Il y avait de l’ambiance dimanche dernier alors que l’équipe de l’Université de Montréal (UdeM) recevait les six autres équipes du Québec pour le championnat provincial universitaire de flag football féminin. Un tournoi tenu une semaine seulement après l’annonce de l’entrée du sport aux Jeux olympiques de 2028.

Plus de 700 partisans ont bravé le froid du 29 octobre afin d’assister au dernier tournoi de la saison de flag football universitaire féminin, disputé au CEPSUM.

« On avait un peu plus de 300 billets de vendus avant le début du tournoi, affirme la joueuse offensive de l’UdeM, Emma Racine, qui porte le numéro 3. C’est incroyable de voir qu’autant de gens se sont déplacés pour notre sport. »

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Emma Racine (3) et l’équipe de l’Université de Montréal

Outre l’équipe de l’UdeM, l’UQAM, l’UQTR, l’UQO, l’Université de Sherbrooke, l’Université Laval ainsi que l’Université Concordia ont pris part au tournoi.

Pour la première fois depuis la création de l’équipe en 2021, l’organisation des Carabins a permis aux joueuses de leur université de louer le terrain habituellement occupé par l’équipe de football masculin.

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Sandrine Gobeil-Huot, de l’équipe de l’Université de Montréal

« Ça fait trois ans que je joue pour l’Université de Montréal et ça fait depuis le début que j’attends qu’il y ait un tournoi au CEPSUM, alors c’est comme un rêve pour moi et mon équipe, ce qui se passe aujourd’hui », a confié Sandrine Gobeil-Huot.

Présente dans les gradins, la quart-arrière de l’équipe féminine de flag football du cégep Montmorency, Élisabeth Ashkar, s’est dite énergisée par l’engouement ressenti lors du tournoi. « Je trouve ça motivant de voir un évènement comme celui d’aujourd’hui, car ça prouve qu’il y a un réel intérêt pour le football, confie la jeune joueuse. Ça m’encourage à continuer de jouer au niveau universitaire. »

« Un cadeau de Noël pour le sport »

Le 16 octobre dernier, le comité olympique a confirmé la reconnaissance du flag football comme sport olympique. Celui-ci fera son entrée aux Jeux d’été de 2028, à Los Angeles.

« L’annonce des Jeux olympiques, c’est comme un cadeau de Noël pour le sport, affirme le directeur général de Football Québec, Steve Duchesneau, qui était présent lors du tournoi au CEPSUM. Les Québécoises se démarquent année après année en remportant les championnats et les tournois au Canada. Ce n’est pas exagéré de dire qu’il y aura plusieurs Québécoises aux Jeux olympiques en flag football. »

L’engouement pour les Jeux olympiques se fait également sentir auprès des joueuses. La receveuse de l’équipe de l’Université Laval, Anouk Grenier-Gagnon, espère que cette nouvelle incitera les jeunes à s’intéresser au sport.

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Anouk Grenier-Gagnon

Dans la ville de Québec, le flag football n’est pas vraiment reconnu et il n’y a pas de relève. J’espère que l’annonce des Jeux olympiques pourra nous aider à promouvoir notre sport.

Anouk Grenier-Gagnon, joueuse de l’Université Laval

Sara Parker salue elle aussi la décision du comité olympique. La quart-arrière qui évolue pour l’équipe de Concordia fait partie de Team Canada, la plus haute reconnaissance en ce moment au pays. « Le talent des joueuses québécoises n’est pas à prendre à la légère, il y a du haut calibre ici », lance la numéro 11.

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Sara Parker (11) lance une passe vers sa coéquipière de l’Université Concordia lors de la finale.

Un manque de soutien persistant 

Bien que le flag football ait reçu le sceau d’approbation des Jeux olympiques, la grande majorité des joueuses québécoises ne sont toujours pas reconnues par leurs universités.

Mis à part l’Université du Québec à Montréal et l’Université du Québec en Outaouais, les cinq autres universités n’accordent pas le statut d’équipe sportive universitaire aux joueuses de flag football. Leurs équipes sont donc considérées comme des clubs, ce qui les empêche d’obtenir les mêmes privilèges que les autres étudiants athlètes. Elles doivent également payer l’ensemble des coûts liés à leur sport.

« Il y a des filles de haut niveau qui doivent s’abstenir de participer à des tournois puisque cela leur coûte trop cher, déplore Sara Parker. Elles n’auraient pas à faire cela si notre sport était reconnu. Nous performons autant que les autres athlètes universitaires, mais nous devons payer pour mériter notre place sur une équipe et pour faire rayonner le Québec. »

L’entraîneuse et coordonnatrice à la défense de l’équipe de l’Université de Montréal, Rachel Lessard, craint que le manque de moyens mis à la disposition des joueuses ne nuise à l’engouement qui se crée autour du flag football.

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Rachel Lessard, entraîneuse de l’Université de Montréal

« J’ai peur que l’engouement fasse du flag football un sport d’élite et que l’on passe à côté de certains talents par faute de moyens financiers des jeunes étudiantes, affirme celle qui a plus de 34 ans d’expérience dans ce sport. J’espère que la réussite du tournoi d’aujourd’hui fera réaliser l’intérêt qui existe au Québec pour notre sport et l’importance de l’encadrer. »

M. Duchesneau croit que cette annonce du comité olympique marque un tournant dans la croissance du sport. « C’est le dernier morceau qui nous manquait pour avoir accès au programme de soutien de l’excellence du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, explique-t-il. Ça aidera à débloquer des fonds pour mieux investir dans le flag football. »

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Steve Duchesneau, directeur général de Football Québec

Or, le directeur de Football Québec précise que le pouvoir décisionnel quant à la reconnaissance universitaire revient entièrement aux organisations. « Les universités doivent reconnaître le sport pour permettre aux athlètes de performer, souligne-t-il. Les comités organisationnels ont le pouvoir de faire la différence. »

Le fait demeure, l’effervescence ressentie lors du tournoi au CEPSUM a certainement énergisé les troupes de l’UdeM qui ont remporté le tournoi après avoir vaincu l’équipe de Concordia 38 à 13. Elles conservent leur titre de championnes provinciales pour la troisième année consécutive.