Recomposer sa famille avec un nouveau conjoint, c’est comme fusionner une entreprise de fromage bio à un garage de mécanique générale, selon Marie Montpetit. Tout un défi, autant pour les patrons que pour les employés. Dans Réussir sa famille monoparentale et recomposée, l’intervenante psychosociale donne des pistes de réflexion. En voici huit.

Ne pas négliger la monoparentalité

S’accorder d’abord une période de monoparentalité après la rupture conjugale est « extrêmement important », selon Marie Montpetit. « C’est une période de transition, pour vraiment comprendre ce qu’on veut et ce qu’on ne veut plus, indique-t-elle. C’est une pause, comme quand on met un film sur pause parce qu’il vient trop nous chercher. On va décanter et après, on continue. Si on ne prend pas ce temps d’arrêt, on va reproduire le même pattern. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Marie Montpetit, intervenante psychosociale et auteure 
de Réussir sa famille monoparentale et recomposée

Comparer les valeurs

Après être resté seul (pendant au moins un ou deux ans, recommande Marie Montpetit), on rencontre un nouvel amoureux. Avant de songer à joindre les deux nids, il faut que chacun dresse la liste de ses valeurs, priorités et croyances. Puis, les deux adultes doivent comparer leurs listes. « Si pour vous, la première valeur de base, c’est le respect, et que pour votre nouveau conjoint, le respect vient en huitième place, ça va clasher, illustre Marie Montpetit. Il faut établir les bases de façon solide avant de dire : “j’ai le goût de m’investir avec cette personne-là”. Ça peut être un excellent conjoint, mais en vivant à deux adresses différentes. »

Fréquenter les enfants

« S’il vous plaît, avant d’être en recomposition familiale, allez faire des activités avec le nouveau conjoint et ses enfants, et vice versa, implore Marie Montpetit. Pas juste une fois ou deux ! Observez comment il agit avec ses enfants. Si vous n’êtes pas en accord, quand vous allez vivre à la même adresse, il va y avoir des conflits. » L’intervenante recommande aussi les échanges, non pas de couples (!) mais d’enfants. « C’est important pour Paul d’emmener les enfants de Lise, sa nouvelle conjointe, faire une activité, illustre-t-elle. Ça permet de tisser des liens. » Pareil pour Lise, qui doit faire une sortie avec la progéniture de Paul. « Si Lise a de la misère avec l’enfant de Paul, je regrette, mais n’allez pas en famille recomposée », tranche Marie Montpetit.

Établir des règles claires

Quand la décision est prise, les parents doivent établir des règles communes. Le mieux est de respecter le truc des cinq C : toute règle doit être claire, concise, constante, cohérente et conséquente. Offrir un cadre et une routine aux enfants est essentiel pour les aider à s’adapter (encore une fois) à une nouvelle vie.

Impliquer les enfants

Convoquer un conseil de famille est judicieux, pour que tous discutent des règles et les adoptent. Les adultes peuvent carrément dresser un ordre du jour (avec un point varia pour ajouter les préoccupations des enfants) et veiller à ce que tous se retrouvent le dimanche à 11 h pour en discuter. « C’est important, pour que tout le monde se sente partie prenante, observe Marie Montpetit. On affiche ensuite les règles sur le frigo et après un mois, on les revisite. »

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Réussir sa famille monoparentale et recomposée, de Marie Montpetit

Pas de nouveaux parents

« Le nouveau conjoint n’est pas le nouveau parent de l’enfant, rappelle l’intervenante. Malgré le fait que vous désirez une recomposition familiale, l’enfant aura toujours ses deux parents. » Pendant un court laps de temps, par exemple s’il rentre plus tôt du boulot, le nouveau conjoint peut être responsable de la sécurité dans la maison. « S’il arrive quoi que ce soit, il dit quelle est la règle, indique Marie Montpetit. Mais c’est au parent d’établir la conséquence. Quand on est en famille recomposée, ce n’est pas à l’autre adulte de vérifier les devoirs des enfants. On est tous des parents responsables. Il y a d’ex-conjoints, mais il n’y a pas d’ex-parents. »

Célébrer les bons coups

Mère de trois enfants adoptés, donc en quelque sorte membre d’une famille où parents et enfants se sont recomposés, Marie Montpetit a longtemps organisé des « galas des bons coups » à la maison. Le concept : chaque membre de la famille doit nommer une qualité ou un « bon coup » de chacune des autres personnes autour de la table. Parents et enfants doivent jouer le jeu. « C’est utile pour l’estime de soi et pour reconnaître le bon chez l’autre », souligne l’intervenante.

Préserver le couple

Sans s’embrasser comme des adolescents fougueux, il est essentiel que les nouveaux conjoints puissent se prendre dans leurs bras devant la famille recomposée. Cela peut être dérangeant pour un enfant, à qui il faut expliquer que cela ne menace pas l’amour que lui porte son parent. « Il faut aussi se garder des moments d’intimité ensemble, quand les enfants sont couchés ou qu’ils ne sont pas là, souligne Marie Montpetit. La famille recomposée demande une adaptation si pesante que c’est important de préserver le couple, d’entretenir la flamme. Sinon, on va se perdre encore une fois. »

Réussir sa famille monoparentale et recomposée, de Marie Montpetit, Éditions La Semaine, 176 pages.