Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Appel à tous

Et vous, quel souvenir gardez-vous d’un évènement vécu au Stade olympique ?

Écrivez-nous

Guillaume Lefrançois

Ce n’est pas un match en particulier, mais la fin de saison 1997 en général. C’est l’année du Cy-Young de Pedro Martinez, mais surtout, de sa course vers la première saison de 300 retraits au bâton de l’histoire des Expos. Mon ami Mitcher et moi avons donc confectionné une quinzaine de pancartes de « K » que nous accrochions à la rampe dans les gradins du champ gauche. Nous tentions d’assister à chaque départ de Martinez à domicile, et à chaque retrait au bâton qu’il enregistrait, nous ajoutions un « K ». Mais ce qui en fait réellement mon meilleur souvenir, c’est que pendant un de ces matchs, j’ai rencontré deux gars, Dave et Stéphane, des gars de mon âge, de mon quartier, mais que je ne connaissais pas (Dave habitait même à un coin de rue de chez moi !). Des années plus tard, Stéphane, Dave, Mitcher et moi sommes encore membres des Expos, une équipe de la glorieuse Ligue Encore. Équipe à laquelle s’est ajouté, il y a trois ans, le confrère Olivier de Grosbois, notre chef de division temporaire aux sports. Personne n’a de plus beaux uniformes que nos chemises bleues des Expos des années 1980.

Mathias Brunet

IMAGE FOURNIE PAR MATHIAS BRUNET

Textes de Mathias Brunet, alors en quatrième secondaire secondaire, sur Joe Galat et Vince Phason

J’étais âgé de 14 ans et je jouais déjà les journalistes. J’avais pu établir un premier contact avec quelques joueurs des Concordes (le nom de l’équipe de football après la mort des Alouettes) lors de la présentation de l’équipe au Complexe Desjardins, et j’avais supplié par la suite le directeur des communications de l’équipe à l’époque, Richard Prieur, de me donner la chance de visiter d’autres joueurs pour de nouvelles interviews pour le compte du journal de mon école, le collège Beaubois. Des joueurs m’ont reconnu et ils trouvaient sans doute sympathique de voir un garçon de 4 pi 8 po et 80 lb prendre son rôle de journaliste aussi au sérieux. Les Concordes m’avaient donné la passion du journalisme et je ne ratais aucun de leurs matchs au Stade olympique. Après chaque rencontre, on nommait un joueur offensif et défensif par excellence. Celui-ci remontait au premier niveau du Stade pour rencontrer les fans par un minuscule ascenseur. Mon défi après chaque partie consistait à accéder au vestiaire, comme les vrais journalistes. Mais il fallait que l’un des joueurs « sympathiques » à ma cause se soit distingué lors du match. Ainsi, si c’était le cas, je pouvais redescendre avec lui dans l’ascenseur pour entrer dans le fameux vestiaire ! Jusqu’au jour où l’entraîneur-chef, Joe Galat, m’a signé sur un minuscule bout de papier une permission d’y entrer à ma guise ! Merci à mes meilleurs contacts, Vince Phason, Dwayne Wilson, Aaron Hill et Brian DeRoo, pour ces belles visites…

Jean-François Téotonio

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

Deux partisans de l’Impact entourant un fan du Club América, tous les trois avec des masques de luchadors mexicains

On va se le dire, la dernière fois que Montréal a eu une chance réelle de remporter un championnat, ce n’était pas l’été dernier avec le Canadien en finale de la Coupe Stanley contre un trop fort Lightning. Non, la dernière fois, c’était en 2015, au Stade olympique. L’Impact de Montréal avait l’occasion de faire ce qu’aucun club de la MLS n’a fait à ce jour : remporter la Ligue des champions de la CONCACAF. Il y avait 61 004 personnes au Stade en ce soir du 29 avril 2015 pour y voir l’Impact affronter le Club América, du Mexique. J’y étais avec ma copine, mon beau-frère, mon beau-père et un ami de la famille. Nos sièges étaient au haut du bol inférieur, juste en dessous de la partie supérieure. Lors du premier but du match, celui d’Andrés Romero pour l’Impact à la huitième minute, je me rappelle avoir espéré que le béton au-dessus de nos têtes tienne bon. Il y avait ces partisans montréalais entourant un fan de l’équipe adverse, tous les trois avec des masques de luchadors mexicains. Je les ai capturés et j’ai publié mon cliché sur Instagram. « Ce fut une chaude lutte ! », ai-je écrit, loin de me douter que je finirais par citer cette blague moribonde dans le journal La Presse. Le féroce Club América a fini par dérouler. Trois buts mexicains coup sur coup entre la 50minute et la 67e, pif paf pouf, et c’en était fait des espoirs montréalais. Mais le souvenir reste, même si je n’étais pas présent pour un des plus grands moments sportifs jamais vécus dans cette enceinte : le but de Cameron Porter, en quarts de finale, le mois précédent.

Richard Labbé

Je ne devrais sans doute pas écrire ça, mais voici : mes meilleurs souvenirs du Stade, c’est quand on allait, moi et les amis, y jouer au baseball. Pas dans une ligue organisée, là, mais en cachette, et de manière complètement illégale. C’était au début des années 1980, et le concept de sécurité n’existait pas vraiment, alors moi-même et les amis (salut, Pat Poliseno, salut, Steph Savard !), on entrait par le garage, puis à gauche, par la salle de chauffage. De là, on ramassait les balles qui traînaient par terre dans la cage des lanceurs située dans le garage, et ensuite, on allait sur le terrain, carrément, pour frapper et lancer des balles. On a fait ça un été de temps, quand les Expos étaient sur la route. On a fini par se faire prendre par des gardiens de sécurité, et une fois dans le bureau, le supérieur, ayant pitié de nous, nous a demandé pourquoi on faisait ça, et comment il pouvait nous aider à mieux passer notre temps. Je lui ai répondu que j’aimerais ça jouer au football pour les Alouettes. Il m’a donné un numéro, j’ai laissé un message. J’attends encore qu’on me rappelle.

Nicholas Richard

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

David Beckham lance son chandail à une jeune spectatrice au Stade olympique.

Le 12 mai 2012. Pas moins de 60 080 personnes étaient réunies au Stade olympique pour accueillir la légende anglaise David Beckham. J’y étais avec ma famille et mon équipe de soccer et ça demeure dans mon esprit le moment où j’ai compris à quel point on était choyés d’avoir une équipe membre de la MLS. J’ai beaucoup suivi le soccer dans ma jeunesse et les grands noms du foot comme Beckham, Drogba, Zidane, Kaka, Henry et Ronaldinho étaient plus grands que nature, voire inaccessibles. Alors voir Beckham et ses souliers roses à Montréal, contre l’Impact, était surréel. Enfin, j’avais la chance de voir à l’œuvre l’une des plus grandes vedettes de l’histoire du soccer et on n’a pas été déçus. L’ambiance était survoltée, le match a été chaudement disputé et Beckham a marqué sur un coup franc. Un souvenir impérissable et un moment d’anthologie pour le soccer québécois dont j’ai été témoin et duquel je me souviendrai longtemps.

Simon-Olivier Lorange

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le festival Metro Metro a eu lieu sur l’esplanade du Parc olympique en 2019.

J’adore le Stade olympique – davantage comme partisan sportif que comme contribuable, s’entend. C’est une structure qui m’impressionne, autant de l’extérieur, quand je marche sur son esplanade, qu’à l’intérieur, vu son immensité et son côté rétro qui offre un véritable voyage dans le temps. Je peine toutefois à trouver un moment unique qui se démarque plus que d’autres dans ma mémoire car, ce n’est pas une blague, j’en repars toujours comblé. J’ai en tête quelques matchs des Expos quand j’étais jeune ou, plus récemment, des joutes hors concours des Blue Jays. Une finale de l’Est des Alouettes à laquelle j’ai assisté comme partisan et une demi-finale que j’ai couverte comme reporter. Quelques matchs de l’Impact de Montréal, notamment un au cours duquel Didier Drogba avait imposé le respect à l’adversaire. Même la première présentation du festival Metro Metro m’avait tiré un petit pincement : Snoop Dogg qui chante devant la tour penchée, c’était très cool. Il ne manque plus que le Monster Spectacular à ajouter à mon palmarès et je serai un homme comblé.

Jean-François Tremblay

Ironiquement, ma mère, mon père et mon frère, que j’adore néanmoins, n’ont jamais vraiment été des fans de sport. Oh, Denis m’a bien emmené à la lutte quelques fois, j’ai touché à la ceinture de Bret Hart au Forum grâce à lui, mais c’est plus souvent mon grand-père Jacques qui me faisait vivre le sport en vrai. C’est lui qui m’a donné mon premier bâton de hockey (de collection, signé par Mario Tremblay, mais que j’ai détruit enfant à force de jouer avec lui. Il ne m’en a jamais tenu rigueur). Donc mon souvenir du Stade, c’est cet après-midi à regarder les Expos avec mon grand-père. Je ne me souviens pas de l’année, probablement 1991. Il avait acheté des billets collés sur le troisième but, qui ne devaient pas être donnés à l’époque. J’avais apporté ma vieille « mitte » de cuir, un legs qu’il m’avait fait (et que je garde encore précieusement, comme souvenir). Je lui avais demandé pour le piéger le surnom d’Andres Galarraga. Il avait évidemment donné la bonne réponse, le « Gros Chat ». Je lui ai répondu, jubilant de son « erreur », que son surnom était « Gant d’or »… parce que c’était ainsi que sa carte de joueur était coiffée après son titre de l’année précédente. Il ne m’a pas repris, lui. Merci, grand-papa, pour le cadeau du sport.