Maxime Lopes arrive au Québec à l’âge de 23 ans, en 2014. À ce moment, il ne s’est jamais entraîné à la course à pied. Une décennie plus tard, il survole le marathon de Valence en 2 h 15 min 20 s, un temps qui s’inscrit au deuxième rang des meilleurs résultats québécois de tous les temps sur la distance. La Presse s’est entretenue avec le coureur de fond à la trajectoire peu orthodoxe.

Après des années de sédentarité ponctuées par des soirées arrosées et des sorties dans les boîtes de nuit technos, Maxime Lopes décide de quitter sa France natale pour s’installer une année au Québec, dans le but de se reprendre en main et de finir son baccalauréat en psychologie.

Peu après son arrivée, son nouveau colocataire l’invite à un entraînement de course à pied avec l’équipe de cross-country de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). « J’étais venu au Québec pour changer de vie, alors j’ai dit pourquoi pas ? »

L’esprit de compétition accroche tout de suite Maxime, qui se retrouve dans les pires coureurs de son équipe. « Ça a un peu piqué mon ego », admet-il en rétrospective.

Mais c’est surtout la quête de l’excellence qui le motive. « Je me suis dit à ma première course que je pouvais faire partie des meilleurs au Québec. Si tu n’y vas pas avec cette mentalité, tu ne le feras jamais. »

Et dans son cas, l’amélioration est rapide. Après seulement quelques mois d’entraînement, il parcourt 10 km en 35 min 45 s, un résultat que bien des coureurs mettent des années à atteindre. « C’est bien, mais c’est super loin d’un bon niveau, nuance-t-il. Mais ça m’a donné de l’espoir ».

L’année au Québec s’est transformée en une décennie. Aujourd’hui, Maxime se retrouve parmi les meilleurs athlètes de la province. Parallèlement, il termine son doctorat en psychologie à l’UQAM et gère RunWise, son entreprise et chaîne YouTube qui compte 37 000 abonnés. Il y présente des séances d’entraînement, des conseils et des balados, où il invite des acteurs renommés du monde de la course à pied.

Une progression constante

PHOTO FOURNIE PAR MAXIME LOPES

Maxime Lopes

S’il est encore loin du record du monde de 2 h 00 35 s détenu par le Kényan Kelvin Kiptum, mort tragiquement à la mi-février, Maxime Lopes n’a jamais arrêté sa progression.

Après cinq années dans l’équipe des Citadins de l’UQAM durant lesquelles il a concouru dans plusieurs épreuves, du 800 m au 10 km, il s’est lancé sur le marathon en 2019. Son record personnel sur cette distance est passé de 2 h 27 min en 2019 à 2 h 19 min en 2021 avant qu’il l’améliore, à 2 h 15 min 20 s en décembre dernier.

Ce progrès, il le doit selon lui à son volume d’entraînement. Dès sa deuxième saison, en 2016, il a couru au total 5000 km, l’équivalent du Canada d’est en ouest (une moyenne de 100 km par semaine). En 2023, il franchissait 7500 km dans l’année.

Le chemin n’a pas été linéaire pour autant. Lors de ses premières années, Maxime a commis « plein d’erreurs de débutant », dont un surentraînement qui l’a mené à des blessures. Il a aussi eu des problèmes d’alimentation. À la base, il gardait sa ligne pour être plus léger et courir plus vite, mais cela s’est transformé en une obsession sur son poids. Il a su s’en extirper après des années de sous-alimentation.

L’homme de 32 ans juge ces erreurs bénéfiques. Pour devenir plus fort, « il est important de se casser la gueule », pense-t-il.

Et pour 2024 ?

PHOTO FOURNIE PAR MAXIME LOPES

Maxime Lopes à l’entraînement

Maxime Lopes s’est récemment envolé vers Barcelone, où il s’entraîne avant de rejoindre le Kenya pour un camp d’entraînement en compagnie des meilleurs marathoniens du monde.

Il a deux objectifs pour l’année. Battre de manière symbolique le record québécois au marathon, détenu par Alain Bordeleau, qui a franchi les 42,195 km en 2 h 14 min 19 s en 1984 (Maxime n’ayant pas sa résidence permanente, il ne peut pas avoir le record québécois officiel). Le deuxième est de parcourir le marathon de Valence en moins de 2 h 12 min

Et les Jeux olympiques, dans tout ça ? « J’y pense, mais je suis réaliste. Je suis encore loin des prérequis (2 h 8 min 10 s). »

Reste que Maxime Lopes ne s’impose aucune limite. « C’est ce que j’aime dans la course. Je ne sais pas jusqu’où je vais me rendre. C’est une quête. »