(Calgary) À l’hôtel, les employés le portent encore. Au restaurant, la majorité l’a abandonné. Et dans la population, il est devenu carrément marginal.

Depuis mardi dernier, en Alberta, le port du masque n’est plus obligatoire dans les lieux publics, à l’exception des transports en commun.

Il n’est bien sûr pas interdit. Mais comme ce sera le cas au Québec d’ici quelques semaines, il revient à chaque personne de décider si elle désire le porter ou non. Or, quand on est habitué à la politique du masque mur à mur, il y a une nécessaire adaptation, que découvriront bientôt les Québécois.

En suivant le Canadien sur la route, depuis le début de la saison, on a découvert les différentes règles en place dans les provinces canadiennes et les États américains. En novembre, j’écrivais moi-même à quel point un voyage à Detroit était déstabilisant vu la maigreur des restrictions en place.

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Puis, à la fin du mois de décembre, mon collègue Richard Labbé constatait que la Floride avait vraisemblablement tourné la page sur toute mesure contre le virus.

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Nous voici donc en Alberta, au début du mois de mars. Depuis le tout début de la pandémie, cette province est souvent perçue, du Québec en tout cas, comme la plus réfractaire à l’imposition de mesures sanitaires strictes.

Le gouvernement conservateur de Jason Kenney a presque systématiquement été le dernier à serrer la vis et le premier à la desserrer. Ici, le passeport vaccinal n’est plus exigé depuis bientôt un mois.

Cette gestion de crise largement différente de celle du gouvernement Legault a contribué à alimenter la vieille réputation de « Texas du Nord » que traînait déjà l’Alberta, berceau canadien du rodéo et de l’exploitation pétrolière. « Pas la Floride du Nord, quand même ! », s’est exclamé à ce sujet un employé des Flames de Calgary après un faux pas du représentant de La Presse lors d’une conversation impromptue sur la question de la gestion de la pandémie. Nos excuses sincères semblent avoir été acceptées.

Une visite à Calgary contribue à nuancer la perception presque caricaturale qu’on peut se forger. Le barista qui préparait mon latté à fort prix dans un café branché en m’expliquant gentiment que ça ne lui faisait pas un pli si je portais mon masque ne partageait pas grand-chose avec les stéréotypes grossiers que je me faisais des lieux. Un peu gêné, je me sentais soudain comme ce touriste français déçu de ne pas trouver de traîneaux à chiens en libre-service sur le boulevard René-Lévesque à Montréal.

Pendant qu’on y est, le centre-ville de Calgary est franchement joli. Si vous n’y êtes jamais allé, imaginez un petit Toronto. Genre.

Il y a tout de même des réflexes à réapprivoiser dans la vie sans masque. Se lever de sa table pour mettre du sucre dans son café, deux mètres plus loin, sans aucun humain à croiser en chemin, se révèle étrangement libérateur. À l’inverse, dans une salle de presse bondée après l’entraînement matinal du Canadien, j’ai suivi l’exemple d’un collègue et enfilé mon masque. Un pas à la fois.

PHOTO MARC-ANDRÉ PERREAULT, FOURNIE À LA PRESSE

Mêlée de presse suivant l’entraînement matinal du Canadien, jeudi

L’expérience ne durera pas longtemps, car je m’envole vendredi matin en direction d’Edmonton, où la Ville a décidé de continuer à imposer le port du masque dans les lieux publics. Furieux, Jason Kenney a annoncé qu’il souhaitait modifier la loi afin de retirer aux municipalités le pouvoir d’imposer leurs propres restrictions en matière de santé publique. Une bonne vieille chicane de compétences ? Oui, monsieur.

On vous en redonne des nouvelles, en espérant que la ville ne soit pas à feu et à sang à notre arrivée.