Cette semaine, on a enrôlé deux chroniqueurs plutôt qu’un pour répondre à une question complexe concernant les lois dans l’aréna. Vous avez d’autres questions ?

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La loi dans l’aréna

La jurisprudence au hockey a été bien documentée lors d’une blessure extrême. Or, des parties de hockey de ligue de garage sont parfois le théâtre de coups violents, mais sans conséquences "extrêmes". Existe-t-il une jurisprudence pour des cas d’assaut, de coup de bâton, de bataille sans consentement ? Ultimement, est-ce qu’un joueur peut signaler un coup dangereux ?

Marc Brodeur

Réponse d’Yves Boisvert

Au hockey comme dans tous les sports de contact, les participants acceptent les risques normaux liés au sport. Si, par contre, un joueur dépasse les bornes et commet un geste illégal, il peut être civilement responsable des dommages qu’il a causés. Même si c’est une ligue avec contact, il n’est pas permis de sauter sur quelqu’un par-derrière ou de lui donner un coup de bâton. Oui, il y a plusieurs cas dans la jurisprudence de joueurs amateurs, parfois même mineurs, condamnés à payer des dommages-intérêts à un joueur qu’ils ont blessé par un acte fautif. Ils ont poursuivi le joueur au civil. Il y a aussi des cas de condamnation criminelle (l’un n’exclut pas l’autre), y compris dans la Ligue nationale, pour des agressions à coups de bâton ou des voies de fait. En pareil cas, il faut porter plainte à la police. La difficulté dans tous les cas est de prouver l’acte fautif ou, plus difficile encore, criminel (il faut démontrer une intention ou une insouciance sérieuse). En l’absence de vidéo, les témoignages peuvent suffire, mais ce n’est pas toujours facile à établir. Bref, oui, la responsabilité civile et le droit criminel s’appliquent sur une patinoire comme dans la rue, même si on est tenté d’en douter en regardant certains matchs…

Réponse d’Alexandre Pratt

Contrairement à une idée préconçue, non, un aréna de hockey n’est pas une zone de non-droit. Les joueurs lésés peuvent porter plainte à la police s’ils estiment avoir été victimes d’un acte illégal. D’ailleurs, un joueur d’une ligue senior vient d’être condamné à neuf mois d’emprisonnement dans la collectivité pour avoir attaqué un adversaire pendant une partie disputée à La Tuque. De la même façon, un arbitre peut aussi porter plainte s’il est victime d’une agression. C’est arrivé il y a quelques années à l’Île-du-Prince-Édouard, où un joueur de 18 ans a été condamné à 30 jours de prison pour avoir frappé un officiel au visage.

Le boni du champion

Les gagnants de la Série mondiale reçoivent-ils un boni ?

Jacques Tanguay

Réponse d’Alexandre Pratt

Oui. La somme est basée sur les revenus générés par la vente des billets pendant les séries éliminatoires. En 2019, les membres des Nationals de Washington s’étaient partagé une cagnotte d’environ 30 millions. Selon la tradition, les joueurs tiennent un vote pour décider quels autres employés de l’organisation auront aussi droit à un boni.

La question des masques

Pouvez-vous m’expliquer pourquoi les entraîneurs de hockey doivent porter le masque pendant les matchs ? C’est un peu ridicule considérant qu’ils passent la majeure partie de leur temps avec leurs joueurs et que ceux-ci leur expirent des aérosols pendant les matchs, non ? Merci !

Patrick Montpetit

Réponse de Guillaume Lefrançois

Bonjour, monsieur Montpetit. Merci pour votre question. Vous remarquerez que les entraîneurs du Canadien portent seulement leur masque (ou leur couvre-menton, si vous êtes cynique) au Canada. Dans les quatre matchs du Tricolore dans l’Ouest américain, les entraîneurs ne portaient pas de couvre-visage. C’est que le protocole de la LNH demande aux joueurs et aux entraîneurs de se plier aux règles locales. Au Québec, le masque demeure obligatoire dans les lieux publics fermés où la distanciation de deux mètres ne peut pas être respectée. Aux États-Unis, le port du masque est recommandé à l’intérieur pour les personnes qui sont adéquatement vaccinées, mais pas exigé. Cela dit, ces mesures sont faciles à appliquer quand l’équipe est sur la patinoire, mais un peu moins quand tout le monde est dans le vestiaire, derrière les portes closes…

Le cirque du Canadien

On parle souvent du cirque médiatique autour du Canadien en comparaison avec des marchés où le hockey n’est pas roi, comme Columbus ou la Floride. Mais peut-on chiffrer ce cirque médiatique ? Combien de journalistes assistent à un match à domicile du Canadien, comparativement à un match à domicile de Columbus ou de la Floride ?

Jean-Philippe Deschênes-Gilbert

Réponse de Guillaume Lefrançois

C’est assez difficile à juger en ce moment, puisqu’on mesure encore mal les conséquences de la pandémie sur la couverture en personne des activités d’une équipe. À l’entraînement matinal des Sabres, à Buffalo, le jour du match contre le CH, il y avait une dizaine de collègues de la place, un chiffre qui inclut toutefois les employés des Sabres qui travaillent pour leur site web. À Los Angeles, le matin d’un match contre les Jets, ils n’étaient que quatre : deux employés des Kings, l’analyste à la radio et un journaliste qui travaille pour cette même station. Après le match, ils étaient une douzaine, mais il y avait de vrais journalistes, cette fois. Après un match au Centre Bell, il peut y avoir de 15 à 20 journalistes présents aux conférences de presse du CH. En tout, en calculant les diffuseurs, on parle d’une quarantaine de membres des médias montréalais à un match. Sur la route, le Canadien est généralement suivi par environ huit journalistes de Montréal, en plus des descripteurs et analystes à la télévision et à la radio, en français et en anglais. Évidemment, le fait que les médias des deux langues suivent l’équipe augmente forcément le nombre de scribes affectés à la couverture…

CONCACAF

Q. Je suis un fan de foot et j’ai des billets de saison pour le CF MTL, mais j’ai de la misère à comprendre tout le fonctionnement de la CONCACAF League et de la Ligue des champions de la CONCACAF.

Jonathan Mondion

Réponse de Jean-François Téotonio

La Ligue des champions de la CONCACAF est l’équivalent de la Ligue des champions de l’UEFA, c’est-à-dire une compétition prestigieuse que se disputent les meilleurs clubs de la région dont s’occupe la confédération. Un club canadien jouant en MLS peut se qualifier en remportant la Coupe MLS, en ayant amassé le plus de points pendant la saison régulière ou alors en remportant le Championnat canadien. Les mêmes options s’offrent aux clubs américains, en remplaçant le Championnat canadien par la Coupe Lamar Hunt.

Ça se complique un peu lorsqu’on parle de la Ligue de la CONCACAF. En gros, il s’agit d’une compétition de second ordre organisée par la CONCACAF pour qualifier plus d’équipes à la Ligue des champions. Les six meilleures équipes, donc les quatre demi-finalistes ainsi que les deux meilleures quarts de finalistes, passent dans la grosse Ligue des champions. C’est pourquoi le Forge de Hamilton, club de CPL que le CF Montréal a éliminé en Championnat canadien, a tout de même pu se qualifier en Ligue des champions en passant en demi-finale de la Ligue de la CONCACAF. C’est donc dire que Montréal pourrait ne pas se qualifier pour la Ligue des champions s’il perd contre Toronto dimanche prochain, alors que le Forge y serait.

Vous me suivez ? Si ce n’est pas le cas, n’ayez crainte : la Ligue de la CONCACAF sera abolie après la saison 2022 alors que la confédération entamera une refonte complète de ses compétitions.

Des arbitres et des bâtons

Pourquoi les arbitres laissent-ils traîner un bâton brisé sur la glace pendant que le jeu se poursuit ? Pourquoi ne le ramassent-ils pas ? Ça ne fait pas partie de leurs fonctions ?

Laurent

Réponse de Simon Drouin

Effectivement, ça ne fait pas partie de leurs fonctions. La tâche primordiale des arbitres est de suivre le jeu. Techniquement, ils auraient en effet parfois le temps de ramasser un bâton brisé. Mais imaginez s’ils manquaient une pénalité en effectuant ce geste. Au rythme où se déroule le jeu, toute leur attention doit être portée sur le déroulement de l’action. C’est aux joueurs de rester attentifs à ce qui se trouve sur la glace. Ceux-ci ont cependant le droit de déplacer un bâton ou une pièce d’équipement errant si cela ne nuit pas à un joueur adverse, auquel cas ils recevraient une pénalité.