Voilà la Vuelta!

Après avoir vu son nom circuler sur les listes de l'équipe Cervélo Test Team - l'équipe de Carlos Sastre, gagnant du Tour de France l'an dernier-, le cycliste Dominique Rollin a officiellement reçu son billet pour le Tour d'Espagne, hier. 

L'athlète de 26 ans devient le troisième Québécois à participer à l'un des grands tours cyclistes après Pierre Gachon (Tour de France, 1937) et Gianni Vignaduzzi (Tour d'Espagne, 1994).

«Il y a une certaine joie», a laissé tomber Rollin, hier, en contenant bien son excitation.

«J'ai travaillé fort pour démontrer qu'à la suite de ma mononucléose (au printemps dernier), j'étais prêt à affronter une course de trois semaines. Mais il y a aussi une certaine fébrilité. À vrai dire, c'est un peu effrayant. J'ai eu un peu peur en analysant la carte du Tour et certaines étapes...»

Le défi est en effet vertigineux pour le Bouchervillois, qui n'a jamais pris part à une compétition aussi longue. Abonné des classiques et des courses de moins de 10 jours, Rollin verra son endurance mise à rude épreuve à la Vuelta, qui commence samedi.

Mais il s'est si bien remis de la mononucléose, qui a interrompu sa saison 2009, qu'il se sent rempli d'énergie à l'aube de la plus importante compétition de sa carrière.

«J'ai travaillé mon intensité et j'ai poussé à des vitesses élevées, a expliqué Rollin. Il y a toutes sortes de techniques pour y arriver, comme rouler derrière une moto à 50km/h pendant une heure ou une heure et demie.

«Mon entraîneur Brian Walton, un ancien olympien qui a déjà participé au Tour d'Italie, sait ce que ça prend pour bien se préparer.»

Rollin est surtout reconnu comme un sprinteur, mais son entraînement des dernières semaines lui a permis de pallier certaines lacunes.

«Je vis en Suisse, ce qui est parfait pour m'entraîner dans les ascensions. J'ai des cols de 2000 mètres dans ma cour!»

Trois semaines de souffrance

Ce sont les plus récentes performances de Rollin qui ont forcé Cervélo à lui trouver une place en Espagne.

«Après ma convalescence, mon équipe a pu voir que j'étais capable de revenir en forme, a-t-il soutenu. J'ai notamment décroché un top 10 au Tour du Limousin en secondant un autre coureur (Xavier Florencio). J'ai effectué des courses sur plusieurs jours d'affilée -entre autres au Limousin puis à Plouay- et l'équipe a vu que je prenais du rythme et de la confiance. J'avais de meilleures jambes après 10 jours qu'en début de semaine.»

Au plan de l'endurance, les signaux sont donc bons. Mais ce n'est qu'au coeur de la Vuelta que Rollin découvrira ses limites. Il entend bien les respecter.

«J'aurai avant tout un rôle de soutien», a prévu Rollin à propos de la stratégie de son équipe.

«Sur le plat ou dans certaines ascensions pas trop difficiles, je serai là. Une fois que j'aurai fait mon boulot en début de course, je pourrais essayer de me placer en fonction du sprint.»

Rollin refuse toutefois de s'emballer et d'envisager un rôle trop prépondérant. Il sait qu'il lui reste tout à prouver.

«C'est sûr que si je produis, ça va me permettre d'envisager d'autres Tours par la suite. Mais ce n'est pas ça le but, a mentionné Rollins.

«En tant qu'athlète, je veux atteindre un certain calibre afin que, dès l'an prochain, je puisse obtenir de meilleurs résultats dans les courses d'un jour ou encore d'une semaine.»

Le 64e Tour d'Espagne partira samedi des Pays-Bas. Il s'arrêtera aussi en Belgique avant d'arriver en terre catalane.

Dominique Rollin le sait: ce sera trois semaines de pure douleur. «C'est le plaisir du cyclisme, ça. Il faut aimer souffrir!»