Être parent d’un jeune enfant comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : des conseils pour intervenir auprès de son enfant de 5 ou 6 ans qui boude le camp de jour.

Ça y est, la routine estivale est enclenchée ; notre enfant est au camp de jour, mais sa première semaine est encore loin d’être terminée qu’il ne veut déjà plus y aller. Que faire ?

« D’abord, il faut commencer par comprendre pourquoi il réagit négativement », estime la psychoéducatrice Solène Bourque, qui est aussi autrice et consultante pédagogique.

« À 5 ou 6 ans, les enfants vont avoir de la difficulté à nommer exactement pourquoi ils ne sont pas bien. Ils vont dire : “J’aime pas ça.” Le camp de jour, c’est un changement. Souvent, les animateurs vont être des jeunes de 17 à 22 ans qui sont très dynamiques, mais qui n’auront pas nécessairement le côté maternant ou un peu plus enveloppant d’un enseignant de maternelle. Donc c’est certain que c’est une autre dynamique que l’école ou la garderie », dit-elle.

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La psychoéducatrice Solène Bourque

Chaque enfant réagit différemment dans cette situation ; et s’il a commencé le camp de jour sans avoir eu du temps pour décompresser après la fin des classes, par exemple, il se peut qu’il ne soit pas ouvert à retourner dans une structure, avance Solène Bourque. Il pourrait également être déstabilisé par le fait d’être dans un grand groupe ou de ne pas avoir retrouvé ses amis.

La plupart des enfants vont vivre une période d’adaptation de quelques jours parce que c’est de la nouveauté pour eux. C’est normal qu’ils réagissent et on ne peut pas se dire, après trois jours : “OK, ça ne fonctionne pas, on arrête tout.”

Solène Bourque, psychoéducatrice

La psychoéducatrice conseille souvent aux parents, que ce soit après l’école, la garderie ou le camp de jour, de revenir sur la journée en trouvant des moments « soleil » et des moments « nuages ». « Il faut trouver des choses positives dans les journées. Qu’est-ce qui a été difficile aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a bien été ? Ça ne se peut pas, une journée où il y a juste des nuages. »

PHOTO FERRANTRAITE, GETTY IMAGES

Le camp de jour permet de développer la créativité et l’autonomie des enfants.

On pourra alors se concentrer sur ce qui a plu à l’enfant pour le motiver le lendemain, quitte à parler aux animateurs et responsables pour voir s’il ne pourrait pas observer ou servir d’assistant durant les activités qui posent problème.

« Ce qu’on veut, c’est que l’enfant vive des expériences positives au camp de jour. Ils sont souvent en contact avec la nature, ça leur permet de développer leur créativité et une certaine autonomie, d’être en contact avec des enfants différents de ceux qu’ils ont connus à l’école, dans une structure qui est beaucoup plus libre », souligne Solène Bourque.

Quand il faut passer au plan B

Étant donné que les camps de jour ne durent généralement que quelques semaines, si le malaise de l’enfant persiste au-delà de la première semaine, la psychoéducatrice croit qu’il pourrait alors être intéressant d’envisager une solution de rechange – par exemple, le faire garder par des membres de la famille élargie ou d’autres parents.

Si c’est impossible, on peut essayer de raccourcir ses journées au camp de jour ou encore le garder un jour par semaine à la maison, lorsque le télétravail est possible, que notre situation familiale ou financière le permet.

Comment l’occuper loin des écrans, dans ce cas-là ?

Il faut faire une différence entre le temps d’écran qui est passif et le temps d’écran qui est actif.

Solène Bourque, psychoéducatrice

« Un enfant qui est en train de regarder des vidéos sur YouTube, c’est du temps d’écran passif ; il est juste en train d’absorber du contenu. Alors que s’il est sur une application en train de faire un jeu d’association, de couleurs ou de regarder une vidéo éducative et d’apprendre les choses, c’est vraiment différent. »

Et plutôt que de lui donner la tablette dès qu’il la demande, par exemple, on peut lui suggérer de faire une activité pendant 15 à 30 minutes avant de la prendre ou garder ce temps d’écran pour les moments où on a une réunion importante.

« Sinon, dès qu’il a un moment d’ennui, la première chose à laquelle il pense, c’est la tablette, plutôt que la quantité de jeux dans sa salle de jeux ou aller jouer dehors. Au début, l’enfant va tourner en rond, mais après cinq minutes, il va faire quelque chose », dit-elle.

« On est de moins en moins tolérants à ce que l’enfant s’ennuie, estime la psychoéducatrice. Mais de l’ennui naît la créativité. Il faut permettre aux enfants de vivre des petits moments sans animation et sans écran. »

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