Une vaste étude québécoise récemment publiée vient confirmer une idée de plus en plus répandue dans la littérature scientifique : les sports d’équipe sont généralement bien meilleurs pour la santé mentale des enfants que les sports individuels.

Les auteurs de l’étude ont suivi pendant cinq ans 785 jeunes de 6 à 10 ans. Leur conclusion, « robuste », indique que les enfants qui pratiquent des sports collectifs souffrent moins de dépression, d’anxiété ou d’isolement social. Le même lien n’a pas été trouvé chez ceux qui font des sports individuels.

« L’objectif n’est pas de décourager les sports individuels. Ils ont des effets bénéfiques sur plein d’autres aspects », indique l’un des chercheurs derrière l’étude et doctorant en psychologie à l’UQAM, Charles-Étienne White-Gosselin.

« Mais on peut affirmer qu’il y a un lien significatif entre la participation soutenue à travers le temps à des sports collectifs et une diminution des problèmes intériorisés qui n’a pas été observée dans les sports individuels. »

Depuis des années, les études montrent le lien bénéfique entre pratique du sport et santé mentale. Les chercheurs québécois voulaient voir si le type de sport pratiqué importe.

Déjà, certaines recherches avaient montré que les sports collectifs – soccer, hockey, basketball, volleyball, etc. – avaient un effet bénéfique plus important sur la santé mentale des enfants que les sports individuels – la natation, le ski, le tennis, etc.

Pour arriver à leurs fins, les chercheurs ont utilisé deux avenues. Ils ont d’abord demandé aux parents de leur rapporter la participation de leur enfant à des sports collectifs et individuels chaque année. Ils ont ensuite demandé aux enseignants de ces mêmes enfants de leur indiquer si ceux-ci souffraient de signes de dépression, d’anxiété ou d’isolement social.

« Chez les enfants de 6 à 10 ans, les enseignants sont reconnus pour être capables de mesurer avec fiabilité les problèmes intériorisés », note Charles-Étienne White-Gosselin.

La conclusion de l’article publié dans la revue Social Development est claire. L’étude1 conclut que « la participation soutenue à un sport collectif est liée à moins de symptômes de dépression, d’anxiété et de retrait social, alors que les sports individuels ne le sont pas ».

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Les sports collectifs pourraient être plus propices aux amitiés, car il y règne généralement un esprit de collaboration et d’entraide, selon le chercheur et doctorant en psychologie à l’UQAM Charles-Étienne White-Gosselin.

Comment l’expliquer ?

Charles-Étienne White-Gosselin croit maintenant qu’il faudra tenter d’expliquer pourquoi cette différence existe.

« Notre première hypothèse est que le sentiment d’intégration sociale au groupe de pairs, autrement dit le sentiment d’appartenance à un groupe, est davantage présent dans les sports d’équipe », indique Charles-Étienne White-Gosselin.

Ensuite, le chercheur croit que les sports collectifs pourraient être plus propices aux amitiés, car il y règne généralement un esprit de collaboration et d’entraide.

« Ces deux hypothèses restent à prouver », note le chercheur.

Chose certaine, les conclusions de l’étude pourraient servir les autorités de santé publique. Durant la pandémie, White-Gosselin travaillait à apporter la touche finale à son article.

« On a permis les sports individuels dans le but de régler les problèmes de santé mentale et moi, j’étais en train de rédiger mon étude, dit-il. Je lisais ça et j’étais un peu étonné. La littérature scientifique est assez claire là-dessus, ça fait de plus en plus consensus : ce sont les sports collectifs qui aident le plus les problèmes de santé mentale. »

1. L’article est intitulé Trajectories of team and individual sports participation in childhood and links with internalizing problems.