Le nombre d’abandons d’animaux domestiques a connu une forte hausse depuis le début de l’année, par rapport à la même période en 2022, selon la SPCA de Montréal. L’organisme, qui soupçonne le contexte économique et, a fortiori, immobilier, de causer une telle situation, redoute une déferlante de délaissements en vue de la période critique des déménagements.

En comparant le nombre d’animaux placés sous son aile lors des quatre premiers mois de 2023 avec celui enregistré sur la même tranche du calendrier en 2022, la SPCA de Montréal a annoncé mardi constater une inquiétante hausse de 21 % des abandons. Les appels téléphoniques se sont également emballés, les réceptionnistes du refuge ayant reçu en moyenne 187 appels par jour entre avril et juin, et jusqu’à 255 appels dans les dernières semaines.

« On a près de 230 animaux de compagnie de plus qui ont été abandonnés par rapport à l’année dernière. C’est énorme », déplore Laurence Massé, directrice générale adjointe de la SPCA de Montréal. « On s’attendait à une vague d’abandons l’an dernier quand la pandémie s’est terminée, mais jamais on ne se serait attendus à une hausse plus forte cette année », dit-elle, précisant que l’organisme abrite actuellement une centaine de chats en refuge, une trentaine de chiens et autant de petits animaux (comme des rongeurs), et compte plus de 450 animaux placés en famille d’accueil.

C’est déjà beaucoup… et le 1er juillet n’est pas encore arrivé.

Laurence Massé, directrice générale adjointe de la SPCA de Montréal

Les petits félins sont particulièrement concernés par la hausse, mais aussi, dans une moindre mesure, les profils de chiens dits « de pandémie », adoptés comme chiots pendant les confinements, et ainsi potentiellement mal socialisés ou souffrant d’anxiété de séparation.

Inflation et immobilier dans les pattes

L’organisme soupçonne la situation économique et la hausse du coût de la vie comme facteurs aggravants, ainsi que l’état du secteur immobilier québécois actuel (évictions, explosion des loyers, etc.). « Une des principales raisons d’abandon, c’est l’accès à des logements abordables qui acceptent les animaux. Oui, il y a recrudescence des abandons autour du 1er juillet, mais nous recevons tous les jours des animaux abandonnés pour des raisons de déménagement », précise la directrice générale adjointe.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

L’organisme abrite actuellement une centaine de chats en refuge, une trentaine de chiens et autant de petits animaux.

Les frais médicaux non anticipés font aussi partie de l’équation. « Dans un contexte économique d’inflation, les propriétaires d’animaux ont beaucoup de difficulté à les prévoir. Il n’est pas rare qu’ils abandonnent leur animal parce qu’ils n’ont plus les moyens de payer pour ces imprévus », poursuit-elle. Ce n’est donc pas forcément de gaieté de cœur que les propriétaires de chats ou chiens en viennent à se séparer de leur compagnon et à le confier à des refuges, lesquels assistent à des situations déchirantes au quotidien.

Endiguer les abandons

Il n’est un secret pour personne que la période des déménagements engendre une vague d’abandons chaque année. Au vu de l’augmentation de ces derniers au cours de la première moitié de 2023, la SPCA de Montréal redoute un tsunami à partir du 1er juillet.

Actuellement, plus d’un animal par jour est cédé à l’organisme pour cause de déménagement.

Or, chaque prise en charge engendre un coût moyen de 1000 $, de l’admission à l’adoption. La direction du refuge se tourne vers le public pour l’aider à absorber la gestion logistique et financière de l’afflux estival imminent, par le truchement d’adoptions bien encadrées et de dons. Constatant également une augmentation des animaux errants depuis le début de l’année, l’organisme incite également les foyers contraints de se séparer de leur compagnon à le faire auprès d’un refuge. « Ici, il n’y a pas de jugement. Cela permet de récupérer l’historique de l’animal et favoriser son adoption », insiste Laurence Massé.