Pas toujours évident de mettre la patte sur un logement locatif dans lequel les pitous ne sont pas canis non grata. À Québec, on a pris le chiot par les cornes avec la mise en marché imminente d’un complexe résidentiel d’une centaine d’appartements spécifiquement prévus pour y vivre avec ou entouré d’amis poilus.

C’est en se fiant à son flair que le groupe immobilier Logisco a mis sur pied dans l’ouest de la ville de Québec le projet du Muso, dont les appartements seront mis en marché en août 2023 et livrés à l’été 2024. Constatant que la recherche d’un logement à louer acceptant les chiens pouvait être un véritable parcours à obstacles, la direction de l’entreprise s’est lancée dans la construction de 109 appartements, disposés sur 7 étages, où les chiens seront accueillis à bras ouverts.

Gérant 6400 logis dans la région de Québec, Logisco n’accepte généralement pas les animaux dans ceux-ci, en raison de la cohabitation parfois épineuse entre locataires et d’infrastructures peu adaptées.

Dans les dernières années, surtout depuis la pandémie, on a vraiment vu monter la courbe du nombre de clients avec des animaux. Nos équipes se sont donc penchées sur un projet pour eux, qui s’adresse aussi aux gens qui n’en possèdent pas, mais apprécient leur compagnie, ou qui voudraient peut-être en avoir plus tard. Cela donnera aussi une option pour nos clients actuels qui souhaiteraient adopter un animal et pourraient être transférés au Muso.

Mélanie Simard-Veilleux, vice-présidente, expérience client, de Logisco

IMAGE FOURNIE PAR LOGISCO

Une projection du projet Muso, qui sera implanté à Québec, dans le secteur de L’Ancienne-Lorette

Outre des baux autorisant la présence de chiens de toutes tailles, les concepteurs ont sondé les éventuels besoins des futurs locataires, humanoïdes ou canidés, et planifié une palette de caractéristiques pour y répondre.

« À l’extérieur, on trouvera un parc canin de 3000 pi⁠2 environ, divisé en deux parties, une de 900 pi⁠2 pour les petits chiens et une autre de 2100 pi⁠2 pour les grands. Il y aura des abreuvoirs pour les chiens et des fontaines pour leurs maîtres, des distributeurs de sacs en cas d’oubli, un petit parcours d’agilité, des zones de soulagement avec un drain souterrain », énumère Mme Simard-Veilleux.

À l’intérieur seront prévus un salon de toilettage avec un bain-douchette, une table de travail où l’on pourra attacher l’animal, et des casiers pour ranger son matériel.

Le choix des matériaux prend également en compte les futurs locataires à museau, avec une construction en béton dotée d’une insonorisation supérieure, des structures durables pour résister plus longtemps aux griffes et aux crocs, et des revêtements imperméables dans les aires communes (céramique et tapis en Flotex).

PHOTO FOURNIE PAR LOGISCO

Véronique Roberge, vice-présidente, construction, chez Logisco, et Michel Parent, président de l’entreprise, accompagnés du chien Maurice, devant le chantier qui devrait s’achever en août

Avec un nombre élevé de canidés concentrés au même endroit, faudra-t-il craindre d’autres soucis de cohabitation ? « Cela a fait partie des discussions. Nous avons prévu un expert canin pour présenter des conférences sur la bonne cohabitation. »

On veut créer des communautés, il y aura des règlements, comme garder à jour le carnet de vaccination des animaux. On est assez confiants, habituellement, les propriétaires d’animaux ont tellement de misère à se loger qu’on pense qu’ils seront plus enclins à cohabiter harmonieusement.

Mélanie Simard-Veilleux, vice-présidente, expérience client, de Logisco

De futures portées ?

Il y en a beaucoup pour les pitous, mais aussi pour les locataires eux-mêmes, qui auront accès à une salle d’entraînement équipée, à un salon commun avec coin détente, à un espace apéro avec table de billard ainsi qu’à une zone pour le télétravail. Parmi la centaine d’appartements proposés, on trouvera des deux et demie (loués pour environ 1100 $), des trois et demie (entre 1200 et 1500 $) et des quatre et demie (de 1600 $ à 2000 $). Le prix inclut un stationnement, l’air climatisé, l’internet sans fil et des casiers sécurisés.

« Ce n’est pas plus cher par rapport à nos autres immeubles, c’est ce que ça coûte de construire du neuf en 2023 », assure Mme Simard-Veilleux, qui précise que les commodités pour les animaux n’entraînent pas de surcoût – par rapport à la construction d’autres commodités communes, par exemple une piscine.

IMAGE FOURNIE PAR LOGISCO

Un aperçu de l’intérieur des appartements

Les futurs locataires pourront mettre la patte sur la réservation de ces logements dès août 2023, mais sachez qu’il y a du monde au portillon : le nombre de clients placés sur la liste d’attente est actuellement 10 fois plus grand qu’à l’accoutumée, signe d’un appétit réel. Le Muso fera-t-il donc des petits ? Logisco se dit encore en prototypage et attend d’obtenir les premiers résultats de ce coup d’essai, mais n’est pas fermé à l’idée de le déployer à grande échelle si le succès est au rendez-vous… dans la gamelle.

Consultez le site de Logisco

Bye bye, les animaux interdits dans le bail ?

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La SPCA aimerait voir disparaître les clauses de bail interdisant les animaux de compagnie.

Le bras de fer autour des clauses de bail interdisant les animaux de compagnie dans des appartements locatifs continue de faire rage au Québec. Récemment, la SPCA de Montréal est intervenue auprès du Tribunal administratif du logement dans le cadre d’un litige mettant aux prises une locataire et son propriétaire, en désaccord sur la validité d’une telle condition contractuelle. Parallèlement, un projet de loi visant à rendre sans effet ce type de clause dans les baux a été déposé à l’Assemblée nationale le 25 mai. Pour la SPCA de Montréal, la possibilité pour les locateurs de faire interdire les animaux est « abusive », contrevient à leur statut d’« êtres sensibles », favorise les abandons et porte atteinte à la vie privée. Certains regroupements de propriétaires, de leur côté, ne souhaitent pas voir la possibilité d’interdire les animaux dans les logements être balayée, craignant de devoir gérer des dégradations et des conflits entre locataires.