Les Pékinois qui voulaient faire un coup d'argent rapide en louant leur appartement à gros prix pendant les Jeux ont déchanté. La manne étrangère n'est simplement pas au rendez-vous.

Parlez-en à l'agent immobilier Hu Shuanglong. Dans son complexe de Wudaokou, pas très loin des sites de compétition, plus d'un propriétaire sur cinq avait mis son appartement en location pour de courts séjours au début de l'été. Des propriétaires ont même obligé des locataires à quitter les lieux pour profiter des dollars des étrangers.

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Aujourd'hui, les propriétaires se sont ravisés. «Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont demandé des appartements», donne-t-il comme explication. Et les appartements qu'on devait louer à court terme sont de retour sur le marché du long terme.

Même son de cloche chez Sinohousing.com, une agence immobilière qui aide à la location d'appartements ou de résidences. «Des propriétaires ont baissé leurs prix. Il y a beaucoup, beaucoup d'appartements disponibles», explique l'agente Jana Yang.

Ce qui est vrai pour les appartements particuliers l'est aussi pour les hôtels. Les dernières données font état de taux de réservation très bas dans l'hôtellerie. Pour les quatre-étoiles, il était de 45,5% à la mi-juillet. Pour les trois-étoiles et moins, les autorités n'ont pas dévoilé de chiffres, mais ont dit que c'était encore plus bas. Pour les cinq-étoiles, le taux d'occupation est de 78%. Les autorités ont dit de ne pas paniquer, que de nombreuses personnes avaient des billets pour les compétitions sportives, mais n'avaient pas encore réservé leur hôtel.

Le Québécois Olivier Rochefort, directeur des opérations au Radisson SAS, fait partie des dirigeants d'hôtels chanceux qui ont pu prendre des vacances en toute quiétude cet été. Son hôtel est réservé au complet depuis 2002 pour les délégations des pays nordiques.

Pour certains de ses collègues, c'est plus difficile. «Il y a des chambres disponibles un peu partout», confie celui qui reçoit des appels de dirigeants d'hôtels à la recherche de clients qu'il ne peut plus loger.

Les prix demeurent élevés, mais les restrictions sur le nombre minimum de nuits que les clients devaient réserver pour obtenir une chambre sont tombées au fur et à mesure qu'il devenait clair que les Jeux ne seraient pas la manne attendue pour l'industrie pékinoise.

En fait, selon le Bureau du tourisme de la capitale, il y aura de 400 000 à 450 000 touristes étrangers en août dans la ville. L'an dernier, Pékin en a reçu 420 000. C'est donc possible qu'on se retrouve avec des Jeux qui attirent moins de touristes étrangers qu'une année normale.

Difficile d'obtenir un visa

Ces prévisions s'expliquent beaucoup par la délivrance de visas chinois rendue plus difficile depuis les manifestations lors du passage de la flamme olympique en Europe et aux États-Unis ce printemps. Depuis, Pékin répète que sa priorité est d'offrir des Jeux sans incident et de garder les «forces hostiles» à l'extérieur du pays.

D'ailleurs, note M. Rochefort, dès les mois de juin et juillet, il a pu percevoir une baisse de sa clientèle. Il avait anticipé une réduction de 10% par rapport à l'an dernier, parce qu'il y a toujours une baisse avant les JO, dit-il. La diminution pour les deux derniers mois a plutôt été de 20%, le double.

La Presse a tenté d'obtenir des prévisions du nombre de touristes étrangers pour l'ensemble de la Chine et la ville de Shanghai pour le mois d'août. Dans les deux cas, on nous a répondu que ces prévisions n'existaient pas.