Le Belge Tom Boonen se présente en conquérant dimanche dans le Tour des Flandres, l'un des monuments de la saison cycliste qui serpente sur 261,5 kilomètres de Bruges à Meerbeke, dans la grande banlieue de Bruxelles.

L'événement, appelé communément le «Ronde» (van Vlaanderen, en flamand), aiguise la fierté d'un peuple qui se presse sur le pas de la porte pour assister au passage des 25 équipes, processionnaire dans sa première moitié. A partir du 130e kilomètre, la course adopte un autre tempo, scandé par les 16 côtes du parcours, souvent pavées.

Boonen connaît par coeur le cérémonial. Deux fois vainqueur (2005 et 2006), le leader de l'équipe Quick Step postule à un troisième succès qui en ferait l'égal de ses trois compatriotes détenteurs du record de victoires (Buysse, Leman, Museeuw) et aussi de l'Italien Fiorenzo Magni qui mérita en son temps (1949 à 1951) le surnom de «lion des Flandres».

Aux Trois Jours de La Panne, course dont il a fait l'impasse sur la troisième journée comme à son habitude, le Campinois a poursuivi sa préparation. Transparent dans Milan-Sanremo (crampes dans le final), il a retrouvé tout son tonus. «Depuis une semaine, je sentais que la forme arrivait. Elle est là», a-t-il affirmé jeudi lors de son point-presse.

Temps sec

A son avantage, l'ancien champion du monde, parvenu à maturité, dispose de l'équipe la mieux armée en théorie. Il s'appuie sur le vainqueur de l'année passée, le Belge Stijn Devolder, et sur Sylvain Chavanel, premier Français depuis longtemps à figurer dans le champ des vainqueurs potentiels.

Devolder et Chavanel occupent une position confortable. Ils sont prêts à accompagner les attaques voire à les provoquer si Boonen est trop marqué ou simplement en retrait.

Tous deux, en outre, ont la chance d'évoluer dans une formation rôdée, avertie de tous les pièges d'un parcours qui en comporte beaucoup, même par temps sec comme le prévoit la météo.

Pour briller sur le «Ronde», estiment les spécialistes, il faut posséder le sens du placement, la capacité à supporter les accélérations, le punch nécessaire sur les côtes brèves mais à fort pourcentage. Autant de qualités réunies par Filippo Pozzato qui conduit l'opposition au groupe de Boonen.

Pozzato facile

Impressionnant par sa facilité d'allure du côté de La Panne, Pozzato a devancé Boonen la semaine passée à l'arrivée du GP E3, une répétition du Tour des Flandres. Suffisant pour devenir l'un des favoris, au même titre que le collectif de l'autre grande équipe belge (Silence) qui aligne l'expérimenté Leif Hoste -déjà trois fois deuxième à Meerbeke en 2004, 2006 et 2007- et l'espoir Greg Van Avermaet.

Invité à désigner ses adversaires prioritaires, Boonen a cité logiquement ces trois noms. Il a ajouté celui de l'Allemand Heinrich Haussler, l'un des hommes en forme du début de saison (2e de Milan-Sanremo) qui doit cependant prouver son aptitude à digérer la répétition des côtes. Mais Haussler a aussi pour atout d'être entouré d'une équipe performante avec le Norvégien Thor Hushovd et l'Allemand Andreas Klier, grand connaisseur des lieux tout comme l'Américain George Hincapie et les hommes de Rabobank (Flecha, Nuyens, Langeveld).

Sur la chaussée de Meerbeke, un cadre loin de valoir le merveilleux site de départ du «Ronde» (la grand-place de Bruges), c'est une consécration qui attend le vainqueur de la 93e édition. Quelle que soit son identité, il est assuré d'entrer dans l'histoire de l'épreuve. Le Français Jacky Durand, vainqueur surprise en 1992, avait changé ce jour-là de dimension. Définitivement.