Être parent d’un enfant en bas âge comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses aux petits soucis du quotidien. Une fois par mois, La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire avec l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : comment aider son enfant à se construire une image de soi positive sans accorder trop d’importance à sa tenue vestimentaire.

Gabrielle est maman d’une enfant de 4 ans éveillée et sensible. « Ma fille est devenue extrêmement pointilleuse concernant ses habits et semble en détresse lorsqu’elle ne peut pas porter telle ou telle robe », nous écrit Gabrielle.

Sa fille a commencé à vouloir décider ce qu’elle porte pour aller à la garderie vers l’âge de 2 ans et le phénomène s’est accentué dans la dernière année ; d’autres enfants de son groupe sont très compétitifs et accordent beaucoup d’importance à ce que portent les amis, raconte la mère. « Est-ce que ce comportement est normal à son âge ? demande-t-elle. Que puis-je faire pour calmer les décisions stylistiques le matin et m’assurer que ma fille se sente sûre d’elle-même sans porter autant d’importance à son apparence ? »

Déjà, autour de 3 à 5 ans, les enfants commencent à porter plus d’attention à leur image corporelle, à leur façon de s’habiller ainsi qu’au regard de l’autre, explique la psychoéducatrice Mélanie Bilodeau, autrice du livre Soyez l’expert de votre bébé.

On a tendance à parler beaucoup plus de perception de soi chez les enfants plus vieux, mais ça commence dans la petite enfance.

Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

La psychoéducatrice Mélanie Bilodeau

Dans un cas comme celui-ci, le parent doit avant tout résister, à son avis, à l’envie de raisonner l’enfant (« On va mettre une autre robe, ne fais pas tout un plat avec ça… »).

« Quand on fait ça, on jette de l’huile sur le feu ; l’enfant qui est anxieux va complètement se fermer et on va augmenter sa rigidité. Il a besoin de se sentir accueilli et validé dans son émotion », indique la psychoéducatrice, qui recommande aux parents de commencer par aider l’enfant à identifier la façon dont il se sent (triste, en colère…).

Ce sera ensuite au petit de trouver la solution au problème. « On peut lui dire, par exemple : “Je te comprends, c’est vrai qu’elle est belle, cette robe-là. Qu’est-ce qu’on fait ? » Comme ça, on redonne le pouvoir à l’enfant », illustre Mélanie Bilodeau.

Valoriser les qualités personnelles plutôt que l’apparence

La meilleure façon de prévenir ces situations le matin reste néanmoins, selon elle, de laisser l’enfant choisir ses vêtements la veille. « Quand on prévient, c’est beaucoup plus facile que de gérer sur le moment. Le matin, on gère le moins d’affaires possible ; c’est déjà stressant pour tout le monde et on ajoute à ça le facteur émotionnel — “Je n’ai pas le goût d’aller à la garderie, tu m’as réveillé plus tôt, je suis fatigué…” », estime la psychoéducatrice.

L’enfant qui choisit ses vêtements (y compris lors de l’achat) a également l’occasion de mettre de l’avant sa personnalité et ses opinions, souligne Mélanie Bilodeau. « Les enfants s’affirment comme ça. Et c’est ultra-important pour le reste de leur vie. »

Si je ne peux même pas exprimer mes goûts à travers mes vêtements, comment je vais faire plus tard pour dire à l’autre que je n’aime pas ça quand il est dans ma bulle ou quand il me parle comme ça ?

Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice, en parlant des enfants

Et lorsqu’un adulte complimente l’enfant sur sa robe ou son chandail, le parent a tout intérêt à « recadrer » le commentaire en notant que c’est l’enfant qui l’a choisi lui-même — en mettant donc l’accent sur sa capacité à choisir, plutôt que sur son apparence. « Ça se fait de dire aussi : “Grand-maman, grand-papa, au lieu de dire à William : elle est belle, ta salopette, parlez-lui de ses qualités — il est toujours souriant, par exemple.” »

« La meilleure façon d’amener l’enfant à avoir une image de soi positive, c’est de valoriser le processus, la persévérance et l’effort, plutôt que le résultat », conclut la psychoéducatrice.

Consultez le site de Mélanie Bilodeau

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