Une main sur la bouche, le teint plus rosé qu’à l’ordinaire et le regard assez humide pour que ça saute aux yeux à la caméra de Radio-Canada, Gilles Duceppe rayonnait de fierté devant l’élection de son fils Alexis comme député bloquiste de Lac-Saint-Jean. Ça va de soi. Ce qui est moins courant, c’est que dans le contexte pas du tout intime d’une soirée électorale, le fils a lancé à son père un « Je t’aime !  » aussi spontané que retentissant.

Un « Je t’aime » ? Une demi-douzaine, en fait.

« Moi aussi, je t’aime beaucoup », a fini par articuler Gilles Duceppe, cherchant à contenir ses émotions.

La scène en a ému plus d’une et plus d’un. Patrice Roy, animateur de la soirée électorale de Radio-Canada, a d’emblée précisé que c’était pour des moments comme ça qu’on choisit de faire de la télévision.

Raymond Villeneuve, du Regroupement pour la valorisation de la paternité (RVP), a aussi été touché par ce témoignage d’affection public. Il n’en est toutefois pas si surpris. Ce qu’il a vu à la télé colle parfaitement avec la réalité des pères d’aujourd’hui.

Avant, le père existait hors de la sphère domestique. Comme pourvoyeur notamment. « Maintenant, le père n’est pas seulement entré dans la maison, il a un rapport affectif avec ses enfants. Il crée un lien et se préoccupe de leur développement », explique-t-il.

Les pères ne veulent plus juste faire de l’entertainment, selon lui. « Ce qui les rend le plus fiers, c’est de voir leurs enfants se développer, réaliser leur potentiel, ajoute Raymond Villeneuve. Je pense que c’est ça qu’on voyait [lundi soir]. »

Le dernier sondage commandé par le RVP, dont les résultats ont été dévoilés l’hiver dernier, est en effet très clair à ce sujet. Voir ses enfants se développer, apprendre des choses et relever des défis sont les principales sources de satisfaction et de fierté des pères de notre époque. En particulier chez les papas de plus de 55 ans et ceux qui ont des enfants de plus de 18 ans. Comme Gilles Duceppe.

« Avant, les pères aimaient aussi leurs enfants, mais différemment », expose le directeur général du RVP. Ceux d’aujourd’hui jugent que leur rôle est bien plus de prodiguer des soins et du soutien aux enfants que d’agir comme guide ou être un pourvoyeur. « Ça ouvre sur des moments comme ça, qui n’étaient pas possibles avant », conclut Raymond Villeneuve.