(Detroit) Recommencer à suivre le Canadien sur la route, c’est forcément voyager de nouveau aux États-Unis. Et voyager aux États-Unis, c’est découvrir une gestion de la pandémie de COVID-19 à géométrie plus que variable.

On le constate d’abord à l’aéroport. Nos voisins du Sud requièrent de tous les voyageurs qui arrivent sur leur territoire par voie aérienne qu’ils fournissent un test de COVID-19 négatif. Et depuis le 8 novembre, date de réouverture de la frontière terrestre, une preuve de vaccination est requise.

Je rentre de mon deuxième passage aux États-Unis en un mois, tous deux effectués en avion. Aucun douanier, ni à Vancouver ni à Toronto, ne m’a demandé quelque document que ce soit. J’aurais donc pu être non vacciné et non testé, voire atteint de la COVID-19, et traverser la frontière sans que personne ne le détecte. Des collègues d’autres médias ont toutefois été contrôlés, mais pas tous.

Va pour l’entrée. Une fois sur place, bonne chance pour savoir à quoi vous en tenir.

En mai dernier, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, en anglais), autorité fédérale de santé publique, ont annoncé que les personnes doublement vaccinées pouvaient fréquenter des lieux publics intérieurs sans masque. Or, devant la recrudescence des cas, l’organisme a modifié sa recommandation en juillet et suggère désormais le port du masque dans les zones à haut degré de transmission.

La majorité des États ont décidé de ne pas emboîter le pas. Parmi les exceptions, celui de Washington, lieu de mon premier arrêt de la saison.

À Seattle, les mesures sanitaires rappelaient celles du Québec. En ville, les restaurants et les bars demandaient une preuve vaccinale, et tous les lieux publics intérieurs exigeaient le port du masque. Ce qui incluait le Climate Pledge Arena, domicile du Kraken, où tous les spectateurs et travailleurs – y compris les journalistes – étaient masqués et devaient présenter une preuve vaccinale pour entrer dans l’édifice.

Déplacement vers le sud, à San Jose, en Californie : copier-coller de Seattle. Rien de dépaysant, donc.

Des chiffres alarmants

Est ensuite arrivé mon deuxième voyage de la saison, à Detroit, où le Canadien a joué samedi soir.

C’est le jour et la nuit, tout simplement. Par moments, c’est à se demander s’il y a encore une pandémie au Michigan. Les chiffres disent pourtant le contraire. L’État est parmi les pires du pays en ce qui a trait aux cas quotidiens et aux hospitalisations (en valeur absolue et en moyenne par 100 000 habitants). Seulement 54 % de la population est vaccinée.

Dans le comté de Wayne, où se trouve Detroit, la transmission communautaire est décrite comme « élevée » par les CDC. La couleur rouge qui s’y rattache couvre toute la carte de l’État sur le site web de l’agence.

Or, les autorités locales ont choisi la suggestion. On « recommande » aux personnes non vaccinées de porter le masque à l’intérieur, sans toutefois l’imposer.

À l’hôtel, au restaurant, dans une boutique ou à l’aréna, la ligne directrice est la même : si vous ressentez des symptômes liés à la COVID-19, restez chez vous. Si vous n’êtes pas vacciné, portez un masque. Mais on ne vous demandera pas de nous fournir la preuve de quoi que ce soit.

À leur entrée dans un établissement licencié de la ville du rock, les représentants de La Presse et du Journal de Montréal se sont étonnés d’être les deux seules personnes de l’endroit à avoir gardé leur masque pour se rendre à leur table.

Même constat au Little Caesars Arena, domicile des Red Wings. Les joueurs, entraîneurs et employés de l’équipe locale circulaient librement entre le vestiaire et les aires communes sans masque. Et dans l’enceinte, les spectateurs masqués étaient l’exception plutôt que la règle. On les comprend un peu : sans obligation, la tentation est évidente.

Pour les matchs des Pistons, équipe de la NBA qui joue ses matchs au même endroit, on demande aux spectateurs assis dans les toutes premières rangées – à moins de 15 pieds du court – de porter un masque et d’être vaccinés. Les 20 000 autres personnes peuvent toutefois faire comme bon leur semble.

Après 20 mois d’efforts individuels et collectifs, c’est… déstabilisant ?

Reprendre la route à travers la LNH vient bien sûr avec la redécouverte d’une routine mise en veilleuse depuis longtemps. L’éloignement de nos proches, l’attente et les escales à l’aéroport, l’obligation de mettre de la crème dans son café… Mais le choc culturel lié à la COVID-19, lui, on ne l’avait pas tellement vu venir.