Le vétéran australien Greg Norman a pris le commandement de l'Open de Grande-Bretagne en domptant un vent très fort qui a fini de ruiner les chances de nombreux favoris, samedi lors de la 3e journée.

Ce matin, Greg Norman doit digérer difficilement son bol de céréales. L'Australien de 53 ans mène l'Omnium britannique par deux coups. Probablement sa dernière chance de gagner un titre majeur.

S'il réussit, il deviendra le plus vieux gagnant d'un tournoi majeur, devant Julius Boros (48 ans, Championnat de la PGÀ en 1968).

«Je n'ai pas encore gagné, alors je ne prendrai même pas le temps de considérer ce genre de record», a-t-il lancé hier dans une entrevue diffusée sur le site officiel du tournoi.

Il avoue qu'il se sentait «nerveux» hier matin sur le premier tertre. Et que plusieurs doivent secouer leur tête en voyant son nom au sommet du tableau des meneurs.

«Les autres gars se demandent sûrement: qu'est-ce qu'il fait là?»

Le Requin a rarement paru aussi décontracté. Sur le parcours, il réussissait même à rire des conditions horribles, avec des rafales de 70 km/h.

«J'avais la tête en paix, a-t-il expliqué. C'est ce genre d'état d'esprit qui permet d'accomplir de grandes choses.»

Sa ronde de 72 constitue selon lui une «des trois plus difficiles» de sa carrière.

«Sur certains coups, il fallait viser de 60 à 80 verges à côté de la cible. C'était brutal.»

Sa performance exceptionnelle, Norman la doit beaucoup à son jeu de fer. Toute la journée, il contrôlait superbement sa distance et sa trajectoire. Un exemple parmi tant d'autres: un remarquable coup de fer 5 sous le vent, de 121 verges, logé à seulement 12 pieds au 5e trou.

Les nerfs du vétéran ont été testés très tôt hier. Au troisième trou, son roulé a effectué une rotation complète autour de la coupe avant de cruellement revenir vers lui. Après trois bogueys dans les six premiers trous, on craignait le pire. Mais il s'est accroché, terminant ses huit derniers trous à deux sous la normale. Au 18e, il a même failli caler son coup d'approche. Ça augure bien.

Rendez-vous avec l'histoire

S'il existe un Dieu interventionniste, Norman gagnera aujourd'hui. L'histoire le lui doit. Aucun autre joueur n'a essuyé autant de coups miracles de ses rivaux, autant de défaites crève-coeur et autant de déconfitures.

Norman compte deux titres majeurs en carrière (Omnium britannique de 1986 et 1993) et huit deuxièmes places. La plus cauchemardesque d'entre elles: le Tournoi des Maîtres en 1996, le dernier majeur où il menait après 54 trous.

Cette journée-là, le Requin ressemblait plus à une truite. Il s'était écroulé. Littéralement, au 15e trou.

Aujourd'hui, plusieurs espèrent lui refaire le coup de Nick Faldo au Tournoi des Maîtres en 1996 ou de Bob Tway au Championnat de la PGÀ en 1986.

Parmi eux, Padraig Harrington, qui l'accompagne dans le dernier groupe. C'est d'ailleurs lui que les preneurs au livre favorisent, à 3 contre 1. Norman vient derrière à 4 contre 1, suivi de K.J. Choi à 9 contre 2 et d'Anthony Kim à 22 contre 1.

La performance de Harrington surprend aussi. Mardi dernier, le champion défendant songeait à se désister à cause d'une blessure au poignet droit. Finalement, même la coriace herbe longue du Royal Birkdale n'a pas trop semblé le faire souffrir.

«Je suis heureux de mon pointage, a affirmé l'Irlandais à l'Associated Press. J'aurais pu jouer un peu mieux. Mais dans ces conditions difficiles, j'accepte avec plaisir (mon 72).»

K.J. Choi et Simon Wakefield forment l'avant-dernier groupe, précédés de Ben Curtis et Ross Fischer, et d'Alexander Noren et Anthony Kim.