.

«Il me semble très peu probable que la veille d'une étape en montagne, quelqu'un irait manger trois ou quatre steaks», a ajouté Franklyn-Miller.

L'Espagne a rapporté plusieurs épidemies liées au clembutérol ces dernières années, après que des gens eurent mangé du boeuf et du veau contaminé. Dans les années 1990, plus de 100 personnes ont présenté des symptômes d'intoxication, comme une augmentation du rythme cardiaque, des spasmes musculaires, des nausées, des maux de tête et de l'anxiété.

Le clembutérol a été utilisé pendant de nombreuses années par les haltérophiles pour augmenter leur masse musculaire et réduire leur taux de gras. La drogue augmente également les capacités aérobiques du corps en rendant plus d'oxygène accesible aux muscles. On croit également que ce produit permet au corps de brûler plus gras, assurant ainsi une réserve d'énergie sur une plus longue durée aux athlètes. Ses effets à court terme sont similaires à ceux des amphétamines.

Contador n'est pas le seul athlète à blâmer une contamination alimentaire pour expliquer l'échec d'un test antidopage au clembutérol. La semaine dernière, le pongiste allemand Dimitrij Ovtcharov a utilisé la même défense, allégant avoir mangé de la viande contaminée lors d'un tournoi en Chine.

Michael Audran, un expert en dopage qui travaille étroitement avec l'Agence mondiale antidopage, a déclaré que la quantité de clembutérol découverte dans les échantillons d'urine de Contador est si petite qu'il est peu probable qu'il s'agisse d'un cas de dopage. Il estime que la théorie de la contamination alimentaire est la seule pouvant expliquer l'échec du test antidopage.

D'autres experts estiment d'ailleurs que les tests devraient être raffinés afin d'avoir un seuil minimum pour le clembutérol, pas seulement en indiquer la présence.