Selon une étude, les hommes vivent plus de détresse depuis le début de la pandémie, mais ils tendent encore à le cacher. De nouveaux outils qui visent à les aider, eux et leurs proches, à mieux réagir et à les soutenir quand ça va mal sont maintenant offerts.

« Les proches soupçonnent souvent des choses [quand un homme de leur entourage vit de la détresse], mais ils ne sont pas trop sûrs de ce qu’ils devraient faire », explique Pierre L’Heureux, codirecteur de l’équipe de recherche Masculinités et Société, affiliée à l’Université de Montréal. Ce dernier a dirigé l’élaboration d’outils – qui ressemblent à des guides – destinés à l’entourage des hommes et qui contiennent des conseils de différents professionnels.

Ces outils, qui s’adressent directement aux hommes, à leurs proches ou à ceux qui sont appelés à intervenir auprès d’eux, ont été créés par l’équipe de Janie Houle, professeure au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal, dont Pierre L’Heureux fait partie. Il y a en tout six petits guides qui forment le projet « Coffre à outils pour hommes ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Pierre L’Heureux est codirecteur de l’équipe de recherche Masculinités et Société, affiliée à l’Université de Montréal.

Il y a eu un gros sondage qui est sorti dans la foulée de la crise de la COVID-19, et ça nous disait que les hommes avaient particulièrement souffert sur le plan émotionnel.

Pierre L’Heureux, codirecteur de l’équipe de recherche Masculinités et Société

Une étude du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal dévoilée début mai montre que près d’un homme montréalais sur cinq présente une « détresse psychologique élevée ».

Lisez l’article « Un homme sur cinq en ‟détresse psychologique élevée” à Montréal »

En pigeant dans le coffre, et avec les commentaires de Pierre L’Heureux, voici cinq façons d’accompagner un homme qui souffre.

1. Reconnaître les signes de détresse

« Les hommes ont encore le réflexe de cacher leurs difficultés », explique M. L’Heureux. Des signes qu’ils vont moins bien peuvent donc passer inaperçus. Soyez à l’affût s’ils deviennent irritables ou s’ils commencent à laisser tomber des choses importantes pour eux. Le site internet allume.org, du Centre de prévention du suicide de Québec (CPSQ), permet aussi de faire une autoévaluation de l’état général de la personne.

Consultez le site Allume.org

2. Approcher la personne, mais pas n’importe comment

« Plusieurs hommes sont plus à l’aise de parler de leurs difficultés en abordant des éléments physiques ou concrets plutôt que leurs émotions, peut-on lire dans l’un des outils. Certains auront davantage tendance à s’ouvrir lors d’une activité que vous vivez ensemble. » L’idée est de choisir le bon moment et le bon lieu pour discuter. Que ce soit en faisant une marche ou le soir après le travail, mieux vaut choisir un moment où il n’est pas intoxiqué, stressé ou débordé. « Allez-y avec votre instinct et votre bienveillance envers cette personne-là », conseille Pierre L’Heureux.

3. « Je m’inquiète pour toi »

« Il y a beaucoup de petites choses qu’on peut faire [pour aider la personne à aller mieux], explique M. L’Heureux. Par exemple, juste écouter, la faire parler, l’aider à mettre des mots sur ce qui se passe, sur ce qui ne va pas. »

Le chercheur admet qu’encore aujourd’hui, surtout chez les hommes de plus de 35 ans, le fait de moins bien aller est vu comme une faiblesse ou quelque chose de honteux. Dans la conversation, il est possible de mettre de l’avant la relation en utilisant le « nous », plutôt que le « lui ». Des phrases clés, comme « Je m’inquiète pour toi » et « J’ai besoin de toi », peuvent être employées. « C’est un peu le paradoxe chez certains hommes traditionnels, constate le chercheur. Ils sont réticents à le faire pour eux-mêmes, mais ouverts à le faire pour les autres. »

4. Faire attention à ne pas en prendre trop

« Il ne faut pas se mettre dans un rôle qui n’est pas le nôtre, ou se mettre de la pression, avertit d’emblée M. L’Heureux. Si vous avez des signes que ça ne va vraiment pas bien, il vaut mieux contacter un professionnel. »

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« Si vous avez des signes que ça ne va vraiment pas bien, il vaut mieux contacter un professionnel », rappelle Pierre L’Heureux.

« Voir votre ami, votre conjoint ou un membre de votre famille en difficulté pourrait vous affecter. Cependant, pour être capable de l’épauler, il ne faut pas négliger votre propre santé ou votre sécurité, peut-on lire dans l’un des guides. Allez chercher de l’aide pour vous en tant que proche et n’hésitez pas à consulter si vous en ressentez le besoin. »

5. Diriger vers les bonnes ressources et accompagner

Parmi les hommes consultés pour préparer ces outils, 33 % disaient qu’ils n’étaient pas à l’aise de consulter, mais que si quelqu’un les accompagnait, ça aiderait, explique M. L’Heureux. « Si c’était l’ordinateur dans leur auto qui était brisé, les hommes n’hésiteraient pas à aller chez le mécanicien », remarque le chercheur. Il faut rappeler que c’est important avec la santé mentale aussi.

Si la personne montre une ouverture, il peut valoir la peine de l’accompagner pour trouver une ressource. Le Coffre à outils propose à cet effet une liste, incluant des sites destinés aux personnes issues de la diversité sexuelle.

M. L’Heureux encourage aussi à ne pas oublier les fraternités, comme les Alcooliques Anonymes, qui offrent du soutien pour une variété de problèmes.

Consultez le site interligne.co pour les personnes concernées par la diversité sexuelle Consultez l'outil à l’intention des hommes Consultez l’outil à l'intention des proches Consultez le « Coffre à outils pour hommes »

Quelques ressources

Le Centre de ressources pour hommes de Montréal a récemment mis en place une ligne d’écoute au 1 833 OSE-CRHM.

Si vous avez besoin de soutien, si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553) ou encore Tel-jeunes (1 800 263-2266). Un intervenant est disponible pour vous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.